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XV de France: "Il m'a demandé de continuer quoi qu'il arrive", Galthié va rester malgré la mise en retrait de Laporte

En visite ce mardi à Belvès, en Dordogne, pour animer l’entraînement de l’équipe amateur, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié s’est ensuite longuement posé face à la presse pour évoquer l’actualité du rugby hexagonal en cette année de Coupe du monde: les ennuis judiciaires de son président Bernard Laporte, l’image du rugby, la non-venue de Pierre Mignoni, les joueurs suivis et le point sur les nombreuses blessures des internationaux qui l’inquiètent. Plutôt bavard, il a lui-même insisté pour répondre à toutes les questions.  

La défense du titre lors du tournoi des VI Nations

Fabien Galthié: "C’est ce qu’on voulait. On a défini des objectifs. Gagner vite des matchs, des titres et redevenir une grande nation du rugby mondial. Ce tournoi, on va apporter un challenge à rééditer, celui qu’on a fait l’an dernier. Le premier Tournoi, nous avons fini premiers à égalité, le deuxième à la deuxième place, et là, nous avons gagné."

Les pépins physiques actuels des internationaux

"C’est clair qu’on surveille de près l’état physique car un joueur blessé ne pourra pas défendre ses chances. Jonathan Danty, on a des doutes sur un croisé antérieur. Au poste de centre, Arthur Vincent est blessé, Vakatawa a arrêté… c’est un poste fragilisé. Gabin Villière, ça risque d’être juste, mais on le suit. François Cros est en phase de reprise, Jean-Baptiste Gros aussi. Il ne sera pas prêt pour le début du Tournoi. On a des doutes sur Bourgarit. On parle croisé postérieur. Uini Atonio s’est blessé, mais on a de bonnes nouvelles. Il devrait être disponible pour Capbreton. Damian Penaud, c’est une déchirure degré 1, dix jours d’arrêt. Et Matthieu Jalibert, ce sont les ischios, quinze jours. Ça ne va pas les empêcher d’être sélectionnés. Nous avons appris aujourd’hui la blessure à un doigt de Peato Mauvaka. On parle de fracture et trois semaines d’indisponibilité. Tout ça fait beaucoup, mais c’est le lot de notre équipe et de ce jeu. Si on regarde le turn-over, Willemse est de retour, Bamba aussi, il a rejoué. On doit faire avec des ressources et des joueurs qui ont moins joué mais qu’on suit de près. On a identifié un groupe de plus de cinquante joueurs. Trois ou quatre par poste. On annoncera la liste des 42 mardi prochain. Et effectivement, on doit prendre ne compte tout cela."

Les temps de jeu élevés de certains joueurs

"On a essayé, on a beaucoup échangé avec les managers, les joueurs. Les joueurs ont des contrats avec leur club. On fait avec depuis trois ans. On fonctionne plutôt avec des régulations subjectives et non rationnelles comme des nombres de matchs. On fait comme ça depuis trois ans, on discute avec les managers. Il y a des enjeux pour les clubs aussi. Globalement il y a des efforts de faits. Mais cette période c’est douze matchs sans coupure. Les joueurs jouent sans arrêt. On va faire avec comme depuis trois ans. Plutôt que de voir du négatif ça nous permet d’être agile. Après les comités de sélection on appelle des joueurs. On suit Julien Delbouis, Léo Barré, Louis Bielle-Biarrey, Romain Buros, Ethan Dumorthier. Sur les avants pas de nouveaux joueurs, mais de l’émulation en seconde ligne. Emmanuel Meafou n’est pas sélectionnable mais ça ne saurait tarder. Et on le suit de près."

De la concurrence pour les cadres de l’équipe ? 

"Je ne pense pas que Cameron (Woki) possède un totem d’immunité. On essaye de construire la meilleure équipe possible. Alors on ne leur demande pas de traverser le terrain tous les week-ends. Nous on a besoin de savoir leur degré d’engagement et besoin d’avoir une réponse claire. Est-ce que tu es prêt ? Ensuite, nos méthodes d’entraînement arrivent très vite à donner une réponse. Vous parlez de Cameron mais il y a d’autres joueurs, qui ont acquis ce niveau de compétence pour rester connectés. Et le rugby n’est pas qu’une histoire individuelle. La connexion, l’ambiance autour de l’équipe, ça compte. Il n'est pas nécessaire de traverser le terrain tous les dimanches. On a neuf indicateurs de performance dont j’ai déjà parlé. Poussée horizontale, verticale, Vmax... Ils les connaissent et toutes les semaines ils doivent les valider. Dans le cas contraire, ils sont en danger. Ils peuvent se blesser sinon."

