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Mondiaux de natation: records, lactate et embouteillages... La folle soirée de Léon Marchand

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Le nouveau phénomène de la natation français Léon Marchand a connu une grosse soirée ce mardi lors des Mondiaux de natation à Budapest (Hongrie). Le nageur de 20 ans a pris l'argent sur 200m papillon avant de rejoindre la finale du 200m 4 nages en battant au passage deux records de France. Le tout en 51 minutes.

Il en a des étoiles plein les yeux. "Je vous l’avais dit que j’étais très excité par cet enchainement, lance Léon Marchand en débarquant derrière les micros ce mardi aux Mondiaux de natation à Budapest. Parce que cela fait plus d’émotions dans la même après-midi tout simplement. Si je pouvais en faire six, j’en ferais six!"

En 51 minutes ce mardi soir, Léon Marchand a remporté la médaille d’argent sur le 200m papillon, s’est qualifié pour la finale du 200m 4 nages en écrasant la concurrence et a fait tomber deux nouveaux records de France. Récit d’une soirée préparée au millimètre et qui s’est parfaitement déroulée pour le nouveau phénomène de la natation française.

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18h58, finale du 200m papillon

Léon Marchand s’élance pour le premier morceau de sa soirée hongroise, la finale du 200m papillon. Sans stress. "Il était vraiment détendu, détaille son entraîneur Bob Bowman. Son bus par exemple pour venir à la piscine avait 20 minutes de retard à cause des embouteillages. Il n’y a même pas fait attention. Il était, comment on dit ? (il prononce en français) Nonchalant…"

La piscine de la Duna Arena à Budapest est en ébullition pour le héros local Kristof Milak. "C’était franchement génial, lance le Toulousain dans un éclat de rire. Quand Kristof est rentré dans le bassin j’ai eu l’impression d’être au foot." Premier plongeon de la soirée et 1'53''37 plus tard il touche le mur en deuxième position, loin de l’intouchable Hongrois qui améliore son record du monde (1'50''34). Pour Léon Marchand c’est une médaille et un nouveau record de France battu. Après avoir effacé des tablettes Franck Esposito et le plus vieux record de France lundi en demi-finales, il rejoint l’Antibois au palmarès avec une médaille d’argent sur la distance (argent en 1998 pour Esposito). "Je vous l’ai déjà dit, mais Franck c’est un dieu pour moi. Il nageait à l’époque de mon père et il a inspiré beaucoup de papillonneurs", avance encore le nouveau champion du monde du 400m 4 nages.

A la sortie de l’eau, Léon Marchand zappe comme prévu la case médias. "On avait déjà notre plan en tête donc c’était plus facile d’être concentré sur chaque course, explique après coup le Toulousain. Je suis sorti du 200m papillon, je suis allé directement récupérer. Après je suis allé directement m’habiller pour le podium."

Denis Auguin, le directeur de l’équipe de France et ancien entraîneur du champion olympique du 100m à Pékin Alain Bernard, oreillette reliée à tout le staff tricolore, va suivre toute la soirée de Léon Marchand. "C’était très calme, vraiment très très calme avec un timing respecté, tout était prévu… Très professionnel. Et comme dit Bob, la plus belle médaille c’est la suivante. Dès que la course est finie on se projette sur la suivante et on y arrive d’autant mieux si on y est préparé. Cela s’est passé assez simplement. Il a fait sa récupération, sa prise de lactate (test qui avec le prélèvement d’une goutte de sang sur le doigt permet de mesurer le niveau de fatigue), et ainsi de suite. Tout est parfaitement rodé finalement."

19h33, le podium du 200m papillon

C’est presque le moment le plus délicat à gérer de la soirée pour Léon Marchand. "C’était compliqué de rester concentré sur le podium. Surtout qu’il y avait toute la piscine qui criait... enchaîne le principal intéressé. C’était vraiment cool, j’en ai bien profité. Mais j’avais l’autre côté de moi-même qui me disais maintenant je dois me qualifier pour la finale du 200m 4 nages." Six minutes passées sur l’estrade qui surplombe la piscine, à l’opposé de la chambre d’appel où les nageurs sont réunis avant leur finale.

Comme convenu avec la fédération internationale, il zappe les traditionnelles photos d’après podium au bord du bassin pour rejoindre directement la chambre d’appel par un couloir sous les tribunes qui longe le bâtiment. "On m’a accompagné, se rappelle Léon Marchand. J’ai fait tout le tour et je suis arrivé en chambre d’appel directement. J’ai eu cinq minutes et c’était parti!"

