Tour de France féminin: comment Pauline Ferrand-Prévot a signé son coup parfait pour endosser le maillot jaune à la veille de l'arrivée

Christian Prudhomme et Marion Rousse l’avait senti. "Le prochain vainqueur (du Tour) sera une Française!", avançaient les directeurs du Tour masculin et féminin en avril. Quelques mois plus tard, leur prédiction est - déjà - sur le point de se réaliser. A la veille de l'arrivée de l'édition féminine 2025, Pauline Ferrand-Prévot a revêtu le maillot jaune après une démonstration lors de la 8e étape samedi, et possède 2'37" d'avance sur sa dauphine, l'Australienne Sarah Gigante.
"C'est incroyable"
Une "étape reine" que la Française a parfaitement négociée tactiquement. Dans le peloton, en compagnie des favorites, elle a d'abord passé les premières difficultés de la journée - le col de Plainpalais (1e catégorie, 13,2 km à 6,3%) et la côte de Saint-Georges-d'Hurtières (2e catégorie, 4,8 km à 5,9%) - sous les radars. Avant d'accélérer dans la dernière ascension au programme, le redoutable col de la Madeleine (hors catégorie, 18,6 km à 8,1%), à un peu plus d'une dizaine de kilomètres de l'arrivée.
Après cette première attaque qui lui a permis de distancer Demi Vollering et Katarzyna Niewiadoma, et de retrouver sa compatriote Marion Brunel qui lui a passé un relais pour qu'elle puisse se reposer, "PFP" est parvenue à revenir sur la tête de course. Et la coureuse de l'équipe de Visma lease a bike en a remis une couche pour s'envoler vers la victoire d'étape et creuser encore plus l'écart avec ses rivales au classement général.
"Faire ça un an après les Jeux, revenir et gagner ici sur ce col mythique, c'est incroyable. (...) Ce maillot jaune, c'est le rêve d'une petite fille. Je n'ai pas encore pleuré, mais je pense que ça ne va pas tarder", a-t-elle réagi sur France TV.
Elle se donnait trois ans pour gagner le Tour
Après avoir atteint son ultime quête en VTT, le titre olympique de cross-country aux Jeux de Paris 2024 l'été dernier, Pauline Ferrand-Prévot s'était lancée le défi de faire son retour au cyclisme sur route. Déjà championne du monde sur route en 2014 et double championne de France (2014, 2015), la coureuse de 33 ans avait un nouvel objectif annoncé: remporter le Tour de France femmes.

"Pauline est capable de tout. On l’a vu sur Paris-Roubaix femmes (qu'elle a remporté). (…) Elle s’est donnée trois ans pour réaliser son rêve et moi j’y crois", confiait Marion Rousse en avril lors de la présentation de l'édition 2025 de la Grande Boucle féminine. Sauf catastrophe, Pauline Ferrand-Prévot n'aura donc eu besoin que d'une année pour s'imposer sur la plus grande course sur route, à sa première participation.
Dès ses grands débuts il y a une semaine, la Tricolore se faisait remarquer en "laissant" sa coéquipière Marianne Vos franchir la ligne d'arrivée de la première étape en tête. "J'étais vraiment à fond, je n'ai pas fait semblant", assurait-elle, satisfaite que "le plan" se soit "déroulé à merveille" pour sa leader.
Trois ascensions au programme de la dernière étape
Mais c'est bien elle qui a continué à faire forte impression lors de ces huit derniers jours de course. C'est bien simple: la Française n'a jamais quitté le top 4 au classement général depuis le premier soir. "Je ne perds pas de temps au général, c’était vraiment l’objectif", souriait-elle à l'issue des deux premières étapes. Sereine et en contrôle, "PFP" semble gérer ses efforts et se paie même le luxe de choisir son moment.
"Je me dis que c'est bien d'éviter toutes les sollicitations aujourd'hui, pouvoir récupérer correctement et être prête pour demain, pour entamer cette étape qui sera, je pense, décisive. (…) Ma course, elle est demain, et ce n'était pas le but de prendre le maillot jaune aujourd'hui. Je suis contente avec ma journée, d'avoir gardé un maximum d'énergie", déclarait-elle vendredi.
Et une fois encore, Pauline Ferrand-Prévot a répondu présente pour ce rendez-vous qu'elle avait coché. Longuement acclamée sur le podium protocolaire, il ne lui reste plus que 124,1 kilomètres - avec deux cols de 1e catégorie et un col hors-catégorie - à parcourir pour mettre fin à la disette du clan français et succéder à Bernard Hinault, 40 ans plus tard.