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Tour des Flandres: "A la place de Pogacar et van der Poel, c’est l’épreuve où je serais le moins serein", estime Valentin Madouas

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Sa troisième place sur le Tour des Flandres en 2022 reste le meilleur résultat pour un Français depuis plus d’une décennie. Avant l’édition 2025 ce dimanche, Valentin Madouas nous a confié ses ambitions, au milieu d’une bataille annoncée entre les géants avec notamment Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar, dans un Monument que le coureur breton de la Groupama-FDJ juge tellement mouvementé qu’il en devient difficilement prévisible.

Mercredi, on vous a perdu de vue pendant A Travers la Flandre et à l’arrivée, vous avez parlé d’allergies… Comment allez-vous avant ce Tour des Flandres?

Il y a eu les gros pollens qui sont sortis avec le vent et la chaleur. J'avais bien pris mon traitement les jours précédents, mais pas le jour de la course et j'ai tout de suite été gêné durant l'épreuve. Au début ça allait, puis à force d'hyperventiler, en étant très très sensible aux pollens et avec les rafales à 50 km/h, j'ai été vachement pris, je n’arrivais pas du tout à respirer du nez et j'ai été très embêté mais c'est bon c'est réglé. Pour ce dimanche, bien sûr j'aimerais que le vent se calme un peu mais on verra bien. La météo comme celle-ci, ensoleillé, c'est aussi celle qu’il y avait quand j'ai terminé troisième de ce Tour des Flandres. Dans les monts, je suis plus à l'aise quand il fait beau que quand il pleut.

Justement, ce podium sur un Monument, quelle saveur en gardez-vous et quelle place a-t-il dans votre carrière?

Forcément très très haut, j’ai sept victoires en professionnel, ce n’est pas énorme donc pour moi c'est ma première grosse performance internationale. Un podium sur un Monument, surtout avec les adversaires à l'heure actuelle, on est très peu à y être monté ces dernières années, il faut savoir en profiter. Je suis aussi là pour essayer de reproduire ce résultat au moins une fois dans ma carrière.

Pour ce dimanche, pensez-vous avoir ce podium dans les jambes?

Je me sens vraiment à 100% de mes capacités physiques. Après il y aura le scénario de course, cela dépendra beaucoup des adversaires, la tactique aussi, de comment je suis, avec la réussite ou pas. Même si je me sens très très bien, je ne peux pas compter que sur ça, il ne faut pas faire d'erreur, il faut saisir le bon coup au bon moment pour pouvoir jouer contre des coureurs qui sont tout simplement plus forts physiquement. Si j'arrive à prendre un coup d'avance et qu'ils reviennent sur moi, je donnerai tout pour m'accrocher et essayer de suivre. Mais si on arrive au pied du mont ensemble, cela sera plus compliqué.

En 2022, vous étiez à l’avant une partie de la course avec Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel. Comment aborder ce Monument quand il y a deux immenses favoris comme eux au départ, et d'autres prétendants encore à la victoire voire au podium?

On regarde déjà le parcours, le vent, les mouvements, on essaie d'anticiper leurs tactiques, même si elle a l'air assez simple. Quand il y a Tadej Pogacar au départ, le but c'est de durcir la course le plus tôt possible et qu'elle soit de plus en plus dure. C'est mieux pour moi, mais le problème, c'est qu'il faut essayer de trouver un moment pour anticiper son mouvement de course. C'est là où cela se complique. Tadej rend la course parfois tellement dure que dès qu'il est sorti, c'est là qu’il faut s'accrocher le plus. C'est toujours très particulier, on essaie d'avoir déjà notre propre tactique avec l'équipe, pour essayer d'avoir les meilleurs coureurs au meilleur moment devant, mais aussi de lire la stratégie des autres équipes. Depuis quelques temps, on n'a vraiment pas de réussite. Stefan Küng était mercredi (sur A travers la Flandre) dans une très très grande journée, mais il a un problème mécanique qui l'empêche complètement de jouer sa carte. Et moi, si j'avais eu mes jambes habituelles, je serais rentré devant aussi. Donc l'équipe est très très forte. Mais le Tour des Flandres est quand même différent de toutes ces courses de préparation. C'est quand même beaucoup plus dur. Il y a moins de pavés au Grand Prix E3 et A travers la Flandre que sur le Tour des Flandres où sur la dernière boucle, tu n'enchaînes que des monts pavés, mais je pense que ce n'est pas pour déplaire à l'équipe.

Le Tour des Flandres est-il votre course préférée?  

Elle fait partie de mes courses favorites, parce que c'est une course où tout peut se passer, beaucoup plus que dans les Ardennaises ou des grandes classiques. C’est une course avec énormément de mouvements. Il peut y avoir aussi beaucoup de changements dans la physionomie de course comme on a pu le voir l'année dernière pour le podium, les coureurs qui rentrent sur le podium le font à 200 mètres de la ligne. C'est une course qui n’est jamais terminée, il faut toujours y croire et inversement quand tu es devant. Si je faisais partie des favoris comme Pogacar ou van der Poel, c'est peut-être l’épreuve où je serais le moins serein.

En 2022 justement, van der Poel et Pogacar étaient partis à deux dans le Vieux Quaremont, et s’étaient tellement regardés dans le final que cela vous avait profité, vous aviez pu revenir pour prendre la troisième place, devant Pogacar. Peut-on s’attendre à pareil scénario cette année?

Je ne crois pas, cela m'étonnerait fortement. Les deux ont pris de la confiance depuis. Ils ont confiance en leur sprint et en leur victoire. Je pense que les deux n'ont plus peur l'un de l'autre, comme cela pouvait être le cas avant. Pogacar craignait le sprint de van der Poel, qui lui ne voulait pas se laisser avoir mentalement par Pogacar. Maintenant, Pogacar croit en ses chances, même s'il sait que cela restera compliqué s'il arrive au sprint avec van der Poel. J'ai du mal à imaginer le même scénario qu'en 2022. Et ce n'est même pas sûr qu'ils arrivent tous les deux ensembles.

Lequel des deux est le plus grand favori?

C'est la question que tout le monde se pose! Si la course avait eu lieu en octobre dernier, c’était Pogacar sans aucun doute. van der Poel était très fort très tôt cette année, mais le Pogacar de l'année dernière m'a tellement impressionné que s'il est de retour à ce niveau, je pense qu'il est injouable sur cette course. Mais van der Poel a aussi énormément progressé cet hiver. C'est une question très très dure à trancher. On est face à une génération quand même où tu as trois, quatre coureurs qui gagnent tous les Monuments. À partir de là, c'est compliqué même pour des grands champions comme Mads Pedersen. On joue avec les meilleurs du monde tout le temps. Cela fait partie du jeu. Il ne faut pas se plaindre, on a une chance de pouvoir courir contre eux et si un jour, toutes les planètes sont alignées et que mes jambes sont à 100% et que la physionomie de course fait que tu te retrouves à côté d'eux sur le podium à côté d'eux, ce serait une belle photo.

Quel serait pour vous un Tour des Flandres réussi cette année?

Personnellement, je pense qu'un top 5 serait très bien. En tout cas, c'est vraiment l'objectif qu'on se fixe avec l’équipe. On est deux coureurs qui peuvent y prétendre et dire qu'on vise un podium. Au vu de ce qu'a montré Stefan Küng, c'est carrément envisageable. Moi, j'espère aussi que le top 5 est jouable. Il faut que tout se passe très bien pour le réaliser et si on a un bonus en terminant encore plus haut, tant mieux!

Kévin Morand