Il est suivi par Bob Bowman et Denis Auguin se tient prêt. "Il avait ses bonnets et ses lunettes, et nous on avait une paire de lunettes et un bonnet en double au cas ou ça casse ou qu’il les perde, détaille le technicien français. Parce que lundi il a quand même perdu son accréditation le jeune homme (rire). On l’a retrouvée à la piscine par terre… Comme quoi on peut encore progresser! Mais c’est marrant, Bob m’a dit que Phelps avait fait la même chose et Alain avait fait la même chose après la finale du 100m nage libre à Pékin… On en a rigolé."

19h49, la demi-finale du 200m 4 nages

Ce mardi matin en série, Léon Marchand a eu la bonne idée de terminer huitième, donc un chiffre pair, ce qui lui permettait d’être dans la deuxième demi-finale, avec donc environ six minutes de plus pour récupérer et se préparer. Physiquement, le Toulousain s'est déjà remis de ses efforts. La différence entre le test de lactate à l’issue de sa première course et avant de prendre la direction du podium le prouve. "Il était à 1,2 ou 1,3 de lactate, c’est-à-dire presque 0, comme quelqu’un qui marche tranquillement dans la rue, explique Auguin. C’est un garçon qui a une faculté de récupération qui est hors norme. Clairement. La vitesse à laquelle il récupère est vraiment intéressante."

Depuis le début de la soirée, Bob Bowman n’est jamais loin de son poulain. "C’est pour ça que je suis là! C’était nécessaire ici de le guider, de diriger sa concentration. Faire attention à ceci, qu’est-ce qui est important maintenant. Après se concentrer sur ça… ce genre de choses."

Léon Marchand lors des Mondiaux de natation à Budapest en juin 2022
Léon Marchand lors des Mondiaux de natation à Budapest en juin 2022 © Icon Sport

Dans sa ligne numéro 2, Léon Marchand va dynamiter les demi-finales. En 1'55''75 il améliore son propre record de France de une seconde et deux dixièmes. Et va coller 69 centièmes au deuxième l’Américain Carson Foster qui a terminé en argent derrière le français sur le 400m 4 nages. "Il en était totalement capable, assure Bowman. Il a un super mental pour ça et quand vous avez ce mental et la préparation physique qu’il a eue, vous pouvez le faire. Il a été parfait. Il était calme, il a fait les choses les unes après les autres. Il a mis l’énergie où il devait la mettre, ne pas se disperser là où il ne doit pas et y aller avec du détachement."

Le plus fatigué de la soirée n’était pas forcément Léon Marchand. Une fois le double médaillé mondial exfiltré de la zone mixte où seules cinq minutes étaient autorisées par Bowman et le staff, Denis Auguin pose l’oreillette, souffle, et tente de mettre des mots sur ce qu’a fait Léon Marchand. "Ce qui m’épate, ce sont les performances bien sûr, l’enchaînement des courses bien sûr, mais c’est surtout la maîtrise dont il fait preuve à chaque fois. C’est quelque chose d’assez incroyable pour quelqu’un qui émerge."

Sac sur le dos, avant de rentrer à l’hôtel, Bob Bowman se réjouit de cette journée parfaite. "C’est une journée très importante. Parce qu’il a appris aujourd’hui quand utiliser de l’énergie et quand il ne faut pas. Il a vu comment ça se passe entre les deux courses, à quoi ça ressemble. Il a compris comment rester focus malgré l’environnement, les gens qui vous posent des questions. Je pense que toutes ces choses lui seront bénéfiques sur le chemin vers Paris." Avec dès ce mercredi la finale du 200m 4 nages et encore une nouvelle chose à apprendre en vue des Jeux olympiques de Paris: être le grand favori d’une finale mondiale.

Le programme de mercredi aux Mondiaux de Budapest

- Séries à partir de 9h

100m nl dames avec Charlotte Bonnet et Marie Wattel

200m dos messieurs avec Yohann Ndoye-Brouard et Mewen Tomac

200m brasse dames

200m brasse messieurs avec Antoine Viquerat

Relais 4X200m dames

- Finales et demi-finales à partir de 18h

18h02: Finale 200m papillon dames

18h11: demi-finales 100m nl dames avec potentiellement Charlotte Bonnet et Marie Wattel

18h21: Finale 100m nl messieurs avec Maxime Grousset

18h30: Finale 50m dos dames avec Analia Pigrée

18h45: demi-finales 200m brasse messieurs avec potentiellement Antoine Viquerat

19h06: Finale 200m 4n messieurs avec Léon Marchand

19h22: demi-finales 200m brasse dames

19h36: demi-finales 200m dos messieurs avec potentiellement Yohann Ndoye-Brouard et Mewen Tomac

19h50: Finale relais 4X200m nl dames

Julien Richard, à Budapest