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Natation: "Faire mon meilleur temps de la saison", Florent Manaudou en confiance avant les Mondiaux de Fukuoka

Florent Manaudou à Rennes, 15 juin 2023.

Florent Manaudou à Rennes, 15 juin 2023. - AFP

A l'occasion des Mondiaux de Fukuoka (Japon), Florent Manaudou, capitaine de l'équipe de France a pour objectif de décrocher son meilleur temps sur 50 m depuis 2019, date de son retour. Il croit également aux bonnes performances des relais français.

Comment vous sentez-vous depuis les Championnats de France ?

Je me sens plutôt bien. Les quatre-cinq semaines depuis les Championnats de France se sont bien passées à l’entraînement. Comme tous mes coéquipiers, on a hâte que ça commence demain (dimanche). Ça va être sympa. On avait très bien commencé l’année dernière (or pour Léon Marchand sur 400 quatre nages). Il y a des relais à qualifier aux Jeux, c’est assez important. On va axer cette compétition, déjà sur les qualifs dans les relais, et aller nager le plus vite possible en individuel.

Est-ce que Rennes a été un bon marqueur de ce que vous vouliez faire ?

On ne réalise jamais à 100% ce qu’on veut. C’est sûr que j’ai nagé vite à Rennes mais j’aurais préféré nager plus vite en finale qu’en séries. Il y a des petites choses qui n’ont pas été parfaites. L’essentiel était de se qualifier ici en n’étant pas à 100%. Je pense que je serais un petit peu meilleur ici. Avec l’expérience des Championnats de France et des belles courses qui vont vite, ça peut aller un peu plus vite ici.

Qu’est-ce qui a changé entre l’été dernier à Budapest et aujourd’hui ?

Je me suis entraîné, un peu (rire). L’année dernière, je ne me suis pas trop entraîné. Ce n’est pas que je ne m’étais pas entraîné mais je m’étais pris une année un peu à moitié. C’était un process important de pouvoir relâché un peu la pression et de trouver ses marques dans un nouvelle environnement. C’était une année différente. Là, je me suis très bien entraîné, j’ai beaucoup plus de confiance, de sérénité dans ce que j’ai fait, de sérénité dans ce que je peux faire. Ça va être agréable de voir ce que ça peut donner avec une étape en plus.

Vous êtes capitaine de l’équipe de France. Quels ont été vos mots pour votre équipe ? Quelle est l’ambiance ?

Je n’ai pas encore eu de mots, c’est Charlotte (Bonnet qui remplace Mélanie Henique) qui a parlé hier soir (vendredi) pendant la réunion. Ça se passe plutôt bien. Je trouve que l’équipe de France vit de mieux en mieux ensemble. J’ai rarement vu, notamment sur des temps hors entraînement, des nageurs qui s’entendent aussi bien. Lors des dix années voire un peu plus en équipe de France, il y avait souvent, pas des clans parce que je n’aime pas ce mot-là, mais on mangeait par exemple avec les gens de son club et là, ce n’est vraiment pas le cas.

On s’assoit avec tout le monde, tout le monde se parle, c’est assez agréable de vivre comme ça. Le fait d’avoir beaucoup de moments entre nous tout au long de l’année comme les stages en début de saison, les stages en janvier, fait qu’il y a une super symbiose. C’est génial de voir ça.

Votre course a lieu dans une semaine. Comment allez-vous gérer cette semaine ? James Gibson qui est là pour la Fédération internationale va-t-il intervenir ?

Ça va être assez nouveau. C’est dur de dire comment ça va se passer exactement. J’ai la chance d’avoir James et Quentin (Coton, son entraîneur à Antibes) avec moi. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un coach ici, moi j’ai la chance d’avoir mes deux coaches. Sur les deux-trois séances que j’ai faites depuis qu’on est arrivés, ça s’est bien passé. Même si c’est James qui m’envoie le plan et les séances, il laisse la place à Quentin qui est au quotidien avec moi et qui me connaît très bien.

