Judo: Teddy Riner de retour dans le grand monde avec une pensée pour... 2028!

Tom Cruise, 60 ans, semble rajeunir à chaque nouvelle sortie sur les écrans. Dans Top Gun: Maverick, il est plus en forme que le rôle qui l’a fait accéder à la célébrité 35 ans plus tôt. Teddy Riner poursuit aussi cette cure de jouvence. À 33 ans, il poursuit toujours les mêmes rêves et dompte un corps toujours plus usé par 17 ans de haut niveau. La route vers un troisième titre olympique individuel est balisée par Budapest ce dimanche, là où il a conquis son neuvième or mondial.
Teddy Riner revient d’un stage en Espagne. Contrairement aux féminines, qui ont déclaré forfait pour avoir ramené du Covid dans la valise ce week-end, lui a rempli son cahier d’informations sur des nouvelles têtes: "C’était un très bon stage. Franck (Chambily, son coach, ndlr) et le staff sont très contents. On progresse. On n’est pas mécontent d’avoir pris l’option de voyager à l’international pour aller chercher l’opposition là où elle est. J’ai beaucoup fait avec les Chinois, ils ont trois beaux gabarits que je ne connaissais pas. J’ai pris un peu d’Allemands, un peu d’Espagnols. Aujourd’hui, je commence à avoir un petit carnet sympa en sachant qui je vais avoir sur l’olympiade".
Grimper pour se ménager une tête de série
Après le Brésil, où il a travaillé son sol, et la Croatie, c’est en Espagne qu’il a essayé de mettre en application son travail quotidien et notamment son travail de vitesse, sa grande force lors de ses années de domination. Quand on le taquine en lui disant que Usain Bolt a fini par aller moins vite avec l’âge, il répond en souriant: "Peut-être même que j’irai plus vite en vieillissant."
Teddy Riner ne laisse plus de temps mort d’ici Paris 2024, où il cherchera le troisième titre olympique individuel. Son corps ne crie pas. Avant Tokyo, il s’était blessé à un genou. Une pause bien enquiquinante sur le chemin du Japon. Pour l’instant, rien de notable à signaler, et plus important encore, le plaisir l’accompagne à chaque entraînement. Raison pour laquelle on le verra lors des Mondiaux mi-octobre en Ouzbékistan. Une première depuis 2017 à Marrakech, année où il avait enlevé son 10e sceptre planétaire.
En Hongrie, Teddy Riner ne rencontrera pas pour la première fois le jeune Tatsuru Saito, 20 ans, fils du double champion olympique Hitoshi Saito, retenu pour les Mondiaux. Le jeune homme de 170 kg s’est blessé à un genou au dernier jour d’un stage en Mongolie. Sur le tatami de la Papp László SportArena, Riner croisera le fer avec des garçons bien connus, comme le Brésilien Rafael Silva (5e mondial), le Géorgien Gela Zaalishvili (8e) ou l’Azerbaïdjanais Ushyangi Kokauri (9e). Intéressant pour une reprise où le Français peut rafler 1.000 points en cas de médaille d’or. Actuellement 17e mondial des plus de 100 kilos, le décuple champion du monde aimerait vite grimper pour se ménager un statut de tête de série. Il souhaite être "bien positionné, en haut du tableau" aux JO.
"Je risque d’aller jusqu’en 2028!"
Ce printemps, il a déjà ressorti le judogi de compétition à l’occasion des championnats de France par équipes remportés avec le Paris Saint-Germain. Trois combats et autant de victoires, avant la séquence pêche au gros ce week-end dans la capitale hongroise. Battu trois fois entre février 2020 et les JO, le colosse n’accorde plus autant d’importance aux défaites, lui qui a compilé 154 succès d’affilée entre 2010 et 2020. A deux ans du rendez-vous parisien au Grand Palais Ephémère, il ne parle que construction: "Aujourd’hui, il n’y a pas de stress. On est encore loin des Jeux, c’est vraiment de la préparation. Je ne vois pas l’enjeu. Ce n’est pas un championnat. Moi, ce que j’aime, ce sont les championnats. Ma mentalité, ma façon d’être, n’aime pas perdre. Mais aujourd’hui, avec mon âge et mon expérience, s’il y a bien quelque chose qu’il faut retenir, ce sont les JO. Ce qui arrivera avant n’est pas important. L’important, c’est de réussir aux JO, d’être bon, de ne pas laisser la moindre opportunité passer à côté".
Après Budapest, il fera un point sur sa programmation d’ici les Mondiaux. A priori, aucun nouveau tournoi ne sera ajouté, sauf si le besoin s’en fait sentir. À la place, Teddy Riner s’envolera pour le Japon avec quelques membres de la section omnisports du PSG et l’équipe professionnelle. Il devrait aller ferrailler dans l’une des universités du pays. Un moment important après plus de trois ans sans stage dans le berceau du Japon, alors que son passeport déborde de 50 tampons de l’immigration nipponne.
La flamme anime toujours le judoka guadeloupéen, toujours aussi avide de compléter sa collection de titres. Pour l’instant, les petits bobos qui ont constellé l’olympiade précédente semblent loin. À tel point qu’il claironne qu’il ira à Los Angeles 2028. Il aurait alors 39 ans: "Je risque d’aller jusqu’en 2028! Si ça continue comme ça, avec autant de plaisir et la santé, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais après les JO. Tant qu’il y a le plaisir, il n’y a pas de limite. Dépasser ses limites, aller chercher le maximum, ça fait partie de moi, ça ne change pas". Tom Cruise n’a qu’à bien se tenir.