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"N’importe quoi depuis cinq ans": Oughourlian dénonce une gestion "catastrophique" des diffuseurs par la LFP

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Invité ce lundi de l'émission l'After Foot sur RMC, Joseph Oughourlian est revenu sur la crise des droits TV et les problèmes de diffusion entre la LFP et DAZN.

À l'heure où de nombreux supporters peuvent s'inquiéter de la gestion de leur club et de la vision pour le futur, ceux de Lens semblent en bonne position. Après avoir réalisé plusieurs belles ventes pendant le mercato hivernal, Joseph Oughourlian a assaini les finances du club artésien et a préparé les Sang et Or à digérer la nouvelle crise des droits TV entre DAZN et la LFP. Dans la foulée des fuites diffusée par l'émission Complément d'Enquête, le dirigeant a semblé lucide sur la situation de la Ligue 1. Invité ce lundi de l'After Foot sur RMC, l'homme d'affaires a abordé sans se cacher les difficultés autour de la diffusion du championnat.

"Il y a de l’inaction et cette espèce de cécité et cette incapacité à voir le problème et à prendre des mesures. J’ai découvert que DAZN a interpellé la Ligue en décembre et qu’ils n’ont pas eu de réponse avant la mi-janvier", a notamment regretté le propriétaire du RC Lens. "C’est évident ou ça l’était depuis le début parce que la proposition de DAZN ne faisait ni queue ni tête d'un point de vue produit et surtout de prix. Mais c'était évident après trois ou quatre mois dans la saison qu'on allait avoir un problème."

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Avant de continuer: "Si vous avez vendu 300.000, 400.000 ou 500.000 abonnements en début de saison, ça va être compliqué d'arriver au million et demi. Parce que ce n'est pas en avril ou en mai que vous allez vendre des abonnements pour la saison 2024-2025. Toujours est-il que quand on voit le diffuseur en détresse et l'explosion du piratage, qu'il vient vous voir en faisant des signes et qu'il y a de la fumée qui sort de partout, on se dirait qu'il faut prendre le taureau par les cornes et s'asseoir avec lui. Là, on a fait ce qu'on a fait avec trois de nos quatre derniers diffuseurs: on l'a assigné au tribunal de commerce."

Oughourlian dénonce une gestion "catastrophique" des diffuseurs par la LFP

Malgré les difficultés de DAZN pour séduire le public français, la LFP de Vincent Labrune a décidé de rester ferme auprès de la plateforme britannique afin d'obtenir le paiement de l'intégralité du contrat (autour de 400 millions d'euros par saison) pour huit matchs de Ligue 1 chaque week-end. Au point d'entamer un bras de fer juridique avec le principal partenaire de l'élite.

"Juridiquement on a raison, on a raison sur toute la ligne. Il y a un contrat, ils ont signé le contrat. Très bien, et je suis le premier à dire qu’il faut honorer les contrats. Mais moralement, et d’un point de vue d’affaires et de relation d’affaires, la stratégie de gestion des diffuseurs est catastrophique. Elle est catastrophique, à commencer par cette espèce de changement constant de diffuseur. Là, avec DAZN, je pense qu’on a atteint le summum. Là je pense que la plupart des gens ont dit - et je les comprends - 'laisse tomber'."

"Les clubs, on se retrouve devant le minimum garanti"

Le patron du RC Lens a poursuivi ses critiques sur la gestion du cas DAZN par la LFP et a regretté le manque de visibilité pour les clubs de Ligue 1. Selon lui, c'est mises devant le fait accompli, et sans vraiment pouvoir en discuter, que les formations de l'élite ont validé l'option DAZN au mois de juillet.

"C’est le drame et c’est pour ça qu’on a changé de diffuseur et c’est pour ça qu’on a fait n’importe quoi depuis cinq ans. Parce qu’en fait les clubs, on se retrouve devant le minimum garanti et on dit: 'Oui on prend'. Mais on ne regarde pas ce que fait le type derrière avec le produit ou à quel prix il le vend derrière au consommateur", a encore pesté celui qui dirige un important groupe de médias en Espagne. "Mais c’est ton produit et c'est toi que tu vends. Le 14 juillet, il n’y a pas eu plus de discussion que cela parce qu’on m’a dit que c’était fait et déjà discuté."

"Le 14 juillet c’est trop tard: circulez il n’y a rien à voir."

Oughourlian agacé par ceux qui croyaient au "père Noël" du Qatar

Et si DAZN se retrouve en difficulté avec des droits TV difficiles à vendre, c'est aussi parce que les clubs ont longtemps attendu avant de trancher en faveur de la plateforme britannique. Et pour cause, comme leur avait laissé espérer la LFP, ils imaginaient beIN Sports se positionner avec une offre XXL pour la Ligue 1. Une offre qui n'est finalement pas arrivée sur la table.

"On peut tous espérer et croire au père Noël. Mais à un moment donné, il faut quand même se poser la question. Parce que le deal qui était attendu avec le Qatar a effectivement retardé des échéances, puis nous a amené de manière surréaliste à nous retrouver le 14 juillet à discuter du diffuseur alors que le championnat reprenait le 7 ou le 8 août", a ensuite fustigé Joseph Oughourlian au micro de l'After Foot. "Le deal avec le Qatar, quand on regardait ce qu'on nous disait ou nous annonçait c'était 800 millions d'euros sur les droits domestiques, je crois."

Avant de conclure: "Mais pourquoi est-ce que le Qatar ou beIN ou l'émir auraient accepté de perdre 300 millions ou 400 millions par an sur quatre ans? Parce que c'est quelque chose avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 500 millions environ. Donc pourquoi est-ce que le Qatar allait dire qu'il avait envie de mettre 1,5 milliard sur la L1 juste parce qu'il nous trouvait sympathique ou parce que l'émir a dit qu'il fallait mettre 1,5 milliard sur la L1? Je n'étais pas dans ces discussions mais la seule chose que j'ai dit très tôt à Vincent Labrune, c'est que je ne croyais pas au père Noël. Je lui ai dit de mettre une ligne rouge à un moment donné en disant que passée cette date, on passerait à autre chose."

Jean-Guy Lebreton avec l'After Foot