Equipe de France: "J'espère que je serai là le plus longtemps possible", Nkunku veut s'installer chez les Bleus

Vous avez été élu meilleur joueur de Bundesliga est ce que vous l’auriez imaginé en début de saison ?
Ce n’était pas un objectif que je me suis mis en tête en début de saison. Le nouveau staff de cette époque-là, avec Jesse Marsch, croyait beaucoup en moi, que je pouvais atteindre ce niveau là. J’ai réussi à être le meilleur joueur cette saison mais c’est un travail d’équipe. J’étais souvent mis dans de bonnes conditions pour faire des bons matchs. Je tiens à les remercier pour ce titre.
Qu’est ce qui a changé cette saison pour vous ? En termes de statistiques (buts et passes décisives) vous avez explosé ?
Mon positionnement sur le terrain était plus proche du but. J’étais plus amené à finir les actions ou être à la dernière passe. Mentalement, j’ai passé un cap. Être un peu plus concentré, un peu plus tueur. Je suis plus concentré sur ce que j’ai à faire.
Plus de responsabilités aussi ?
Les responsabilités sont venues avec le temps. Ce n’est pas quelque chose que j’ai demandé par la voix, c’est quelque chose que j’ai imposé sur le terrain et ce n’est pas fini, j’espère avoir encore plus de responsabilités.
On parlait du positionnement, vous avez débuté au milieu de terrain et maintenant vous êtes beaucoup plus haut. Pourquoi être monté aussi haut sur le terrain ? Qui est-ce qui a décidé ça ?
J’ai été formé milieu de terrain au PSG. Quand j’ai quitté le PSG, j’ai voulu jouer en tant que milieu aussi mais quand je suis arrivé j’ai fait deux ou trois entraînement avec Julian Nagelsmann et il m’a dit “tu vas aller un peu plus haut” parce que j’avais la capacité d’éliminer et il l'a tout de suite vu. Je suis encore monté d’un cran cette année.
Au niveau des buts et des stats, vous pouvez dire merci à Nagelsmann.
Je ne me voyais pas à ce poste là, en tant que faux neuf, je me voyais plutôt milieu de terrain quand j’ai quitté le PSG. Mais ça a pris une tournure positive.
Vous pensez que c’est aussi pour ça que vous êtes en EDF ? Le positionnement est-il plus en adéquation avec vos qualités ?
Je pense que mon positionnement est lié avec l’effectif qu’on a à Leipzig. Je suis complémentaire avec les autres attaquants et c'est pour ça que cette saison je suis plus décisif et que je réussi a faire de bonnes performances à ce poste.
Dans L'Équipe au mois de février, vous disiez que vous voulez repousser vos limites. Vous pensiez avoir des limites avant ?
Non, je pense que je n’ai pas de limite. On a des objectifs dans le foot, une fois que j’ai acquis quelque chose je vais chercher quelque chose d'autre. Je parlais en ce sens là. J’ai pas le sentiment d’avoir atteint mes limites, j’ai encore beaucoup à donner.
En formation vous avez souvent été critiqué pour votre physique frêle. Aujourd’hui c’est presque une force, vous gardez ça en tête ?
Je garde pas tout ça en tête mais ça fait partie de mon parcours, de ma progression, de mon développement. J’avais un déficit physique par rapport aux autres et il fallait trouver une solution pour que je joue. La solution c’était d’être plus malin, plus intelligent et je me suis appuyé sur ça sur le terrain. J’ai pu développer mon jeu. J’ai eu la chance de développer mes capacités physiques et d’être dans la moyenne professionnelle. Aujourd'hui c’est quelque chose que j’assimile, l'intelligence et ma capacité physique: j’en fais ma force.
Vous arrivez à être plus malin sur le terrain aujourd’hui ?
J’arrive à être malin mais j'essaie d'être plus malin encore. Il y a des choses qui vont venir avec le temps et l’expérience. Je pense que je peux être encore plus malin sur le terrain.
Depuis le début de votre carrière, on a l'impression qu’il ya un mot qui revient à chaque fois: adaptation. Vous vous êtes adapté partout où vous avez été. En professionnel au PSG ensuite à Leipzig. Vous pensiez être attaquant et être aussi décisif plus tard ?
En étant honnête, non. Au PSG, je voyais ma carrière en tant que milieu de terrain relayeur. Je pensais être décisif parce que je suis un milieu assez offensif. Mais décisif comme cette saison ? Non. Quand j’avais 17 ans au PSG je n’y pensais pas.
Ça ne vous a jamais traversé l’esprit d’être attaquant ?
Non, à la limite j’ai joué milieu offensif droit, gauche ou ailier, ca pouvait me parler mais en tant qu'attaquant central, faux neuf, à 17 ans je n’y pensais pas.
On dit souvent que les milieux sont obsédés par la passe et les attaquants par le but. Aujourd'hui les deux vous font plaisir ?
Je pense que les deux me font plaisir. Pour moi, celui qui marque et celui qui fait la passe décisive sont tous les deux aussi importants. Avant, dans mes années de formation, j’étais focalisé sur la bonne passe, on me disait “pourquoi tu ne tires pas ?” C’est ma nature en fait, je préfère donner que prendre pour moi même. Quand on a un poste aussi décisif qu’attaquant, c’est clair qu’on demande de marquer plus de buts et c’est normal.
On a vu beaucoup de rumeurs sur vous ces derniers temps. On a entendu les dirigeants de Leipzig dire qu’ils voulaient vous garder et on vous a peu entendu sur le sujet. Comment vous voyez l’été ?
Il y a beaucoup de paramètres. Avoir des grands clubs qui se renseignent sur moi c’est très flatteur mais le fait que Leipzig fasse tout pour me garder c’est aussi très flatteur. Je ne vais pas aller au clash cet été, il n’y a pas de raison. Si un projet est de bon augure pour moi et le club, ça se passera. Mais dans tous les cas si je fais une année de plus je suis tout aussi heureux. Il n’y a pas de soucis là-dessus.
A chaque interview, on vous pose une question sur le PSG, Il n’y a pas un peu de lassitude qu’on vous parle toujours du PSG ?
Pas de lassitude parce que c’est un club que j’aime et que je serai toujours lié au PSG car je suis formé là-bas, j’ai fait onze ans là-bas. Comme je l’ai dit, je garde que des bons souvenirs là-bas, ils m’ont beaucoup donné. C’est mon premier contrat professionnel, mes premières minutes, mes premiers buts. Je serai toujours lié au PSG quoi qu’il arrive.
Comment s’est passé le rassemblement en Equipe de France ? Comment vous avez pris ces premières semaines au mois de mars ?
C’est un moment vraiment émotionnel pour moi. J’ai beaucoup travaillé pour être appelé une première fois. J’ai vécu ce moment avec le match de la Côte d’Ivoire au Vélodrome dans un grand stade avec beaucoup de supporters et le deuxième match contre l’Afrique du Sud à Lille. C’était un grand moment devant ma famille, je ne retiens que du positif.
Vous avez dit que vous avez fait de bonnes choses et de moins bonnes à ce moment-là, c’est quoi exactement les bonnes et moins bonnes choses sur le terrain ?
En termes de performances, j’en ai fait des meilleures cette saison mais la sélection c’est pas du tout le club, il y a des automatismes à prendre, des habitudes à avoir entre les joueurs. Je suis dans cette étape là, d’essayer de m’adapter aussi. J'espère que ça va aller progressivement dans le positif.
Est-ce que c’est dur quand on a un tel statut en club, qu’on est le meilleur joueur de son championnat et qu’on arrive en sélection qu’on a pas le même statut ? Sur le terrain on doit avoir un rôle différent non ?
Pas forcément, le plus important c’est de jouer l’esprit libre. Après le faire c’est plus compliqué parce qu’en club ce n’est pas les mêmes automatismes. A moi de m’adapter et je pense que tout ira bien par la suite.
On avait l’impression de voir un joueur sans pression. C’était réel ?
Clairement, je n'avais pas de pression. J'avais une bonne pression de porter le maillot bleu et c’était surtout de la joie. Mais je n’avais pas de pression négative qui m'ait crispé.
En revenant en club ensuite, on dit souvent que c’est plus compliqué pour les joueurs qui reviennent en club, ils sont plus observés par la concurrence, les clubs aussi, les coéquipiers attendent plus que vous. C’est ce qu’il s’est passé à Leipzig ?
Je pense que c’est ce qu’il s’est passé. Mais j’étais concentré sur mes objectifs, le club avait besoin de points et de remonter au classement. J’avais pas le temps de penser qui me regarde, j'étais focalisé sur mes performances pour aider l’équipe au maximum pour pouvoir se qualifier en Ligue des champions la saison prochaine et c’est ce que j’ai réussi à faire avec toute l’équipe.
Revenir en Equipe de France, ça valide un nouveau palier pour vous ?
Ça veut dire tout simplement que je suis dans la continuité et qu’il faut y rester. Comme je l’ai dit, le plus dur ce n’est pas d’y aller une fois mais d’y rester à long terme. C’est l’objectif et j'espère que je serai là le plus longtemps possible.
Forcément la Coupe du monde est plus proche aujourd’hui qu’elle ne l’était en novembre dernier…
C’est sûr. Parce que je suis là aujourd'hui mais après les vacances, il y a une autre sélection et après le mois de novembre et beaucoup d'échéances avec le club et en sélection. C’est plus proche mais c’est encore assez loin.
(François Rodrigues, son formateur au PSG) Quel est le souvenir qui t'a le plus marqué positivement et négtivement ? Parce qu'on a pas eu que des bons souvenirs.
On a échangé par messages, mais je ne l'ai pas revu depuis. Mais ça fait plaisir de l’entendre parce que dans ma formation, c’est le premier coach qui m’a dit “écoute, prends tes responsabilités dans l’équipe.” Le meilleur moment c’est en Youth League quand on va chercher la finale. On fait un gros match contre le Real, on gagne 3-1 et après je pense que c’est toute la campagne. On a pas gagné mais on a fait une très belle campagne. Le pire moment je crois que c’était une fois en amical on jouait contre une équipe de France, celle de la génération 1998, et c’était ma deuxième année de U17. A un moment, on ne jouait pas très bien et j’étais frustré. Il me fait une réflexion et je le regarde et lui répond. Il m’attrape dans les vestiaires et il a parlé comme s’il avait mon âge. Je ne vais pas dire ses mots ici mais en gros il disait si tu veux qu’on se la mette, on sort et on y va. Ça prouve sa sincérité et son caractère. Avec moi, il a été honnête de A à Z et m’a poussé d’une manière dont on ne m'avait jamais poussé avant. Toutes les responsabilités, les coups de pied arrêtés, les pénaltys, les coups francs… J’ai beaucoup progressé avec lui.
(François Rodrigues, son formateur au PSG) Compte tenu de ton niveau de performance, tu pourrais me battre au tennis-ballon ?
Il est vraiment fort au tennis-ballon avec sa patte gauche. J’ai progressé aussi. J’ai jamais gagné contre lui mais je pense que j’ai ma chance.