La poste d’arrière

"Thomas Ramos a été très bon avec nous en novembre. Il y avait de la pression sur lui. Il a répondu présent. Il est suspendu pour un geste répréhensible qu’il paye cher. Un grand joueur doit se maîtriser. Et Melvyn (Jaminet) revient. Et Buros est polyvalent. Il est venu et deux fois. Il devra performer avec nous à l’entraînement. Ce week-end il est à Durban avec l’UBB. Un voyage très long."

Le jeu des Bleus, à maintenir, cacher ou innover ? 

"Dans les deux dernières compétitions, il faut un peu de tout ça. On travaille sur l’évolution de l’animation offensive qu’on avait adaptée en novembre. On avait fermé le jeu pour des raisons particulières. On va le modifier. Travailler sur la défense. Qui est un gros travail sans ballon. Il y a un rapport de dimension psychologique avec l’adversaire, sans le ballon et on doit l’améliorer. La maîtrise de l’arbitrage, la maîtrise émotionnelle aussi. On a des rapports de force très avantageux sur les équipes. Et au moment où on peut les dominer, on a un déficit de maitrise et c’est du non rugby qui remet l’adversaire dans le match. Des décisions arbitrales ont remis les adversaires dans le match."

Le pays de Galles et l’Angleterre qui ont changé de sélectionneurs

"J’ai été surpris. Ce sont des pays assez conservateurs, les Gallois ont gardé (Warren) Gatland trois mandats. Ils ont eu deux défaites qui ont couté cher, avec la Géorgie et Italie. Mais s’ils ont changé ils savent pourquoi. Eddie Jones a dominé le rugby mondial, quatre défaites en quatre ans à une période. Il y a des explications. Mais ça peut changer la donne. (Steve) Borthwick veut revenir aux basiques, ce qui veut dire le combat pour les Anglais."

Un retour de l’association Jalibert-Ntamack ? 

"Tout est possible. On envisage tout. Il sera aussi possible d’aligner Gael (Fickou) avec Yoram (Moefana). Et aussi Delbouis qui revient fort. On a Gailleton, Delibes, Barrassi, il y a des options."

La condamnation et la mise en retrait de Bernard Laporte

"Effectivement, on suit de près ce qu’il se passe. Même si nous, on fait ce qu’on peut faire de mieux, sur les terrains avec les joueurs. Le reste ne nous appartient pas. Au mois de décembre pendant la tempête, Bernard Laporte m’a demandé, quoi qu’il arrive, de continuer de tracer notre route vers 2023 et de préparer le mandat d’après. Nous sommes totalement engagés dans cette mission-là. Nous avons besoin de garder cette mission, de construire comme depuis trois ans, de garder cette continuité, c’est comme cela qu’on a passé les cuts. La saison qui arrive va nous faire progresser. Ce groupe peut encore progresser, encore s’améliorer. On a besoin de continuité, de visibilité. C’est le cas pour le moment. Tout est planifié vers 2023. Objectif Tournoi des VI Nations, avec la préparation que nous allons vivre à Capbreton. Et ensuite, la préparation à la Coupe du monde. Qui sera la plus courte jamais vécue, au passage."

L’image écornée du rugby

"Nous, on fait ce qu’on peut. Et je crois que depuis trois ans, le XV de France a œuvré pour l’image de l’équipe de France. Quand on rentre dans un Stade de France chauffé à blanc, que les audiences montent à dix millions de téléspectateurs, que le nombre de licenciés augmente de plus de 10%, dire que c’est positif je crois que c’est même péjoratif. Depuis trois ans, le rugby français rayonne dans le monde. En termes d’image, il brille."

La non venue de Pierre Mignoni dans le staff pour l’après 2023

"Comment j’ai réagi ? On a suivi ce qui se disait ! Pierre Mignoni a énormément collaboré avec nous depuis trois ans. Il a beaucoup accompagné les joueurs sélectionnables. Beaucoup échangé sur les méthodologies. Je veux rendre hommage à Pierre Mignoni. Le remercier. Dans le cadre du futur staff, Pierre était potentiellement quelqu’un qui pouvait nous rejoindre. Mais je n’ai même pas pu envisager quoi que ce soit. Il y a eu une mini-tornade qui a fait qu’il a dû communiquer vis-à-vis des supporters de Toulon, pour dire qu’il se consacrait à son club. C’est très honorable."

Son contrat pour la suite et le staff

"Oui j’ai signé pour 2027. Pour le reste, on a du temps pour constituer le staff. On peut parler de Laurent Sempéré. Il s’est engagé avec l’équipe de France. On a beaucoup travaillé avec lui aussi. Et d’autres. Il est libre. Il présente des performances de très haut niveau. On cherchait une compétence très forte au niveau de la touche. Je voudrais aussi saluer le travail de Karim Ghezal, Laurent Labit et Thibault Giroud, qui quittent le staff. Les saluer, les remercier et féliciter les clubs car c’est des compétences qui vont partir dans les clubs. C’est un partage qui donne force et puissance à notre rugby."

Wilfried Templier et Nicolas Paolorsi