Ça s’est fait assez naturellement. Hier (vendredi), il y avait par exemple une prise de temps et à aucun moment, James n’a pris le chrono. C’était Quentin. Je trouve ça bien que tout le monde s’entende bien dans mon propre staff. James a aussi Ben (Proud) à coacher. Ça va bien se passer. Il va pouvoir intervenir à certains moments avec certains mots. Sur toute la logistique, on ne changera rien de ce qu’on fait avec Quentin.

A Rennes, vous aviez signé un bon chrono sur 100 m. Quels relais comptez-vous faire dans la semaine ?

Comme Max (Maxime Grousset), je ne vais pas faire le 4x200 (sourire). Je voulais faire un 100 m à Rennes, histoire de voir où j’en étais et où je pouvais aider mes collègues sur plusieurs relais. J’ai, heureusement ou malheureusement on verra à la fin de la semaine (rires), nager vite. Ça peut permettre à certains relais de faire des médailles, je pense que le 4x100 mixte et le 4x100 quatre nages messieurs. Le 4x100 crawl, ça va être très compliqué de faire une médaille, il faudra être dans les huit pour le qualifier aux Jeux. Le 4x100 crawl mixte, ça va être sympa aussi. On verra les résultats du 4x100 messieurs.

On peut avoir deux filles et deux garçons très solides, pourquoi les jouer avec les autres nations ? Le 4x100 quatre nages est toujours un peu, pas le loto, mais il y a déjà eu six jours de compétition, il y a des nations qui sont fatiguées, des athlètes médaillés qui ont des suppléments d’âme, d’autres qui ont connu beaucoup de déception et qui vont nager beaucoup moins vite. On ne sait pas vraiment comment ça va se gérer ce 4x100 quatre nages. Nous, on a aussi beaucoup d’options. Ça va être sympa. On dit souvent que les relais sont la force d’une nation. Je pense qu’on peut faire quelques médailles sur quelques relais. J’ai hâte de voir.

Mercredi, nous serons à un an des JO, êtes-vous sensible à cette date symbolique ?

Oui et non. On se focalise beaucoup sur les Championnats du monde. On s’est tous entraînés pour être très rapides ici sans forcément penser aux JO. Comme l’a dit un membre du staff hier, pour déclencher quelque chose, c’est cette année. Il ne faudra pas attendre octobre, janvier ou mars pour commencer à penser aux Jeux. C’est la dernière « répétition » avec des gens de très haut niveau et en pleine forme avant les Jeux. C’est important de prendre des points de confiance pour toute l’équipe. Il y a une symbolique parce que les Jeux sont à Paris et qu’on en parle beaucoup. Il faut d’abord qu’on soit très rapide ici pour avoir confiance en nous, en l'équipe, pour l'année prochaine.

Au-delà de la médaille, qu’est-ce qui vous fait rêver ?

C’est de faire une grande compétition internationale de natation sur le sol français. En douze ans d’équipe de France, je n'ai connu qu’une compétition internationale, les championnats d’Europe petit bassin à Chartres en 2012. Ça date un peu. La plupart des nageurs de l’équipe n’ont pas connu de compétitions internationales sur le sol français. C’est quelque chose de différent, d’excitant qui peut nous donner ce petit supplément d’âme. C’est ça qui me fait rêver au-delà du résultat : pouvoir partager avec le public français qui ne nous voit pas souvent nager sur notre sol.

Qu’attendez-vous de ce 50 m ?

Depuis que j’ai recommencé, je n’ai pas eu de compétitions « normales » parce qu’à Tokyo, c’était sur trois jours. Ici, deux jours, un vendredi, un samedi, il faut passer les tours, être en finale. Une fois en finale, essayer de nager vite comme tous les nageurs. J’aimerais bien nager un peu plus vite qu’aux Championnats de France et du coup qu’aux Jeux parce qu’il n’y a pas beaucoup de centièmes entre les deux. J’ai évidemment des objectifs de temps mais je pense que je nagerais plus vite l’année prochaine. Je l’espère. Nager moins de 21’’5 serait déjà bien ici, faire mon meilleur temps de la saison et depuis mon retour en 2019. Et puis claquer quelques 47 en relais, ça serait bien (sourire).

Propos recueillis par Julien Richard, à Fukuoka (Japon)