"C’est la bonne nouvelle du jour quand même": la fierté d’Olivier Mutis, seul Français à avoir battu Rafael Nadal sur terre battue

"Un peu triste comme tous les fans de tennis", Olivier Mutis a aussi accueilli l’annonce de la retraite de Rafael Nadal, en novembre prochain, avec une pointe de fierté, ce jeudi. Il restera le seul joueur français à avoir battu l’Espagnol sur terre battue.
"C’est la bonne nouvelle du jour quand même", sourit l’ancien joueur auprès de RMC Sport. "Je ne m’étais pas caché que ça ne me dérangeait pas de garder ce petit record. Autant je ne m’en suis pas soucié pendant 18 ans mais c’est vrai que ces deux dernières années, je commençais à me dire: pourquoi ne pas rester seul parce que c’est assez gratifiant. Aujourd’hui, je suis assez content d’avoir ce fait d’arme qui restera avec moi jusqu’au bout."
"Je ne m’imaginais pas ce que ça allait devenir 20 ans après"
Celui-ci remonte en septembre 2004 en huitième de finale du tournoi de Palerme (6-3, 6-3). Mutis, alors âgé de 26 ans et 105e joueur mondial, s’était offert la nouvelle étoile montante du tennis mondial, âgée de 18 ans et classée 50e au classement ATP, en 1h26. "Même si ce n’était pas encore le Nadal numéro un mondial, dominant, il était classé entre 30e et 40e mondial, on commençait à entendre parler de lui comme d’un futur grand champion", se souvient Mutis. "J’ai le souvenir de cette victoire et d’avoir fait un gros match. Même s’il n’était pas encore au top, il ne lâchait pas un match. Je m’étais rendu compte du petit exploit mais je ne m’imaginais pas ce que ça allait devenir 20 ans après."
Le Lorrain en mesure la portée deux décennies plus tard mais il ne la doit qu’au palmarès gigantesque acquis ensuite par sa victime d’un jour, selon lui. "Je dis souvent que l’exploit vient quand même de lui, même si je l’ai battu ce jour-là", convient-il. "C’est par ces records et par sa force qu’il a fait que ce record existe. Il a créé tellement de choses sur terre battue qui fait qu’une victoire peut rester 20 ans, et maintenant plus. C’est grâce à lui-même si ce jour-là, j’étais au bon moment comme il fallait, j’en ai un peu profité."
Remonté par sa non-sélection en Coupe Davis le week-end précédent
L’ancien 71e mondial (son meilleur classement) se souvient avoir mis à profit son jeu qui perturbait les Espagnols. "Ils ont en général besoin de temps pour décaler sur le coup droit et faire mal avec ce volume en coup droit, ce que fait très bien Nadal", situe-t-il. "J’arrivais à prendre la balle un peu plus tôt et c’est vrai que je les embêtais." Le contexte avait aussi joué dans cet exploit. "Il commençait à être médiatisé, il était arrivé avec ses débardeurs et on parlait beaucoup de ça et de lui parce qu’il était très prometteur", situe-t-il. "C’était déjà un match particulier à l’époque. J’avais trouvé une motivation supplémentaire parce qu’il avait joué contre la France quelques jours plus tôt en Coupe Davis et je n’avais pas été sélectionné. Je voulais montrer que c’était peut-être une erreur de ne pas m’avoir pris sachant qu’il avait battu tous les Français le week-end. C’était quand même un match un peu spécial à l’époque."
Mais pas son plus grand souvenir. Olivier Mutis retient plutôt son 32e de finale de Roland-Garros remporté quelques mois plus tôt contre l’Américain Andy Roddcik (3-6, 6-3, 6-7, 6-3, 6-2). "C’est celui (l’exploit face à Nadal) qui touche le plus de gens et qui est le plus médiatisé", conclut-il. "Mais j’avais pris plus de plaisir à battre Roddick sur le Suzanne-Lenglen à Roland. Même si c’était sur le central (contre Nadal) à Palerme, c’était un petit court en night session avec mon père dans les tribunes mais il n’y avait pas trop de monde et on ne peut pas comparer avec un match en cinq sets à Roland devant 15.000 personnes. Ce n’était peut-être pas le meilleur souvenir tennistique ou en émotions mais c’est, de loin, celui qui reste le plus."
Olivier Mutis a finalement pris sa retraite un an plus tard, sans jamais avoir échangé avec son adversaire d'un jour devenu légende. "On s’est peut-être recroisé dans l’année qui suit parce qu’on faisait à peu près les mêmes tournois. Si on se croisait, il y avait peut-être un petit hochement de tête. J’ai arrêté un an après et je n’ai pas mis les pied sur le circuit depuis 20 ans, même à Roland." Il y est un peu revenu par procuration ce jeudi.