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OL-Saint Etienne: quand Bosz et Dupraz étaient coéquipiers à Toulon

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L’OL reçoit Saint-Etienne ce vendredi au Groupama Stadium en ouverture de la 22e journée de Ligue 1. L’occasion de retrouvailles entre Peter Bosz et Pascal Dupraz. Anciens coéquipiers à Toulon, les deux entraîneurs se font face en tant que rivaux sur les bancs des Gones et des Verts pour le 124e derby rhodanien. Pour RMC Sport, Rolland Courbis livre les souvenirs de cette saison 1988-1989 où il a eu les deux hommes sous ses ordres.

Le football donne parfois lieu à de belles retrouvailles entre des joueurs et leur ancienne équipe à l’occasion d’un duel riche en émotions. Parfois aussi, deux ex-coéquipiers se trouvent l’un en face de l’autre sur le terrain. Le cas de Peter Bosz et Pascal Dupraz est un peu moins fréquent. Partenaires sous le maillot du Sporting Club de Toulon lors de la saison 1988-1989, les deux hommes se livreront une grosse bataille depuis le banc de touche ce vendredi lors du 124e derby entre Lyon et Saint-Etienne. A l’inverse des supporters les plus véhéments, les deux entraîneurs s’apprécient et ont gardé le contact après leur aventure commune dans le Var. Mais lors de la 22e journée de Ligue 1, ils ne se feront pas de cadeau.

"Je ne sais pas si l’OL est en difficulté, ce ne sont pas mes oignons. Je sais que j’apprécie beaucoup l’entraîneur, il a été mon partenaire à Toulon, a lancé Pascal Dupraz à la veille de la rencontre. On s’est revus ensuite quand il entraînait aux Pays-Bas alors que j’étais directeur sportif. J’ai toujours plaisir à le rencontrer. J’aurai plaisir à le rencontrer. Mais bon… s’il peut être déçu à la fin du match, cela m’ira bien."

Bosz, un joueur "vraiment sympa" pour Dupraz

Arrivé en 1987 à Toulon, Pascal Dupraz y est resté pendant deux saisons. L’actuel entraîneur des Verts a donc pu accueillir le Néerlandais lors de son arrivée en France. Pour sa première expérience loin des Pays-Bas, Peter Bosz s’est parfaitement adapté à la cité varoise et a finalement gardé une bonne maîtrise du français après ses trois années en France.

"Quel souvenir sur Peter Bosz? Quelqu’un de charmant. C’était un garçon qui s’est très vite mis au français à l’époque. Un très bon joueur, dur, bon techniquement. Et puis vraiment sympa quoi. J’ai toujours eu plaisir à le revoir, a confié l’entraîneur stéphanois au sujet de son futur adversaire. Il m’a beaucoup conseillé aussi quand j’étais dans mon petit club. J’essayais d’être ingénieux comme on n’avait pas beaucoup d’argent et quand j’avais besoin de renseignements sur un joueur néerlandais j’appelais Peter. Il me donnait toujours de bons renseignements. Je n'ai jamais recruté de Néerlandais mais des Danois qui ont joué aux Pays-Bas. Là il m’avait bien rencardé."

Deux joueurs aux styles différents mais complémentaires

Réunis sous le maillot toulonnais, Pascal Dupraz et Peter Bosz obtiendront une 11e place en D1 et sortiront avec les honneurs de la Coupe de France face à l’OM de Jean-Pierre Papin, futur vainqueur. A leur manière et avec un style propre à chacun, les deux compères ont aidé l’équipe varoise à son honorable saison.

"On avait un vestiaire avec une très bonne ambiance, se souvient volontiers Rolland Courbis qui a entraîné les deux joueurs au Sporting. Peter Bosz c’était un peu l’étranger qui débarquait, pas seulement en France sinon dans une région particulière qu’est le Var et dans un endroit où on parle plus rugby que football."

