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Manchester City-Arsenal: comment Arteta s’est émancipé de Guardiola pour trouver son propre style avec les Gunners

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Arrivé sur le banc d'Arsenal en décembre 2019 alors que le club londonien était en pleine tempête, Mikel Arteta a redressé la barre avec les Gunners au point d'en faire, cette saison, des candidats crédibles au titre en Premier League. Le tout en s'afranchissant - un peu - des préceptes de son mentor à City Pep Guardiola, qu'il retrouve ce mercredi (21 heures) pour un choc au sommet.

Depuis plus de trois ans, chaque affiche entre Manchester City et Arsenal - en championnat ou en Cup - est l'occasion de rappeler le lien presque filial qui unit les deux managers, avec d'un côté le maître Pep Guardiola, et de l'autre l'élève Mikel Arteta. L'affrontement qui se profile ce mercredi soir entre Gunners et Cityzens (21 heures) à l'occasion de la 33e journée de Premier League n'échappe pas à la règle. Sauf qu'une petite chose a évolué entre temps: cette fois, le Basque est en position de battre le Catalan dans l'un de ses objectifs, en lui volant sa couronne de champion.

Premier avec cinq longueurs d'avance - mais deux matchs de plus - sur City, le club londonien sait que cette position avantageuse est en sursis, surtout après trois matchs nuls consécutifs. D'autant qu'à l'inverse, Erling Haaland et ses partenaires sont dans une dynamique totalement opposée qui fait presque froid dans le dos. Les Skyblues sont invaincus lors de leurs 15 derniers matchs toutes compétitions confondues (12 victoires, trois nuls) et rêvent de poursuivre cette belle série face à ceux qui osent titiller leur suprématie domestique.

Arsenal veut faire mentir les pronostics

Une statistique parle d'elle-même au moment d'aborder ce choc: les Gunners ne se sont plus imposés contre les Mancuniens en Premier League depuis le 21 décembre 2015. Une éternité qui incite les observateurs à ne pas croire plus que cela en la possibilité de voir les Gunners conjurer le sort ce mercredi à l'Etihad Stadium. Mais cette donnée peu flatteuse est loin d'avoir raison de celui qui a redressé la barre à la tête d'Arsenal depuis près de trois ans et demi.

Arrivé le 22 décembre 2019 sur le banc de l'Emirates Stadium, Mikel Arteta a déjà traversé nombre de péripéties qui auraient pu lui coûter sa place, comme lorsqu'à la fin de la saison 2020-2021, Arsenal manquait de se qualifier pour une coupe d'Europe pour la première fois depuis 1995. Soutenu par le board, l'homme de 41 ans a continué les travaux, faisant le ménage dans un effectif vieillissant et très bien payé, n'hésitant pas à se séparer de son capitaine (Aubameyang) pour faire émerger le leadership chez ses jeunes pousses. Allant même, l'été dernier, jusqu'à chiper deux joueurs de Guardiola - Zinchenko et Gabriel Jesus- pour en faire des cadres loin d'être étrangers au succès actuel des Gunners.

Le style Arteta: de la verticalité, mais pas que

Dans le jeu aussi, le manager espagnol a repoussé les frontières du "Wengerball", jeu de possession et de projection dont était adepte l'ancien maître des lieux. Les Londoniens ont toujours le ballon (60% en moyenne depuis le début de la saison sur l'ensemble de leurs matchs), mais gèrent surtout mieux le rythme des rencontres. À la seule verticalité des attaques s'est ajoutée, sous Arteta, une capacité de pressing quasi constant et une récupération accrue des fameux "seconds ballons".

L'assise défensive est également plus établie, ce qui permet au système tactique des Gunners de mieux s'adapter lors des temps faibles. De la sortie de balle, jeu au pied, par le gardien jusqu'à la transformation du rôle de l'avant-centre en un mix entre pivot/meneur de jeu/finisseur, tout a changé à Arsenal. La ressemblance avec Manchester City, elle, n'a fait que se renforcer sur tous ces points-là.

La grande différence? Le turn-over. Pep Guardiola a aligné 15 de ses joueurs 15 fois ou plus en Premier League, quand 11 hommes ont été titulaires 18 fois ou plus pour son homologue londonien. Les Gunners tirent la langue en cette fin d'exercice, notamment avec la blessure de William Saliba, alors que les Cityzens sont capables de laisser Alvarez, Foden ou Mahrez sur la touche. L'écart en termes de profondeur de banc semble abyssal et constitue, peut-être, la prochaine étape à franchir pour Arsenal afin de rivaliser encore un peu plus sérieusement.

Effacer tout complexe d'infériorité contre City

"J'ai le sentiment que Mikel a changé la structure du club, a transformé beaucoup de joueurs, expliquait Guardiola en conférence de presse mardi. Il a été soutenu par la direction du club et c'est pour cela que le succès est présent. Mikel a emmené Arsenal dans une nouvelle dimension, ils sont très agressifs."

Si le Catalan n'hésite pas à parler publiquement de son ancien adjoint, l'inverse n'est pas tellement vrai ces dernières semaines. Complexe d'infériorité, ou moyen de ne pas se mettre davantage de pression en rappelant perpétuellement l'écart qui le sépare encore du Catalan? Chacun aura son avis. Quoi qu'il en soit pour Arsenal, il s'agira de ne surtout pas jouer la peur au ventre ce mercredi pour continuer à prétendre, encore, à un titre de champion qui lui échappe depuis 2004.

CMP