Natation (championnats de France): 30 nageurs bleus sélectionnés pour les JO de Paris 2024

Léon Marchand "soulagé" regarde avec gourmandise la possibilité de doubler 200m papillon et 200m brasse le même jour aux Jeux
Ce n'était sur le papier qu'une formalité pour Léon Marchand. Le quintuple champion du monde a remporté quatre titres et décroché quatre qualifications pour les Jeux olympiques sur 400m 4n, 200m papillon, 200m brasse et 200m 4n. Mais il l'avoue à l'issue de sa dernière course terminée vendredi dans la douleur, c'est "un soulagement". Débarqué en France une grosse semaine avant ces championnats et pas préparé, le Toulousain a eu du mal à se remettre de la fatigue du décalage horaire et des dernières semaines mouvementées aux Etats-Unis. "Pas dans l'état de forme que j'espérais", déplore Léon Marchand, qui affichait tout de même un large sourire. Maintenant, ça va être que du kiff et forcément je vais penser à Paris un peu tous les jours, parce qu'il faut que je me prépare pour".
"Les chronos aujourd'hui ne veulent pas dire grand chose compte tenu de sa fatigue, poursuit son entraîneur français Nicolas Castel. Ce qui m'intéresse c'est plus la façon de faire les choses." Et elle a été bonne. Avec comme principal enseignement à Chartres la répétition grandeur nature du doublé dans la même journée 200m papillo-200m brasse qu'il rêve de réaliser à Paris les 30 et 31 juillet. Examen réussi et son sourire au moment d'évoquer ce défi inédit en dit long sur son envie de tenter l'aventure. "C'est sûr que moi je kifferais faire les deux. Ça m'excite tellement de faire deux demi-finales et deux finales d'affilé aux Jeux olympiques... Ce serait top !"
Florent Manaudou et Maxime Grousset impressionnent
A 33 ans, Florent Manaudou a signé un retour tonitruant à Chartres. Le champion olympique 2012 du 50m nage libre, affuté, s’est qualifié pour sa course fétiche en signant le meilleur chrono depuis la reprise de sa carrière de nageur (21"52). A Paris, ce seront déjà les quatrièmes jeux du potentiel futur porte-drapeau. “ Oui ça commence à faire. On me voit toujours comme le petit frère de mais ça fait un petit moment que je suis là. Quatrièmes JO, 33 ans et à la maison donc j'ai hâte”, déclarait le nageur, heureux après sa qualification. Mais à Paris la Défense Arena, Florent Manaudou aura de la concurrence car Maxime Grousset le talonne de près. A Chartres, Maxime Grousset s’est rassuré en se qualifiant pour trois courses des Jeux olympiques: le 50 et le 100nl et le 100m papillon. Double médaillé sur la distance reine et champion du monde du 100m papillon, le nageur de l’INSEP peut rêver de médaille olympique à Paris. “Dans cinq je serai encore plus en forme. Je voulais nager plus vite ici mais Michel m’a dit de garder ça pour les Jeux olympiques.”
Les leaders au rendez-vous
Elle a remporté son contre la montre. Marie Wattel, sérieusement blessée à un genou en fin d'année dernière, s'est qualifiée pour les Jeux olympiques sur le 100m nl et le 100m papillon. "C'est fou, 2 épreuves, 100m pap et crawl, je vais faire les jeux avec les meilleures du monde, des filles qui m'inspirent c'est top." A 27 ans, la finaliste des derniers JO à Tokyo sur 100m papillon (6e) disputera ses troisièmes Jeux à Paris.
Ce sera une première sous ses nouvelles couleurs pour Anastasiia Kirpichnikova. La nageuse russe, naturalisée française en avril 2023, a réalisé le triplé 400m, 800m, 1500m. L'élève de Philippe Lucas sera l'une des outsiders pour une médaille sur le 1500m.
La France a bon dos
Les dossistes seront présents en nombre à Paris puisqu’ils sont cinq à s’être qualifiés aux championnats de France. Sans surprise, Yohann Ndoye-Brouard et Mewen Tomac se sont qualifiés sur les 100 et 200m dos et tenteront de décrocher leur première médaille olympique. Les deux français partent outsiders sur ces Jeux de Paris. Chez les femmes, dans les deux courses les plus disputées de la semaine c’est Emma Terebo (100 et 200m), Pauline Mahieu (200m) et Béryl Gastaldello (100m) qui décrochent leurs tickets pour les Jeux.
Avec leurs meilleurs vieux
Les anciens ont fait durer le plaisir, ou plutôt prolongé le stress... Sous les yeux de ses parents à qui elle interdit habituellement la présence en tribunes aux championnats de France, Charlotte Bonnet a décroché la qualification sur le 200m 4n (2'11"18), sur la dernière course de sa carrière dans un championnat de France, et disputera ses quatrièmes Jeux olympiques. "Je suis trop fière" a sobrement lâché la triple championne d'Europe en 2018.
Au bout du bout également Mélanie Hénique a réussi son pari de se qualifier pour le 50m nl. Ses troisièmes JO à 31 ans. "Je suis tellement contente, c’est un soulagement. J’en ai chié toute la saison, ça a été hyper dur à gérer mentalement. Mais je vais à Paris"
"Ça fait du bien d'avoir des anciens dans l'équipe !" Florent Manaudou, le capitaine des Bleus, fait le pied de grue pour féliciter Damien Joly. Lui aussi a dû serrer les dents jusqu'à sa dernière course pour décrocher son ticket pour Paris sur 1500m. "Ça fait huit ans que j’attends de revenir aux Jeux, lâche le médaillé de bronze européen en 2022, qui avait raté la qualification sur le 800m. L'objectif est atteint, on va aux Jeux!"
Joly devancé sur ce 1500m par le revenant David Aubry, vainqueur également du 400m et du 800m. Trois titres et trois qualifications olympiques pour le seul médaillé individuel des mondiaux de 2019 mais qui derrière s'était blessé et avait traversé une période dépression. Le natif de St Germain en Laye s'entraîne désormais en Italie (avec Damien Joly qui l'a rejoint ces dernières semaines) et se projetais avec joie vers "les derniers réglages" pour les Jeux.
Fente Damers, Bricout et Secchi, les belles surprises
Il aura été à la fois l’image et la surprise des championnats de France. A 17 ans, Rafael Fente Damers s’est qualifié pour ses premiers Jeux olympiques sur le 100m nage libre. Heureux à la fin de sa course, le nageur franco-espagnol a frappé dans l’eau pour célébrer…et s’est luxé l’épaule. “J’ai déjà eu des blessures et à chaque fois je suis revenu plus fort après, ça va aller.” C’est donc le bras en écharpe que le jeune nageur est apparu pour la présentation de l’équipe de France aux Jeux. Il va entamer un processus de réathlétisation à l’INSEP dans les prochains jours.
Deux autres nageurs ont créé la surprise à Chartres. D’abord, le nageur prometteur de Philippe Lucas, Pacôme Bricout, 19 ans, qualifié sur le 800m après son titre de champion de France, son tout premier titre Elite en grand bassin. “J’ai vécu une année très compliquée. J’ai eu la mononucléose. Je ne pensais pas du tout décrocher ce ticket pour Paris. Mais maintenant j’ai hâte”, confiait le nageur, heureux après son titre. Le deuxième que l’on n'attendait pas forcément c’est Clément Secchi, qualifié sur le 100m papillon. Avec sa deuxième place derrière Maxime Grousset, il prive Mehdy Metella des Jeux de Paris. “C’est un rêve, un rêve d’adulte, parce que quand j’étais gosse, je ne m’autorisais pas à rêver de ça”, hurle de joie le nageur de Marseille. Repris en main par Philippe Lucas après sa dépression, Mehdy Metella passe les minimas, mais termine troisième et ne sera pas à Paris cet été.