Et le consultant RMC Sport de détailler ensuite les joueurs qu’étaient à l’époque les deux actuels coachs de Lyon et Saint-Etienne: "Pascal Dupraz c’était un numéro dix ou numéro onze, un genre de faux ailier gauche avec une bonne patte gauche, décrypte leur ancien entraîneur sur les bords de la Méditerranée. Et Peter Bosz c’était le gars stricte, clair, net et efficace. Il n’en rajoutait pas, ne faisait pas de gri-gri. Chez Dupraz on avait parfois quelques feintes de frappe ou des extérieurs. Ils étaient totalement différents."

Deux caractères bien trempés au service de l’équipe

Malgré deux styles de jeu diamétralement opposés, Peter Bosz et Pascal Dupraz partageaient une grosse envie de gagner et possédaient tous les deux un joli sens du dévouement pour le Sporting. Le club toulonnais possède alors une sacrée réputation en France d’équipe dure à manœuvrer et surtout dure à bouger avec des joueurs prêts à batailler ferme. Au sein de ce collectif, déjà bien au fait du pressing tout terrain, les deux joueurs étaient à la fois volontaires et généreux dans les efforts. "Sans être de grands joueurs, c’étaient de bons joueurs de Ligue 1", dixit Courbis. Des joueurs de devoir.

Et l’ancien entraîneur de Toulon, de Bordeaux ou de l’OM de préciser: "C’était important de voir le comportement d’un joueur aux entraînements et pas seulement dans les matchs. Pascal Dupraz et Peter Bosz faisaient partie des joueurs sérieux, se remémore encore Rolland Courbis. On avait une bonne ambiance, une bonne atmosphère. […] Ils faisaient partie des joueurs avec lesquels on pouvait prévoir des trucs sur le plan collectif. Ce qui n’est pas toujours le cas."

Une "évidence" de les voir entraîner

Chacun dans leur style et après une longue carrière de joueur, Pascal Dupraz et Peter Bosz sont ensuite devenus entraîneurs. Adversaire d’un soir ce vendredi, les deux techniciens semblaient comme destinés à prendre un jour place sur un banc de touche.

"Je ne suis pas surpris aujourd’hui d’avoir vu que leur carrière à évoluer vers le métier d’entraîneur après avoir été joueur. Vu les passionnés que c’étaient, le contraire m’aurait étonné, explique Coach Courbis. S’ils n’avaient pas fait entraîneurs, j’aurais été surpris." Le membre de la Dream Team RMC Sport voit même la reconversion de ses deux anciens protégés de Toulon "comme une évidence".

Malheur au vaincu lors du derby?

Mais voilà, ce vendredi les entraîneurs lyonnais et stéphanois devront mettre de côté leur amitié. Seulement onzième de Ligue 1, l’OL doit absolument l’emporter contre l’ASSE afin de se relancer dans la course à l’Europe. Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, Peter Bosz doit enchaîner les succès d’ici fin février afin de contenter Jean-Michel Aulas.

En face, Pascal Dupraz se retrouve aussi dans une situation critique avec les Verts. Dernière de L1 avec six longueurs de retard sur le premier non-relégable, l'ASSE vient d'enchaîner six revers consécutifs dans l'élite.

"Chacun a ses problèmes, ce sont deux entraîneurs avec des problèmes différents à régler, conclut Rolland Courbis. […] Ce vendredi Lyon est dans une position logique de favori et qui ne peut pas se permettre le moindre match nul contre l’ASSE. Saint-Etienne ferait un exploit en faisant match nul à Lyon."

Une nouvelle déroute dans le derby risque de porter un rude coup en vue du maintien pour Saint-Etienne. Au contraire, une belle performance des Verts ferait mal aux Gones. Si un match nul n’arrangerait personne sur le plan comptable, il permettrait aux deux anciens coéquipiers Peter Bosz et Pascal Dupraz de se quitter bons amis.

Jean-Guy Lebreton avec EJ