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Affaire Agnel: les associations dénoncent "des environnements sportifs propices" aux abus sexuels

Mis en examen pour viol sur mineure de moins de 15 ans, Yannick Agnel se trouve au cœur d’une affaire à part dans le milieu du sport en raison de son déroulé dans le cadre privé. Au micro de BFMTV, deux associations d’aide aux victimes ont expliqué comment lutter contre les violences sexuelles commises dans le cadre sportif.

L’affaire Agnel secoue la France depuis près d’une semaine. Placé en garde à vue puis mis en examen pour viol sur mineure de moins de 15 ans, le double champion olympique de natation se trouve dans la tourmente. A l’heure où la Fédération française de natation et son président Gilles Sézionale souhaitent se porter partie civile dans cette triste histoire, les associations d’aide aux victimes continuer de se battre pour la médiatisation des affaires afin de faire de la prévention. Invités de BFMTV ce mardi, deux membres de ces organisations ont expliqué en quoi le cas Agnel était à part dans le sport.

"J’ai plus connaissance d’affaires dans lesquelles ce sont des entraîneurs qui sont mis en cause. Effectivement, là ce sont des environnements propices à la commission de ces infractions car ce sont des enfants qui ne sont pas accompagnés de leurs parents et qu’un climat de confiance s’instaure avec l’entraîneur auquel on confie ses enfants, a indiqué Nathalie Bucquet, avocate de l’association "Innocence en danger", un mouvement mondial de protection des enfants contre toutes formes de violences notamment sexuelles. Effectivement, notamment à l’occasion des compétitions, il peut y avoir des moments où les enfants sont avec ces entraîneurs. A ces occasions-là, malheureusement il peut y avoir une agression de ces enfants qui sont dépourvus de la protection de leurs parents."

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Un vrai risque sur les compétitions et stages

Accusé de viols et d'agressions sexuelles sur la fille de Lionel Horter, alors âgée de 13 ans en 2016, Yannick Agnel en aurait ainsi été l’auteur à la fois au domicile de son entraîneur et pendant des stages ou compétitions à l’étranger. Une terrible réalité trop bien connue par Fabien Lefevre, responsable territorial de l’association "Colosse aux pieds d'argile" dont les missions sont la sensibilisation et la formation aux risques de violences sexuelles en milieu sportif.

"Clairement nous dans les affaires que l’on va accompagner ce sont celles-ci. Il y a soit ces accompagnements-là soit des nuitées durant des stages ou des tournois, a estimé le représentant de l’association auprès de BFMTV. Dans la majorité des affaires que l’on va accompagner ce sont des éducateurs ou entraîneurs qui vont profiter de ces moments-là."

Les familles plus vigilantes qu'avant

Les associations d’aide aux victimes de violences sexuelles expliquent néanmoins avoir observé une amélioration ces dernières années. Du fait de la médiatisation des affaires, les familles se montrent plus vigilantes et laissent moins leurs enfants avec les éducateurs ou entraîneurs.

"Ce que l’on observe, si on remonte sur plusieurs années, il y avait cette confiance aveugle que l’on pouvait accorder aux entraîneurs ou dans les espaces de sport, a encore confié Nathalie Bucquet. […] On a observé que sur une dizaine ou une quinzaine d’années, les enfants pouvaient au début aller dormir chez cet entraîneur sans que cela ne pose aucune difficulté parce qu’on ne pensait pas à ces questions. Plus on a avancé dans le temps et la médiatisation de ces affaires et plus ces enfants n’allaient plus dormir chez l’entraîneur parce que l’on trouvait cela suspect tout d’un coup."

Malgré un mieux, Fabien Lefevre a lui appelé à ne pas relâcher les efforts, en particulier sur la prévention.

"Les parents doivent être exigeants, les éducateurs et les jeunes aussi. Au final c’est notre mission de faire de la prévention et de la formation à destination de tout ce public, a conclu le responsable territorial de l’association "Colosse aux pieds d'argile". Pour pouvoir être effectivement plus vigilant, il faut connaître toute ces formes de violence et notamment les violences sexuelles qui sont parfois méconnues pour les jeunes qui sont plus vulnérables par rapport à ce sujet-là."

JGL