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XV de France: comment Galthié et son staff préparent les tests d’automne

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A un peu plus de trois semaines du rassemblement des Bleus pour la tournée d’automne, le staff de Fabien Galthié a passé une partie de la semaine au CREPS de Toulouse, avec des jeunes venus des pôles espoirs et des U20 d’un large sud-ouest. Entre cette mise en route et la tournée dans les clubs du Top 14, l’encadrement a l’esprit tourné vers novembre qui verra notamment la venue des All Blacks en France.

"Ta cuisse doit être perpendiculaire au sol. Et sors tes pecs, sois fier!" En s’adressant à ce jeune talonneur, qui semble bien encadré par ses piliers en position de mêlée, la question de savoir si William Servat, l’entraîneur en charge de la conquête des Bleus, s’adresse de la même façon aux Marchand, Chat ou Bourgarit nous taraude. "On est avec des jeunes qui connaissent moins ce que l’on pratique, mais après, au niveau du contenu, oui c’est sensiblement la même chose." A épier les détails des liaisons entre avants, la position des corps, pour faire basculer cette force collective, on mesure la mécanique de haute précision que travaillent les avants français.

Dans un peu plus de trois semaines, ils seront à Marcoussis pour préparer le triptyque de l’automne (Argentine, Géorgie, Nouvelle-Zélande). Alors comme ils l’avaient fait à Sabres, dans les Landes, l’an passé, Galthié et son staff "s’entraînent à entraîner" comme le voulait la formule, durant trois jours au CREPS de Toulouse, avec des U18 et U20, pleins d’énergie mais parfois aussi de pression d’être sous les ordres de du staff des Bleus. Car le mimétisme est total : vidéos sur rétroprojecteur, consignes détaillées, tout part d’un briefing avant l’entraînement où le sélectionneur va jusqu’à rappeler les fondamentaux de la concentration préexercices.

"On répète toujours les mêmes choses, on répète, martèle Galthié. Acquérir des réflexes, c’est répéter. Ce qu’on répète, c’est la recherche d’espaces. Devant la défense, et derrière. Et mettez de l’énergie. Tout le temps, partout". "Côté attaque, en préambule, Laurent Labit, co-entraîneur responsable de ce secteur, vient décortiquer l’essai de Vakatawa en novembre dernier en Ecosse, à la suite d’une percée de Rattez, servi intérieur par Fickou. "En face, regardez Ali Price, qui est obnubilé par le fait de suivre Antoine Dupont, explique Labit. Il en oublie l’ailier venu de l’intérieur. Résultat, les autres sont sur les talons en défense et avec la puissance et la vitesse en face, c’est impossible pour eux."

"On va entraîner en Fédérale 2, Fédérale 3, ou avec les féminines"

Dernière consignes de l’ancien arbitre Jérôme Garcès, qui a intégré le staff à plein temps, images à l’appui, "attention à la ligne de hors-jeu ! Plus de 60 % de nos pénalités en Australie sur les trois tests viennent de là." Direction le terrain. Echauffement sur du « chesting », cette attitude au sol pour gagner du temps sur la libération de la balle et les ateliers se forment. Jeu de ligne, touches, mêlées, tout va vite, sans perte de temps. On voit même des jeunes sprinter quand ils remplacent leurs collègues lors de l’opposition. "Ce qui est important de voir, ce sont les articulations et les changements de joueurs, dit William Servat, co-entraîneur. Quand Fabien m’envoie des mecs dans l’en-but et d’autres sont sur le terrain, on essaie de simplement optimiser le temps de travail."

Et retrouver la pratique après des semaines sans entraîner après la tournée en Australie en juillet. Parfois même, ces hommes sont séparés, aux quatre coins de la France sur les terrains. "On va entraîner en Fédérale 2, Fédérale 3, ça peut être avec les féminines précise Karim Ghezal, co-entraîneur en charge de la conquête. On essaie de se faire la main et pour nous, l’équipe de France ce n’est pas que le Top 14. On représente tous les clubs. Donc quand on a l’opportunité… personnellement, j’ai été à Saint-Raphaël, à Annecy. Et c’est pareil pour les autres coachs."

Le staff des Bleus partage le reste de sa « flèche du temps », chère à Fabien Galthié, en deux chapitres. D’abord, la visite dans les clubs du Top 14. Montpellier, Clermont, Toulouse et les autres reçoivent non seulement la visite des entraîneurs nationaux mais partagent quasiment tout avec eux. "On a fait l’intégralité des clubs abonde Servat. Quant a la chance de participer à l’entraînement de la mêlée de La Rochelle, de la mêlée de Clermont, quand on est sur les phases de jeu où on échange avec tous les coachs, comme je l’ai fait avec Dato Zirakashvili à l’ASM avec qui on a la même conception de la mêlée, je pense que c’est un enrichissement mutuel et tout le monde se nourrit de tout le monde."

Les joueurs classés de un à quatre par poste

Le staff a toutes les données physiologiques des joueurs en direct et fixent des objectifs physiques sur quatre semaines. "On sait qui est en forme ou qui ne l’est pas", explique Thibault Giroud, le directeur de la performance. Et pour finir, ce petit monde se réunit quasiment tous les lundis à Marcoussis (lundi prochain, ce sera exceptionnellement à Biarritz), pour analyser et débattre de la future liste des tests d’automne, laquelle devrait tomber à la mi-octobre (le 18 ?). Tous les matchs de Top 14 y sont décortiqués, les entraîneurs débattent et constituent même leur liste chaque semaine. "On travaille chaque semaine sur un ranking du 1 au 4 sur chaque poste explique Karim Ghezal. on discute, on échange. Si bien que, quand le moment de la liste va arriver, d’ici quinze jours ou trois semaines, et bien ce travail-là se fera naturellement."

François Cros a-t-il détrôné un 3e ligne le week-end dernier ? Qui de Matthieu Jalibert ou Romain Ntamack est devant ? Melvyn Jaminet va-t-il bousculer la hiérarchie des arrières ? Eux le savent, mais le secret est pour le moment bien gardé. Seulement, à deux ans de la Coupe du monde en France, il est maintenant urgent de gagner non plus des matchs, mais des compétitions. Laurent Labit en est conscient : "Cela fait partie de cette maturité collective et cette expérience collective que l’on recherche. Ça va passer par des résultats. Et c’est ce qu’on a dit aux joueurs. Il faut qu’on change de caractère, qu’on affiche nos ambitions. Pas avoir de honte à dire qu’on va chercher à gagner. Il faut qu’on se donne les moyens d’être sur la ligne de départ pour gagner les deux Tournois qu’il nous reste, pour aller vers 2023."

WT