RMC Sport

"Armée numérique" du PSG: Mbappé, Kurzawa, Saka... les sportifs désemparés face au harcèlement en ligne

placeholder video
La potentielle existence d’une armée de trolls qui aurait été recrutée par le PSG pour discréditer Kylian Mbappé sur les réseaux sociaux a encore souligné le harcèlement dont peuvent être victimes les sportifs. Mais certains d’entre eux ont déjà prouvé qu’ils pouvaient se défendre contre ces attaques en ligne.

Christophe Galtier s’en serait bien passé. A trois jours du choc contre l’OM en Ligue 1 ce dimanche, l’entraîneur du PSG vit le quotidien de son groupe bouleversé par les révélations de Mediapart sur une armée de trolls recrutée par le club francilien afin de nuire à l’image de Kylian Mbappé sur les réseaux sociaux. Si la direction parisienne dément une telle initiative à l’encontre de sa star, celle-ci pourrait conforter ses envies de départ dans un futur plus ou moins proche. Mais si le champion du monde n’a pas réagi à cette nouvelle polémique, il a déjà eu affaire à des internautes pas tendres voire violents à son égard.

Auteur du tir au but manqué fatal à l’équipe de France lors de l’Euro 2021, l’attaquant avait ensuite reçu une flopée d’insultes de la part de supporters frustrés. Mais le meilleur buteur de l’histoire du PSG en Ligue des champions avait porté l’affaire devant la justice. La plainte de Kylian Mbappé a finalement entraîné la condamnation, en septembre 2022, d’un homme de 19 ans à 2.000 euros d'amende avec sursis pour injure raciste envers lui dans un tweet publié après l'élimination des Bleus. Dans un rapport officiel, la FIFA a estimé que "plus de la moitié des joueurs ont reçu des insultes venant, pour une part importante, de leurs propres compatriotes" lors de la CAN 2022 et de l’Euro 2021.

Le foot anglais a contacté les boss de Twitter et Facebook

En Angleterre, le racisme s’est aussi invité sur les réseaux sociaux après certaines défaites. Après leur tir au but raté en finale de l’Euro 2021 à Wembley, trois joueurs des Three Lions ont été particulièrement ciblés en ligne. Les jeunes Marcus Rashford, Bukayo Saka et Jadon Sancho ont dû faire face à une terrible déferlante. Idem pour Axel Tuanzebe (Manchester United) ou Reece James (Chelsea) après des matchs de championnat.

Un triste phénomène tel que la Premier League et la Fédération anglaise de football ont adressé dès février 2021 des courriers à Jack Dorsey et Mark Zuckerberg, PDG de Twitter et fondateur de Facebook, pour leur signifier la recrudescence des insultes en ligne.

Louza, Kehrer, Kurzawa… La Ligue 1 touchée

En France, l’ancien Nantais Imran Louza en a eu marre de recevoir des injures racistes et a exprimé son ras le bol en mai 2021. Un autre exemple de cyber-harcèlement en Ligue 1 a frappé Thilo Kehrer au PSG.

Raillé pour ses performances, l’Allemand aujourd’hui prêté à West Ham a eu affaire à une vague d’internautes déchainés contre lui. Mais de manière surprenante, d’autres supporters parisiens avaient volé à son secours avant un match deLigue des champions en avril 2021.

Paris toujours mais lors du récent mercato estival. Avant son départ à Fulham, Layvin Kurzawa a fait l’objet de moqueries à cause de sa situation au PSG. Et le latéral gauche a vu rouge et a dézingué un compte parodique.

"Cela vous amuse de raconter de la merde, a lâché le défenseur français. Puis il faut savoir que c’est un faux compte."

Thierry Henry a quitté les réseaux sociaux

Légende de l’équipe de France, dieu vivant à Arsenal et accessoirement champion du monde en 1998, Thierry Henry a opté pour une solution encore plus radicale afin d’éviter le cyber-harcèlement. En mars 2021, l’ex-attaquant des Bleus a tout bonnement choisi de quitter les réseaux sociaux tant que leurs propriétaires ne les contrôleraient pas mieux.

"L’importance considérable du racisme, du harcèlement et de la torture mentale qui en découle pour les individus est trop toxique pour être ignorée, a alors expliqué le désormais célèbre consultant. Il doit y avoir une certaine responsabilité."

Shiffrin et Laffont ont affiché leur désarroi

La victoire judiciaire de Kylian Mbappé a montré le point extrême de la défense des sportifs face au cyber-harcèlement. D’autres athlètes ont choisi d’y répondre en poussant un coup de gueule ou en affichant leur harceleur. En marge des Jeux olympique d’hiver à Pékin en début d’année 2022, la star du ski alpin Mikaela Shiffrin a partagé les messages de haine reçus après une performance décevante en Chine. Lui emboîtant le pas, la Française Perrine Laffont a aussi fait état de ces critiques au-delà du raisonnable où on lui reprochait sa quatrième place en finale de l’épreuve de ski de bosses dont elle était pourtant tenante du titre.

"Aucun athlète ne devrait recevoir ce type de message! Ces gens n’ont aucune idée de tous les sacrifices que l’on fait au quotidien pour notre sport, a pesté Pépette dans un tweet. Chaque athlète devrait être supporté et non shamé! Car oui, moi aussi j’ai reçu ce genre de message après ma 'décevante' quatrième place."

Paire et Monfils taclent les parieurs injurieux

A l’image du football, le tennis fait partie des sports très prisés par les parieurs. Le nombre de matchs tout au long de l’année et la possibilité d’avoir une chance sur deux de gagner attirent des aficionados d’un genre nouveau. Problème, quand le favori (ou tout simplement le joueur sur lequel on a parié) s’incline, cela engendre parfois un flot d’injures.

Le 4 mai dernier, une enquête du Comité français du fair-play, l’un des partenaires du CNOSF a révélé que, sur 1850 jeunes sportifs dans des clubs amateurs ou l’INSEP, 85% se disaient familiers du cyber-harcèlement. Même Benoît Paire et Gaël Monfils, respectivement 173e et 38e au classement ATP, l’ont appris à leur dépens. Mais les deux joueurs tricolores ont choisi de publier ces insultes.

"Arrête le tennis tu détruis ce sport magnifique, looser" ; "merci d’avoir ruiné toutes mes économies, j’espère de tout mon cœur que tu ne seras jamais en paix dans ta vie" ; "au fond de mon cœur je te déteste"... Voilà pour les messages les plus "softs", a ainsi lancé La Monf' en septembre 2020 sans oublier de poster les messages racistes dont il a aussi été victime.

Pour montrer une partie, jusque-là assez méconnue de son quotidien, Benoît Paire a de son côté interpellé les internautes en avril 2022 en partageant certains tweets de détracteurs.

Même le cyclisme est ciblé, Bouhanni l’a rappelé

Les belles images de la foule en délire sur le bord de la route pendant le Tour de France ont probablement servi à donner une belle image des passionnés de cyclisme. Mais ces fans bienveillants à l’égard du peloton sont aussi contrebalancés par une bande de cyber-harceleurs. Au mois d’avril 2021, le sprinteur français Nacer Bouhanni a diffusé les insultes à caractère raciste reçues sur les réseaux sociaux. En plus de les dévoiler au grand jour, il a décidé de porter plainte.

"Je ne suis quand même pas le seul à voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux, s’est interrogé le cycliste lors d’un entretien alors accordé au journal L’Equipe. Pourquoi personne ne fait rien quand ce genre de personnes immondes m'envoient en permanence des 'cochon' ou des 'terroriste', 'retourne dans ton pays sale maghrébin'?"

Jean-Guy Lebreton