
Emile Ntamack allume le XV de France, dont son fils fait partie, et Bastareaud
Emile Ntamack ne fait pas dans la langue de bois. Encore plus quand il s'adresse aux média étrangers. La légende du stade Toulousain a accordé une interview fleuve au Daily Mail. Et il a sorti le pistolet pour tirer à vue. L'ex-trois-quarts international français (46 sélections) commence son propos en effectuant un parallèle osé entre la société et le sport. "Pendant dix mois en France, nous avons eu les gilets jaunes qui cassaient tout, bloquaient tout. Chaque samedi, vous ne pouviez plus mettre un pied dans la rue. Qu'est-ce que ça a changé ? Rien. Eh bien, c'est la même chose pour le rugby français", pose d'entrée Emile Ntamack.
Les trois victoires des Bleus durant ce Mondial ne changent pas l'avis de l'homme de 49 ans. "Les problèmes reviennent toujours après les accalmies. Pareil pour le rugby français. Ce ne sont pas une ou deux victoires au Japon qui vont changer les choses en profondeur. Les mêmes problèmes vont revenir", explique-t-il avant d'étayer ses dires en dédouanant le sélectionneur.
"En France, on ne comprend pas qui décide de quoi"
"Le problème, ce n'est pas Brunel. Le problème, c'est de savoir qui décide dans cette équipe. Il y a 16 personnes dans le staff. Chacun parle aux joueurs mais qui est le chef ? En Angleterre, c'est Eddie Jones qui décide de tout. Peut-être que, parfois, il se trompe, mais il décide quand même. En France, on ne comprend pas bien qui décide de quoi. Il y a Brunel aujourd'hui, Galthié pour demain mais qui est déjà là. Alors, qui commande pendant cette Coupe du monde ? On ne sait pas", s'interroge Emile Ntamack.
Le french flair remis en question
Après avoir égratigné le staff, l'ancien arrière a critiqué l'environnement du XV de France en prenant l'exemple de la titularisation de son fils, Romain Ntamack, contre l'Argentine au poste d'ouvreur. "Nous sommes prisonniers de notre culture. Nous ne donnons pas assez de temps au talent. Quand ils ont choisi de titulariser Romain pour affronter l'Argentine, tout le monde a dit qu'il était trop jeune. Comme lui, nous avons des joueurs de grand talent en France. Mais leur laisse-t-on le temps et la confiance du collectif pour s'épanouir ? Non", critique le meilleur joueur français de la première division en 1995.
Emile Ntamack a également tenu à remettre en cause le fameux french flair et cette envie de mettre le jeu au centre des débats. "Avec ce french flair, nous vivons trop dans le passé. La vérité ? L’Écosse, l'Australie, le pays de Galles, l'Irlande, l'Argentine ont tous une part en eux de french flair. Je peux en voir partout sauf en France !", se lamente-t-il.
Le symbole Bastaraud attaqué
Pour finir, le vice-champion du monde 1999 a visé le symbole Mathieu Bastareaud, non retenu pour cette Coupe du monde, pour illustrer cette perte d'identité. "C'est difficile, pour moi, de parler de Mathieu car il a connu sa première sélection alors que je faisais partie du staff de l'équipe de France, explique Emile Ntamack. Il était le symbole d'une génération émergente mais, aussi, un joueur qui devait encore faire de gros efforts. En 2009, il a commencé à grossir. Je lui ai dit : « Mathieu, tu as trois mois pour perdre quatre kilos. C'est ton challenge pour rester en équipe de France. » Il est revenu avec deux kilos de plus..."
"C'est un centre mais à ce poste, la seule puissance ne peut pas suffire. Il survit en Top 14 mais vous ne pouvez plus avoir ce seul profil dans le rugby international. Et malgré tout, ils en ont fait leur capitaine. Je ne veux pas m'attaquer au joueur mais au symbole. Bastareaud en tant que capitaine de l'équipe de France ? C'est ça notre rugby ? Notre philosophie ? Dans le passé, vous rêviez de Serge Blanco, Philippe Sella, Philippe Saint-André, Christophe Dominici... Ils étaient nos symboles. Est-ce que Bastareaud peut être le symbole du rugby que vous souhaitez pour vos enfants ? Je ne crois pas", tranche Emile Ntamack avec sévérité, mais de manière argumentée.