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À la recherche du prochain Wembanyama: comment le basket français veut draguer la NBA avec son Young Star Game

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La Ligue nationale de basket profite de la venue de la NBA à Paris pour lancer la toute première édition du Young Star Game. Avec un objectif clairement affiché: mettre les projecteurs sur ce que le basket français a de mieux à offrir.

Le Palais des Sports Marcel Cerdan va redevenir l’épicentre du basket français. Au moins l'espace d'un court instant. Plus d’un an et demi après le dernier match de Victor Wembanyama sous les couleurs des Metropolitans 92, la salle de Levallois (Hauts-de-Seine) s’apprête à revêtir ses habits de lumière à l’occasion de la première édition du Young Star Game.

Après s’être pressés dans les travées de l’enceinte francilienne pour observer le phénomène Wembanyama durant la saison 2022-2023, les scouts NBA n’auront sans doute aucun mal à retrouver leur chemin. Ce lundi 20 et ce mardi 21 janvier, ils seront en effet plusieurs dizaines à scruter les meilleures pépites françaises. "On est déjà à 22 franchises NBA qui nous ont assurés de leur présence", nous confie Philippe Ausseur, président de la Ligue nationale de basket, à quelques jours de l'événement.

20 pépites réparties en deux équipes

Avec cette première édition du Young Star Game, organisée juste avant les NBA Paris Games (23 et 25 janvier entre les San Antonio Spurs et les Indiana Pacers à l'Accor Arena), le basket hexagonal entend montrer aux yeux du monde entier la qualité de son vivier. Pour ça, un jury, composé de noms bien connus dans le basket français (Antoine Rigaudeau, Claude Bergeaud, Ruddy Nelhomme), de scouts ou encore de journalistes, a sélectionné 20 jeunes de Betclic Elite, de Pro B ou du Centre fédéral.

Parmi eux, on trouve notamment Noah Penda (Le Mans), qui a de bonnes chances de rejoindre la Grande Ligue si l’on se fie aux prédictions des médias américains. Nolan Traoré (Saint-Quentin), attendu dans le top 10 de la prochaine draft NBA, figurait lui aussi dans la sélection initiale. Mais le meneur de jeu est retenu par un match de Ligue des champions face à Galatasaray (ce mardi à 18h) et ne peut donc pas être de la partie.

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Ces 20 joueurs ont été répartis en deux équipes de 10 lors d’une draft organisée le 7 janvier. Antoine Rigaudeau et Moustapha Sonko seront à la tête des deux équipes. Ils seront épaulés par Vincent Collet et Pascal Donnadieu, vice-champions olympiques à Paris avec l’équipe de France. Le staff technique de Rigaudeau et Sonko comprend également plusieurs coachs de Betclic Elite (Guillaume Vizade et Julien Courtey), Pro B (Mickaël Hay et Ali Bouziane) ou du championnat espoirs (Régis Boissié et Romain Chenaud).

Les 20 joueurs sélectionnés pour le Young Star Game

Team Rigaudeau

  • Mohamed Diakité (Saint-Quentin)
  • Lucas Dufeal (Vichy)
  • Lucas Fischer (Nanterre) - remplacement de d'IIane Fibleuil (Poitiers)
  • Cameron Houindo (Pôle France)
  • Mathéo Leray (La Rochelle)
  • Noah Penda (Le Mans)
  • Jahel Trèfle (Strasbourg) - remplacement d'Enzo Shahrvin (Paris)
  • Nathan Soliman (Pôle France)
  • Aaron Towo-Nansi (Cholet)
  • Maxence Lemoine (Strasbourg) - remplacement de Nolan Traoré (Saint-Quentin)

Team Sonko

  • Evan Boisdur (Gravelines-Dunkerque)
  • Nathan De Sousa (Cholet)
  • Paul Mbiya (ASVEL) - remplacement de Brice Dessert (Strasbourg)
  • Mohamed Diawara (Cholet)
  • Roman Domon (Gravelines-Dunkerque)
  • Ilias Kamardine (Dijon)
  • Noa Kouakou-Heugue (Pôle France)
  • Zacharie Perrin (Nancy)
  • Killian Malwaya (Châlons-Reims)- remplacement de Talis Soulhac (Blois)
  • Hugo Yimga Moukouri (Pôle France)

Avant de s’affronter lors d’un match, ce mardi 21 janvier (20h30), une rencontre qui sera d’ailleurs agrémentée d’un concours à trois points (Ilias Kamardine, Roman Domon, Mathéo Leray et Evan Boisdur), les pépites françaises se prêteront au jeu du "LNB Combine". Sur le même principe que les fameux "workouts" organisés par les franchises NBA pour tester les jeunes du monde entier, les 20 sélectionnés vont avoir l’opportunité de se tester sur les différents types d’exercices de vitesse, de shoots et de dextérité. Ce "LNB Combine" a lieu ce lundi 20 janvier.

Un virage dans la stratégie du basket français

Le basket français met ainsi toutes les chances de son côté pour tenter de trouver des successeurs à Victor Wembanyama, Zaccharie Risacher, Alexandre Sarr, Tidjane Salaün ou encore Bilal Coulibaly, tous sélectionnés dans le top 7 de la draft ces deux dernières années. "On s’est dit qu’il y avait la nécessité de mettre en place un événement pour mettre en avant nos talents. On s’appuie sur le deuxième ou troisième réservoir de talents au monde. Ce réservoir-là est aussi l’un des actifs de la LNB et il faut qu’on le mette le plus en avant possible", détaille Philippe Ausseur.

Ce Young Star Game marque ainsi un véritable virage dans la stratégie de la LNB. Alors que les clubs français ont longtemps été frileux, avec une volonté affichée de ne pas exposer les jeunes joueurs trop tôt, la donne a changé. "Le dicton 'vivons cachés, vivons heureux' ne fonctionne pas. Au contraire, il faut qu’on expose au grand jour ces grands talents", clame le président de la LNB. "C’est un leurre de croire qu’on les protège en les cachant. Les coachs, notamment ceux des espoirs, pensaient que c'était une erreur qu’ils soient trop visibles."

"Quand vous regardez la liste que la NBA a sur les talents de demain… Ça descend très très bas dans les âges et ils ont des joueurs sur leur liste que peut-être nous-mêmes n’identifions pas forcément", assure le patron du basket professionnel français.

Éviter la fuite des talents à l’étranger

L’un des enjeux de la ligue est également de montrer à ses jeunes que le championnat de France est le meilleur endroit pour être mis en lumière. Ces dernières années, plusieurs Tricolores ont choisi de rejoindre un championnat étranger avant de faire le grand saut en NBA, à l’image de Killian Hayes (Ulm, Allemagne), Ousmane Dieng et Rayan Rupert (New Zealand Breakers, Nouvelle-Zélande) ou encore Timothé Luwawu Cabarrot (Mega Leks, Serbie).

Cette tendance s’est quelque peu inversée, puisque Wembanyama, Risacher, Coulibaly et Salaün ont tous brillé en Betclic Elite avant de traverser l’Atlantique. Mais Sarr, parti en Australie pour faire ses premiers pas en professionnel, ou Noa Essengue, annoncé au premier tour de la prochaine draft et actuellement à Ulm, prouvent que la LNB est toujours victime d’une fuite de ses talents.

"Pour les garder le plus longtemps possible, il faut leur montrer que c’est en France qu’il faut qu’ils soient", confirme Philippe Ausseur.

"Par exemple, Ulm peut être un concurrent pour nous. Et nous, on préfère que la dernière année avant la draft se passe en France plutôt qu’en Allemagne ou ailleurs. Et pour ça, il faut qu’on leur montre qu’on a beaucoup de considération pour eux, qu’il y a des éléments où ils vont pouvoir parfaire le jeu et être mis en valeur", poursuit-il.

"Les staffs vont être extrêmement sollicités" par les scouts

En termes de mise en lumière, les pépites tricolores vont donc être servies en ayant la possibilité d’évoluer devant de très nombreux scouts. "Ce sont des joueurs qui sont globalement tous connus, même les 2009 qui sont sélectionnés. Mais l'évènement est super bien car il permet à des joueurs moins cotés ou moins connus de se montrer", assure Emmanuel Le Nevé, spécialiste du scouting pour le site Envergure.

Nolan Traoré, annoncé dans le top 10 de la prochaine draft, n’est plus à présenter. Mais pour certains jeunes moins exposés qui évolueront avec ou contre le meneur de Saint-Quentin, c’est une opportunité en or de se montrer. Lors de la saison 2022-2023, Bilal Coulibaly avait ainsi largement profité des projecteurs braqués sur Wembanyama, son coéquipier à Boulogne-Levallois, pour prendre un peu de lumière.

Pour les scouts, ce Young Star Game sera un excellent moyen de récolter un maximum d’informations en un temps record. "Pendant les workouts, ils vont notamment pouvoir regarder comment ils réagissent au stress d’être observés", indique Emmanuel Le Nevé. "Les staffs vont être extrêmement sollicités pour avoir des feedbacks sur les entraînements", complète Arnaud Marius, scout pour la NBA entre 2020 et 2024. "Quand j’étais scout, on me demandait des rapports sur la personnalité, un peu un travail de détective privé sur l’entourage du joueur, l'éthique de travail, sa relation avec le staff, avec ses coéquipiers, la façon dont il a conscience de ce qu’il représente, la connaissance de son corps ou encore la capacité à comprendre les consignes rapidement." Autant d’interrogations auxquelles le Young Star Game tentera d’apporter des débuts de réponses.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport