"Il pourrait vraiment se faire mal": que pense le peloton de l’hypothèse Pogacar à Paris-Roubaix ?

La vidéo de son passage dans la Trouée d’Arenberg, publiée sur les réseaux sociaux début février, a lancé l’hypothèse d’une présence de Tadej Pogacar sur l’Enfer du Nord dès cette année. Ce que le Slovène n’a pas démenti dans son interview dans Bartoli Time sur RMC : "Elle a retenu mon attention et, dans un futur proche, il y a de grandes chances que je prenne le départ. Je ne peux pas dire cette année ou la saison prochaine. Il y a toujours une chance. Laissons la surprise." Le vainqueur en titre du Tour de France a renvoyé sa décision à fin mars, après Milan-San Remo.
Adrien Petit, originaire du Pas-de-Calais, connaît bien Paris-Roubaix. Il a même un secteur pavé qui porte son nom du côté de Villers-au-Tertre. "Quand tu es fort et que tu sais gagner partout, tu as envie de gagner tous les Monuments, c’est un beau challenge pour Pogacar et je lui souhaite de venir le plus vite possible découvrir cette magnifique course. C’est pas mal s’il peut aller gagner sur le vélodrome", estime le coureur Intermarché-Wanty. Le manager d’UAE Emirates Mauro Gianetti a son avis sur la question et l’a fait savoir, en répondant à plusieurs médias italiens dont la Gazzetta dello Sport: "J’espère qu’il ne le fera pas cette année, et je le lui redirai : il a encore du temps dans sa carrière pour courir Paris-Roubaix. Je ne cesse de lui dire qu’il doit attendre avant d’y aller pour ne pas prendre de risque, parce qu’il pourrait vraiment se faire mal." La dangerosité des pavés du Nord sont donc l’argument principal pour repousser cette hypothèse. "C’est une course très dangereuse, mais toutes les courses le sont avec leur nervosité. Personnellement je ne trouve pas qu’il y ait plus de danger", juge Adrien Petit.
Une plus grande part de risque?
Les dernières Strade Bianche, où Pogacar est tombé avant de gagner la course, ont montré que les pièges peuvent se nicher partout, et qu’une chute peut survenir y compris sur une route que Pogacar connaissait bien. Stephan Küng, neuf participations à l’Enfer du Nord et classé dans le top 5 sur les trois dernières éditions, estime d’ailleurs avec un sourire: "après ce qu’il s’est passé aux Strade, il va peut-être changer d’avis!", entre interrogation et espoir. "Il a déjà validé le Tour de France plusieurs fois, il a gagné plusieurs grosses courses donc quand on aime gagner des Monuments, on se tourne sur ce qu'on n'a pas encore gagné comme a fait Philippe Gilbert par le passé", avance pour sa part Anthony Turgis, le coureur TotalEnergies qui a participé cinq fois à Paris-Roubaix. "C’est une course vraiment atypique, donc c'est compréhensible que Tadej veuille mettre son nez sur les pavés. Après d’un point de vue sponsor et équipe, c’est sûr qu’il y a une part de risque pour le grand Tour qui suit."
Le management d’UAE Emirates ne souhaitait pas s’exprimer sur la situation de Pogacar en marge de Paris-Nice, nous renvoyant à l’échéance fixée par le coureur-star. Sébastien Joly, qui a pris le départ à trois reprises de Paris-Roubaix au début des années 2000, nous donne le point de vue du manager qu’il est désormais chez Décathlon-AG2R La Mondiale: "Il faut composer entre l’envie du coureur et la stratégie générale d’une équipe et d’un sponsor, mais Tadej est tellement au-dessus du lot que je peux comprendre ses envies de nouveauté", estime le directeur sportif de la formation française. "C’est un problème et pas seulement pour les leaders: il peut y avoir une certaine redondance au niveau du calendrier, une monotonie. Courir Paris-Roubaix, cela lui amènerait un peu de fraicheur mais si je me mets à la place de ses patrons, c’est vrai que c’est quand même plus sûr de le voir sur un Tour des Flandres ou sur des Strade Bianche. Le risque est partout, mais il est quand même accentué sur Paris-Roubaix."
"Il ne finira pas sa carrière sans passer par Roubaix"
Du côté des organisateurs d’ASO, la perspective de voir la star des dernières saisons sur le Monument du Nord de la France fait saliver: "On sait que venir à Paris-Roubaix le titille, est-ce que ce sera cette année? On n'en sait rien mais je sais qu’il ne finira pas sa carrière sans passer par Roubaix, et lorsqu’il viendra ce sera certainement pour la gagne", souligne Thierry Gouvenou, directeur de la course enthousiaste. "En tant qu’organisateur, c’est intéressant d’avoir les plus grands champions sur son épreuve, il a cela au coin de sa tête et on l’accueillera les bras ouverts le moment venu". Il ne reste plus que quelques jours pour être fixé.