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JO 2022: comment et où se mettre au curling en France?

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Les Jeux olympiques de Pékin offrent une exposition fabuleuse pour le curling avec des horaires français en milieu de journée. L’occasion de faire naître des vocations. Encore faut-il franchir le cap et accéder aux infrastructures. RMC Sport vous explique comment se mettre à ce sport, trop peu connu en France.

Marseille a la pétanque, Lyon la boule lyonnaise, Paris le Mölkky… Et si ailleurs en France on se mettait au curling? La quinzaine olympique de Pékin touche bientôt à sa fin, cela signifie aussi la fin de la diffusion de la compétition de curling au milieu de la journée.

Si certaines épreuves n’ont pas bénéficié d’une immense médiatisation à cause des horaires nocturnes lors de ces JO 2022, le curling a capté la lumière grâce à des matchs en milieu de journée. Et non ce n’est pas simplement de la pétanque sur glace.

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A l’image des sports collectifs pendant les Jeux d’été, le curling aura les honneurs de durer jusqu’au bout du rendez-vous olympique avec les finales masculine et féminine organisées samedi et dimanche (exceptionnellement à 7h05 et 2h05). Si le public tricolore s’est enflammé pour Quentin Fillon Maillet et ses fantastiques médailles en biathlon, l’une des autres stars de ces Jeux est le curleur Matt Hamilton avec son look ultra-stylé.

"Je pense que la médiatisation autour des Jeux olympiques, c’est très bénéfique pour nous, explique pour RMC Sport Thierry Mercier, l’entraîneur de l’équipe de France de curling et consultant à la télévision depuis une vingtaine d’années. Quand on voit la mise en place d’une chaîne dédiée au curling 24/24h par Eurosport, il n’y a plus de problème de décalage horaire. C’est même exceptionnel pour nous et pour la Fédération."

Après avoir habitué le public au curling, il faut le convaincre de ne pas rester un téléspectateur pour devenir un adepte régulier. Car si la France n’a pas envoyé d’équipe aux JO depuis Vancouver en 2010, on peut le pratiquer toute l’année... mais malheureusement pas partout.

Des clubs un peu partout en France…

A l’inverse du ski alpin ou du ski de fond, pour lesquels c’est quand même mieux d’avoir accès à une montagne et à un domaine skiable important (même si les JO de Pékin ont montré que c’est possible avec de la neige artificielle), on peut faire du curling dans toute la France. C’est l’un des avantages de cette discipline: elle peut se pratiquer en intérieur et n’est donc pas soumise aux aléas de la météo ou du relief. C’est simple, on trouve des clubs de curling aux quatre coins de l’Hegaxone et qui sont placés dans le giron de la Fédération française des sports de glace (FFSG).

"En France, il y a une vingtaine de clubs en région parisienne, en Normandie, dans l’Est ou dans le Sud avec Marseille et Nice ou encore Valence, Lyon, les Alpes et Besançon, détaille encore Thierry Mercier. Le curling c’est assez national, enfin assez étendu pour la répartition. Cela joue un petit peu partout."

… mais trop peu de bonnes infrastructures

Sur le papier, il est dont assez facile de rejoindre un club de curling. Dans la pratique, c’est un peu plus compliqué pour s’y mettre. La faute à un manque d’infrastructures de qualité en France. Une problématique logistique que connaissent aussi bien les curleurs confirmés que les nouveaux pratiquants de cette discipline, qui compte environ 400 licenciés.

"Il y a beaucoup de clubs qui jouent dans les créneaux horaires des patinoires donc une fois que les hockeyeurs et le patinage sont passés, avance avec diplomatie Thierry Mercier. Il ne reste plus grand-chose au niveau des créneaux. C’est aussi pour cela que ces clubs ont du mal à recruter des juniors par exemple."

Et l’entraîneur de l’équipe de France de préciser: "En France on a trois pistes de curling à Pralognan-la-Vanoise, Saint-Gervais et Megève (trois cités alpines). Mais c’est pareil, ces pistes sont là et les curleurs qui n’ont pas de glace dédiée ne font pas spécialement l’effort de se déplacer pour pouvoir jouer sur une bonne glace."

Une halle de curling lors des JO 2022 à Pékin
Une halle de curling lors des JO 2022 à Pékin © Icon Sport

Arnaud, jeune encore (il aura bientôt 30 ans) et qui s’est mis au curling en 2021, est beaucoup plus critique sur l’accès aux patinoires et halles dédiées pour pratiquer cette discipline:

"Soit tu as une halle dédiée au curling. Là tu as de la glace qui est belle, qui est propre et sur laquelle on ne fait que du curling. Nous c’est là-bas que l’on va s’entraîner avec la Fédé, estime ce Parisien qui s’est mis au curling dans une équipe de quatre néo-licenciés. […] En France il n’y a que deux (trois, ndlr) et c’est pour cela qu’on va à Genève avec les stages de la fédération. Il y a un manque d’infrastructures. Sinon l’autre façon de faire du curling, parce que nous voulons en faire autour de Paris à Viry-Châtillon, c’est sur de la glace de patinoire. Cela peut ainsi être le cas à Viry-Châtillon ou à Louviers (dans l’Eure). Je pense que c’est aussi le cas à Nice ou à Colmar où il y a des clubs. Mais c’est de la glace qui est dégueulasse. C’est de la glace de patinoire, elle est bosselée. Les hockeyeurs viennent s’entraîner dessus et font parfois des put*** de trous. Certes il y a un surfaceur, dont c’est le métier, qui vient essayer de réparer la glace en repassant dessus mais il ne peut pas faire l’impossible non plus. En terme d’expérience et d’infrastructures, cela n’a rien à voir de jouer sur une glace de patinoire ou dans une halle dédiée au curling où personne d’autre ne vient la pourrir."

Trois halles de curling sur le site olympique des JO 2022 à Pékin
Trois halles de curling sur le site olympique des JO 2022 à Pékin © Icon Sport

Des stages avec l’équipe de France…en Suisse

Afin de compenser le manque de halles dédiées au curling ou de bonnes patinoires en France, la Fédération française organise plusieurs stages dans l’année... à Genève en Suisse.

"C’est pour cela que nous à la Fédération, depuis trois ans - deux ans si on retire l’année de Covid - on a instauré des stages à Genève. Il y a un stage par mois de septembre à avril. Les gens qui veulent performer, je peux les aider et leur donner des conseils, présente volontiers Thierry Mercier pour RMC Sport. Ceux qui veulent simplement jouer sur une glace de curling, ils viennent pour jouer sur une glace de curling. Tout club français a la possibilité de faire un week-end par mois sur une glace de curling. Après, les gens se déplacent ou pas."

Une solution choisie notamment par Arnaud et ses trois amis pour pratiquer leur nouvelle passion à l’envi: "Nous on est Français, on est licenciés dans un club français et on joue avec l’équipe de France lors des stages qu’elle organise avec la Fédé. Et pourtant ces stages ne se déroulent pas en France, lance le jeune licencié. Cela se déroule de l’autre côté de la frontière, à Genève. On est contents parce que cela nous permet d’avoir des infrastructures au top, je n’ai jamais vu une glace aussi bonne, mais cela demande des frais de train… Tous les mecs qui viennent de Louviers (en Normandie) ou de Nice… Tous les clubs se tapent le déplacement pour aller faire les stages."

Un coût abordable

Afin de profiter des infrastructures propres au curling en Suisse, il suffit donc de participer à ces stages avec l’entraîneur de l’équipe de France et sous l’égide de la Fédération. Pour dix sessions dans l’année, cela revient à 500 euros.

"Cela peut paraître cher mais cela ne l’est pas du tout. On fait dix stages et sur chacun de ces dix stages, on fait entre neuf et douze heures sur la glace, s’enthousiasme Arnaud. Cela fait pas loin de 120 heures de glace dans une halle dédiée au curling pour 500 euros". Donc à peine plus de 4 euros par heure sur une patinoire utilisée uniquement pour le curling.

Et ce joueur amateur de compléter: "Il y le coût d’entrée car cela implique des coûts de déplacement qui reviennent cher. Mais la licence dans un club, elle, n’est pas très chère."

Des pierres lors d'une partie de curling aux JO 2022 à Pékin
Des pierres lors d'une partie de curling aux JO 2022 à Pékin © Icon Sport

A cela, bien sûr, il faut encore compter un petit investissement pour s’équiper avec une paire de chaussures, des semelles spéciales et le célébrissime balai de curling. Bonne nouvelle, pas besoin de payer les pierres (huit par équipe donc seize en tout pour jouer). Et surtout pas besoin de transporter à chaque fois ces blocs en granit dont le poids oscille entre 17,46kg et 19,96 kg au maximum.

"Une paire de chaussure cela coûte environ 200€, le balai c’est 150€. Et puis après vous êtes bon pour au minimum cinq ans, souligne Thierry Mercier Cela n’a pas vraiment de coût. Le curling, c’est comme le sport en général. Cela coûte cher à partir du moment où on veut atteindre la compétition et le haut-niveau. Si on reste dans le loisir… Ce n’est pas un sport gratuit mais ce n’est pas cher."

Un sport accessible à toutes et tous

Pas encore convaincu par l'idée de se mettre au curling? Et si on vous disait que n’importe qui peut en faire? Pour cela, il suffit seulement de pouvoir lancer la pierre en direction de la maison (la cible au bout de la piste). Mais comme le rappelle Thierry Mercier, il faut oser: "Pour se mettre au curling, il faut déjà venir voir. Le curling c’est un sport merveilleux parce qu’il n’y a pas de rapport de force. On peut jouer en famille, on peut jouer entre hommes et femmes, confirmer l’entraîneur tricolore. Pour commencer il n’y a pas besoin d’une dimension physique exceptionnelle. Tout le monde peut jouer au curling. Après c’est aussi les gens qui veulent accrocher ou pas et là c’est à chaque club de vendre son truc."

Et le coach français de conclure: "C’est hyper convivial, c’est facile d’accès. On peut jour en jean. Quand je dis que l’on peut jouer en jean, ce n’est pas le top mais il n’y a pas besoin d’avoir beaucoup de matériel particulier comme au ski pour aller s’entraîner. C’est facile d’accès."

Arnaud, lui, pointe quand même le problème du nombre de pratiquants en France: "Si l’un du groupe de quatre fait défection on va devoir trouver parmi notre groupe de potes mais au-delà de cela, c’est compliqué de trouver des jeunes de notre âge qui font du curling." Cette fois il n’y a plus d’excuse pour ne pas se mettre au curling, il suffit d’oser. Et puis, si t’as pas d’amis: fais du curling.

Jean-Guy Lebreton Journaliste RMC Sport