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UFC Paris 2024: pourquoi l'UFC a décidé de miser sur Benoît Saint Denis en main event

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Ciryl Gane absent, le combat principal de l’UFC Paris ce samedi soir à l’Accor Arena de Bercy (à vivre en direct sur RMC Sport) opposera Benoît Saint Denis, la nouvelle star du MMA français, au Brésilien Renato Moicano. Une position méritée pour le "God of War" vu son parcours récent et sa popularité. Focus.

Le gros chat n’est pas là. Mais deux souris étaient prêtes à danser à sa place. Tête d’affiche de l’UFC Paris lors de ses deux premières éditions, Ciryl Gane ne fera pas la passe de trois ce samedi à l’Accor Arena de Bercy. Le poids lourd, seul combattant tricolore à avoir touché une ceinture (titre intérimaire) dans la plus grande organisation de MMA, sera de retour dans l’octogone en fin d’année après avoir fait un crochet par la case acteur ces derniers mois. Et la question de se poser: qui pour remplacer "Bon Gamin" dans le main event (combat principal)? Le choix porte un nom. Benoît Saint Denis.

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Il aurait pourtant pu se porter sur Nassourdine Imavov, représentant tricolore le mieux classé dans sa catégorie sur les neuf présents sur la carte. Quatrième chez les -84kg, le "Sniper" affronte l’Américain Brendan Allen, numéro 7, dans le combat aux enjeux les plus grands pour renforcer sa position parmi les challengers crédibles au titre détenu par le Sud-Africain Dricus du Plessis. Mais la logique sportive n’est pas la seule qui rentre en compte à l’UFC, où le business passe souvent en priorité. L’organisation a donc préféré se porter vers Saint Denis, devenu ces derniers mois une des grandes stars du MMA français, même si le "God of War" reste sur une défaite par KO face à Dustin Poirier en mars.

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Une ascension fulgurante

"Est-ce que je suis vexé ? Non. L’UFC, c'est le show, rappelle Nassourdine Imavov. Et Benoît fait du show. Il a la hype, moi le classement, ça pouvait aller dans un sens comme dans l'autre. Ce choix est compréhensible." "L’UFC place le business avant tout et Benoît a une hype plus grande que celle de Nassourdine, appuie Nicolas Ott, coach principal du camp Imavov. Ce n’est pas incohérent." Et surtout pas immérité.

Il y a deux ans, pour son troisième combat à l’UFC, l’ancien militaire des Forces Spéciales avait ouvert la carte de Paris côté tricolore, à jamais le premier Français à combattre sur notre sol pour la célèbre organisation américaine. Deux ans plus tard, il se retrouve au centre du poster. Logique vu son parcours. "Je suis fier de ce chemin qui s'est fait en équipe avec le staff sportif, le manager, la famille qui s'est mise un peu de côté pour me permettre d'être régulier sur les combats et d'être performant", raconte-t-il dans un entretien à RMC Sport.

"BSD" était encore loin de ce statut il y a un peu plus d’un an. Quand il affronte Ismael Bonfim début juillet 2023, il est tout sauf favori aux yeux des spécialistes. Mais il va signer une performance qui change la vision en soumettant le Brésilien dès le premier round. Il remet ça deux mois plus tard en explosant un autre Brésilien, Thiago Moises, mis TKO au deuxième round. Et encore deux mois plus tard, c’est le local Matt Frevola – présent samedi à Paris contre Farès Ziam – qui tombe d’un sublime coup de pied à la tête au premier round dans le légendaire Madison Square Garden de New York pour ouvrir à Saint Denis la porte du top 15 de la très dense catégorie des -70 kilos. Cinq victoires de suite, toutes avant la limite (et même avant la troisième reprise), toutes spectaculaires, avec derrière de grosses punchlines au micro. L’UFC a trouvé un nouveau chouchou qui remplit les critères qu’elle aime.

La légende Poirier en récompense

La récompense sera superbe: la légende Dustin Poirier en co-main event de l’UFC 299 à Miami. Un combat pas abordé dans les meilleures conditions. Touché par un staphylocoque peu avant l’événement et obligé de prendre des antibiotiques, il galère pour sa perte de poids et arrive dans l’octogone vidé. Trop d’obstacles vu l’adversaire en face, déjà si dur à battre à 100% vu son niveau technique: "BSD" se fait cueillir et mettre KO au deuxième round. Il a chuté sur l’étape qui devait le mener dans les discussions pour le titre mais a encore montré son cœur. Patron exécutif de l’UFC, Dana White résume l’idée après le combat: "Il n’a perdu aucun crédit". Après un tel rendez-vous, sa popularité a aussi passé un cap. Fini l’anonymat. Saint Denis est une star. Avec des conséquences.

"Le succès est arrivé tellement vite, l'image a changé tellement vite… C'est quelque chose à absorber pour soi mais aussi pour le staff, la famille, les amis, confie-t-il. Si tu n'apprends pas à être capable de gérer ce succès dans sa généralité, tu en arrives à tomber presque en dépression parce que tu ne reconnais plus les gens avec qui tu travailles. (…) C'est surtout compliqué pour la famille, par exemple quand tu es avec ta femme au restaurant et qu'on va t'embêter deux-trois fois. Il y a des gens qui sont très respectueux, qui attendent que tu finisses de manger et qui viennent te voir, et il y a des gens qui vont parler très fort, à moitié te sauter dessus alors que tu es en train de discuter. Le pire, c'est la capacité à comprendre ou à accepter ce changement de statut et rester soi-même. Il faut rester soi-même parce que ce qui t'a amené là, c'est ton travail, ta discipline."

Benoît Saint Denis a trouvé son chemin vers le cœur des Français. Le combattant a ses défauts, à commencer par une responsabilité défensive pas assez importante qui peut permettre à ses adversaires de le punir, mais son caractère et son style ont conquis les fans. Une mission assumée. "On est tous éphémère. Je serai oublié dans 20 ans, donc je vis pour me faire plaisir et faire plaisir au public, pour livrer des combats engagés et faire évoluer ce sport pour que les jeunes qui vont un jour faire des carrières professionnelles puissent se régaler aussi. Les Français se régalent à regarder du MMA aujourd’hui et ça me remplit de fierté. Je veux donner des combats engagés et essayer de me dépasser, d'aller le plus loin possible."

Remettre les pendules à l'heure

La relance passe par Paris, où il sera présent pour la troisième fois en trois éditions comme William Gomis, et l’obstacle Renato Moicano, adversaire dangereux (11e du classement, Saint Denis est 12e) qui vient avec la ferme intention de "gâcher la fête". "Ça va être un combat âpre, contre un mec d'expérience, complet, qui ne va rien lâcher, annonce le Français. Une victoire contre lui, c'est une très belle ligne dans le palmarès. Que le meilleur gagne. Attendez-vous à ce que ce soit engagé. Ça va être la guerre. J’ai hâte."

Certains l’ont enfoncé voire enterré après sa défaite contre Poirier. Mais Benoît Saint Denis est prêt à remettre les pendules à l’heure et à reprendre la direction des gros combats sur la route de son ambition de devenir champion dans la plus grande organisation de MMA. "C’est un sport à la mémoire très courte et ça a son avantage et son désavantage. Tu peux tomber de très haut très vite mais aussi monter très haut très vite. Il faut toujours jouer ses cartes à fond. L’UFC attend de moi de faire une bonne prestation et c'est ce que j'ai envie de donner à tout le monde. Et ne pas changer la chose primordiale: combattre et gagner. Je suis fier d’être dans cette position de 'main event' et je compte bien en découdre."

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport