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Le Bayern, les Bleus, son avenir... l’interview intégrale de Pavard chez Rothen s’enflamme

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Le défenseur de l’équipe de France Benjamin Pavard était l’invité exceptionnel de Rothen s’enflamme sur RMC ce jeudi. Il est notamment revenu sur l’élimination du Bayern Munich contre Villarreal, évoqué son poste préférentiel ou encore parlé des Bleus.

Tu es en vacances, en profites-tu pour te reposer avant les Bleus ?

"Oui, un peu, j’en ai profité pour aller au festival de Cannes que j’ai découvert. C’était une nouvelle expérience pour moi. J’en ai un peu profité mais j’ai beaucoup travaillé aussi pour être prêt et en forme pour l’équipe de France."

>> Les podcasts de Rothen s'enflamme

Il y aura quatre matchs en quinze jours avec l’équipe de France…

Je me suis très bien préparé. J’ai hâte de retrouver les gars parce qu’il y a vraiment très bonne ambiance. Porter ce maillot bleu, c’est un rêve de petit. À chaque fois que j’y vais je suis le plus heureux.

Comment juges-tu ta saison individuellement ?

Je trouve que j’ai fait une bonne saison. Au début de saison j’ai eu une blessure, j’ai eu du mal à m’en remettre. J’ai pris du temps mais depuis novembre je me sens vraiment bien physiquement, aussi dans ma tête. Je suis monté en puissance. Je suis très content de ma saison.

Dans un club comme le Bayern Munich qui doit tout gagner chaque année, comment se remet-on de cette claque reçue contre Villarreal en C1 ?

Il faut passer à autre chose. Encore maintenant je suis très déçu de cette élimination, pour moi on devait passer. Pour ma part, je n'ai pas pris (Villarreal) de haut. Pour moi c’est une faute de ne pas passer, on devait être en demi-finale. C'est le football, il faut passer à autre chose. On sait les exigences qu'il y a au haut niveau. Au Bayern, il faut gagner au minimum le championnat. C’est une saison correcte mais j’espère que la prochaine sera mieux.

Vous avez changé d’entraineur au début d’année. On a entendu pas mal de louanges, à juste titre, sur ce jeune entraineur Julian Nagelsmann. Qu’en as-tu pensé et quelle relation as-tu avec lui ?

C'est un tacticien, je trouve que c'est un très bon entraîneur. En plus, il est jeune mais correspond absolument très bien à la philosophie du Bayern Munich. On joue ultra offensif, on est quasiment trois à défendre tous les matchs. C'est ce qui me plaît et c'est pour ça que je suis au Bayern Munich.

Ça te plairait un projet comme celui du Paris Saint-Germain ?

Je suis très heureux au Bayern Munich, c’est un des meilleurs clubs du monde. C'est vrai que Paris est très bon club avec très bon projet. Mais je ne me pose pas la question.

Comment est perçu le PSG en Allemagne ?

Comme un top club, un très bon club.

Tu as vu arriver Aurélien Tchouaméni en équipe de France. Il n’a plus le même statut depuis quelques mois et n’est pas loin d’être aujourd’hui un titulaire, non ?

On s’est envoyé quelques messages parce qu’on a eu le même coach, Nico Kovac. Il m’a demandé des renseignements sur lui. Quand Il est arrivé en équipe de France, il a directement montré son talent et continue encore de le montrer avec Monaco et en équipe de France. Il est très performant. Je continue à suivre la Ligue 1 dès je peux. C’est vraiment un très grand joueur. De là à dire qu’il va aller à Paris ou au Real Madrid, je ne le sais pas. Je suis sûr qu’il va faire le meilleur choix.

Il t’impressionne par sa gestuelle, sa qualité technique, son physique ?

Il est très serein, je trouve, sur le terrain. C’est ce qui m’a impressionné. Il est jeune mais on a l’impression qu’il est là depuis longtemps. Au quotidien Il a toujours le sourire et sur le terrain est toujours à 100%. Il reste humble, depuis que je connais c’est le même. Je pense qu’il ne changera pas parce que c’est sa façon d’être.

Quel est pour l’instant le plus grand entraîneur que tu aies eu ?

Ils m’ont tous apporté quelque chose. Je ne remercierais jamais assez René Girard parce que c’est lui qui m’a lancé à 18 ans. Je le remercie encore, on s’échange quelques messages parfois. Après je dirai Hansi Flick et le coach Deschamps. Flick pour le sextuplé et le coach Deschamps parce qu’il m’a pris alors que quasiment personne ne me connaissait. Je jouais à Stattugart, j’avais joué une saison en Ligue 2 avant de venir en équipe de France. Il m’a donné sa confiance directement. On a vraiment une bonne relation. Il m’a fait goûter à l’équipe de France. C’était un rêve de gosse. Nagelsmann ? J’apprends encore à le connaître. C’est un très bon coach, il est très jeune.

Dans quelle position te sens-tu le mieux et veux-tu te figer à une position ?

Je suis au service du collectif. Après c’est vrai que je veux jouer défenseur central parce que c’est mon poste depuis les U19 ou Stéphane Dumont m’a mis avec le brassard de capitaine. C’est là où j’ai su que c’était mon poste et où je me sens le plus épanoui. J’ai beaucoup appris en jouant latéral droit bien que ce ne soit pas mon poste. Sur le terrain je me sens à l’aise. Défenseur central, c’est mon poste et c’est où je veux jouer.

Préfères-tu jouer dans une défense centrale à deux ou à trois ?

Tant que je joue dans l’axe, ça va. C’est vrai qu’à trois, c’est intéressant parce que quand tu as le ballon, tu es en supériorité numérique. C’est plus facile. C’est ce que j’aime faire, je prends beaucoup de plaisir à défendre et à jouer au ballon.

Tu as gagné les plus grands titres en étant latéral droit…

Maintenant il faut que je gagne en étant défenseur central !

Avec le coach Nagelsmann, on joue avec une défense à trois. Je me sens vraiment bien, il m’a donné la confiance. Cela fait cinq-six mois où je me sens vraiment épanoui à ce poste-là. Je suis au service du collectif, si on me dit ‘pour l’équipe tu es mieux à droite’, alors je vais jouer à droite.

As-tu fait savoir à tes entraîneurs que tu ne souhaitais plus jouer piston droit comme cela a pu être le cas en équipe de France ?

J’en ai parlé avec le coach Nagelsmann pour dire (qu’au poste de) latéral droit, je veux bien dépanner parfois. Mais mon véritable poste c’est défenseur central. Il m’a répondu ‘ok’. Il m’a fait jouer à ce poste-là, j’ai su répondre présent. Tant mieux pour moi, je me sens bien et c’est le plus important. Deschamps ? J’ai écouté la dernière conférence de presse et le coach a dit qu’il me prenait pour jouer dans l’axe, j’étais content.

Le Bayern Munich a parfois joué très offensif, avec Coman et Sané dans les couloirs. En tant que défenseur, comment as-tu vécu cette période avec Nagelsmann ?

C’est sa façon de jouer. On adhère parce qu’on est souvent très porté vers l’avant, derrière c’est que du un contre un. Si tu es éliminé, après tu es vite en difficulté. J’évolue avec lui, je gagne mes duels. En plus de ça, c’est un super coach qui met en confiance tous les joueurs. C’est la façon de jouer du Bayern. Tant que je suis sur le terrain ça me convient.

Comment Didier Dechamps, après l’échec de l’Euro, s’est réinventé pour qu’aujourd’hui ça se passe très bien ?

Il est resté le même, serein, toujours proche de ses joueurs. Le coach Deschamps, c’est comme José Mourinho, t’es obligé de te mettre par terre, te mettre minable. T’as envie de gagner des titres. Quand tu as des coaches comme ça, tu peux mourir sur le terrain. Il te donne la confiance, tu as envie de lui redonner. Ce sont des coachs où tu peux te mettre le cul par terre.

Quel genre de relation entretiens-tu avec tes entraîneurs ?

Je suis plutôt quelqu’un qui aime bien parler avec les entraineurs s’ils ont quelque chose à me dire. J’adore me sentir important aux yeux des entraîneurs. Tout le monde n’est pas comme ça. Le coach Deschamps l’est. Le coach Naglesmann m’a lancé quelques piques au début de l’année, j’ai bien rebondi aussi. Je ne me pose pas de question. Je suis plutôt tranquille même si je commence à prendre un peu plus la parole au Bayern Munich. Forcément, en étant défenseur central, t’es un peu obligé de diriger devant toi ou sur les côtés. J’essaye d’être moi-même, de montrer sur le terrain.

Comment as-tu vécu la période Covid ?

C’était très compliqué pour moi aussi pour plein de personnes qui se retrouvaient seules. Je n’étais pas dans mon pays, ma famille et mes amis me manquaient énormément. C’était très compliqué mentalement, ça s’est ressenti sur le terrain, j’ai mis du temps à revenir à mon niveau. Maintenant je suis revenu, le Covid c’est un peu derrière nous.

As-tu un peu été livré à toi-même ?

J’étais tout seul. J’avais souvent mes amis au téléphone et ma famille qui me remontait aussi le moral. C’était très compliqué, je ne suis pas le seul à l’avoir vécu. C’est derrière moi, je vais beaucoup mieux. Je me sens épanoui sur le terrain. Jouer dans les stades vides, ce n’est pas évident. J’avais l’impression de jouer des matchs amicaux. Ce n’était pas évident, on a retrouvé du public. Cela fait du bien, pouvoir célébrer avec le public, le douzième homme est très important.

Tu es en fin de contrat en 2024, il te reste deux ans. Quelle est la situation ?

Pour l’instant, je me sens bien. Je ne me pose pas de question, il me reste deux ans de contrat, on verra. Je suis content là-bas. En plus il y a pas mal de Français. On se connaît depuis longtemps, il y a une bonne ambiance. On essaye de faire des petites choses, après eux ils ont une femme, moi je n’en ai pas (rires). Ils ont leur femme, leurs enfants, on essaye de se faire des petites bouffes ensemble.

Comment un jeune entraîneur, dans un vestiaire qui a tout gagné, fait pour être respecté ?

Je vais dire que c’est sûrement la mentalité allemande, de toujours vouloir gagner chaque match quel que soit l’entraîneur. Passer derrière Flick c’est compliqué parce qu’on a gagné tous les titres avec lui. On le connaissait de Hoffenheim et de Leipzig où il a eu de très bons résultats. C’est juste une question de respect. Il est pareil que nous, on joue au football pour gagner des titres. On a la même philosophie de jeu, on est portés vers l’avant. Il y a du respect pour les anciens, on veut toujours gagner.

Crie-t-il beaucoup dans le vestiaire ?

Oui, la première fois je me souviens qu’il fait le speech et commence à gueuler. J’étais surpris, tout le monde a rigolé (rires).

Sais-tu où tu finiras ta carrière ?

Je ne me pose pas de question sur où je vais finir ma carrière, après ça va dépendre de mon corps, comment il va réagir. J’ai 26 ans, j’espère que ce sera dans longtemps. La Bundesliga, j’aime bien. J’ai goûté, on ne sait pas ce que l’avenir me réserve.

Aimerais-tu découvrir un autre championnat ?

Je n’ai pas gagné en France, il faut que je gagne en France. Si l’occasion se présente et que je peux gagner en France pourquoi pas. Je suis ouvert à tout. J’ai encore deux ans de contrat, j’espère encore gagner de nombreux titres.

Te sens-tu l’âme d’un cadre en équipe de France ?

Des gens sont là depuis plus longtemps que moi, Hugo (Lloris), Raph (Varane), il y avait Olivier (Giroud), Blaise (Matuidi). Plusieurs ont plus de vécu que moi et sont depuis plus longtemps que moi en équipe de France. D’autres leaders s’expriment. J’essaye d’apporter ma pierre à l’édifice et montrer sur le terrain. Je ne me sens pas un petit mais pas encore un leader.

Comment te positionnes-tu au sujet des droits d’images en sélection ?

Je pense que c’est positif. Je préfère parler de football que d’images. On va avoir une réunion tous ensemble. On va pouvoir parler avec la fédération et le président. On va discuter tous ensemble et on prendra une décision.

Pourrais-tu rejoindre un jour le Borussia Dortmund ?

Je suis très heureux au Bayern Munich. Si un jour je devais partir ça ne serait sûrement pas à Dortmund malgré tout le respect que je dois à ses fans fantastiques. Je suis bien à Munich. Je connais l’Allemagne, j’ai fait Stuttgart qui est une grande famille avec ses supporters exceptionnels. J’étais un petit enfant et je suis devenu un homme là-bas grâce à eux.

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