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Natation (championnats de France): Florent Manaudou veut faire le poids

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Florent Manaudou a battu son record personnel sur 100m nl (47s90c) mardi en séries des championnats de France à Chartres. Un record qui datait de neuf ans, après un 50m papillon concluant dimanche où il s'est approché à trois centièmes de son meilleur chrono sur la distance. Le champion olympique de Londres en 2012 visera jeudi une quatrième qualification pour les Jeux olympiques sur son épreuve du 50m nl. Le 'gorille' comme il se surnomme avec son tatouage du puissant animal sur l'arrière du bras gauche s'est affiné physiquement avant ces championnats de France et en vue des JO de Paris. Allégé de près de huit kilos, mais toujours aussi puissant. La recette gagnante pour retrouver les sommets?

"Dis donc tu es affûté!" Au bord du bassin de Chartres, Marie Wattel salue son capitaine de l'équipe de France Florent Manaudou. Et ce n'est pas la seule à faire la remarque au colosse marseillais. La silhouette (très) massive du début de saison s'est un peu affinée.

"Je suis passé de 109 à 101 kg", détaille Manaudou. "Je pense que je n'ai jamais été aussi affuté".

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Ce n'était pourtant pas la direction de base. James Gibson son entraîneur principal souhaitait le voir se rapprocher des 110 kilos. "On a énormément travaillé sur la prise de force, détaille Yoris Grandjean son préparateur physique. Sa qualité première c’est la force et James Gibson voulait vraiment qu’il soit très costaud et il n’a jamais été aussi costaud."

Mais comme il le lançait à la cantonade en début de saison pour expliquer son échec des mondiaux de Fukuoka l'été dernier (éliminé dès les demi-finales), "sans maitrise la puissance n'est rien"... Et le très puissant Florent Manaudou ne maitrisait pas tout. Le contre-pied est pris en mars dernier.

"Je trouvais que j'avais énormément de force mais je n'arrivais pas à l'utiliser", explique Florent Manaudou. "Notamment sur la fin de course où je n'arrivais pas à 'déclencher'. Et donc j'ai un peu fait machine arrière en me disant que j'allais essayer de garder ma force en essayant de perdre du poids pour avoir un meilleur rapport poids puissance."

Terminé le grignotage entre les repas

Florent Manaudou s’est donc rapproché du poids de forme de sa première carrière entre 2012 et 2021, autour des 100 kilos. "On croit qu’il n’est pas gras mais il l’est quand même un peu", sourit Yoris Grandjean. "Surtout en début d’année où il n’était pas en mode à 100% compétition. Donc on ne s’en rend pas forcément compte mais c’est beaucoup de gras qu’il a perdu." Des kilos (qui ne paraissaient pourtant pas vraiment superflux) qui n'ont pas été compliqués à perdre. "Quand c'est moi qui décide, je n'ai pas trop de problème je le fais."

Alors le gourmand s'est un peu restreint: "Je ne mangeais pas forcément mal, mais je mangeais trop. Je connais mon corps assez bien et je n'ai jamais eu une hygiène de vie au niveau alimentaire très, très bonne. Donc ça a été assez facile. J'ai décidé de ne plus trop manger entre les repas. Le problème c'est que j'aime beaucoup manger (rire), c'est un plaisir, donc dès qu'il y a quelque chose à manger sur la table, je mange."

De la rigueur... Mais à la Manaudou tout de même. "On s’est fixé qu’il y ait 80% du temps où il fallait qu’il soit sérieux et 20% où il pouvait se lâcher un peu avec des 'cheat meal' où il se fait plaisir", raconte Grandjean. "Il ne peut pas être tout le temps à 100% sinon il devient fou, il pète un câble. Il fallait quand même ce côté où il se fait plaisir. Entre les repas, dès qu’il a de la bouffe, il grignote… Donc ça, il l’a vraiment limité. Mais il garde ses plaisirs, pizza et burgers. Il est très consciencieux sur les 80% du temps en mangeant très sain et très sérieux."

Plus léger... Mais toujours aussi puissant

Et le Manaudou allégé a pu constater que sa force, elle, n'avait pas fondue. "Avec mon poids de début d'année en musculation, je poussais 165 kilos en développé couché et 150 kilos en tirage. Je me suis dit je vais perdre du poids et on va voir ce que ça donne. J'ai soulevé 160 en développé couché assez facilement et 150 sur le tirage. Donc j'ai autant de force en pesant sept à huit kilos en moins. Et le fait d'avoir perdu de la masse musculaire m'a rendu un peu plus élastique, un peu plus mobile. Je construis tout ça pour être parfait au bout et être prêt les 1et et 2 août."

"Là il est fit de chez fit", reprend Grandjean. "Il a perdu un peu de muscle mais mon boulot ça a été de maintenir son niveau de force, qu’il n’en perde pas. Et que mentalement il reste confiant dans son niveau de force en transformant ça en puissance et en explosivité. On est restés sur le même rythme avec deux ou trois séances de musculation et deux ou trois séances de gainages en plus. C’est juste les modalités qui ont changé et sa rigueur à côté. Niveau force pure, force maximale, il est toujours aussi fort donc il se sent confiant."

Car montrer les muscles n'est pas qu'une question de force dans l'eau. "C’est son côté gorille et mâle Alpha", rigole Yoris Grandjean. "C’est moi le plus costaud c’est moi le plus fort. C’est sa force et il a besoin de se sentir supérieur musculairement, d’imposer. je suis là je mesure 2m et je suis très costaud. Ça lui donne de la confiance et de l’énergie. Je suis le mâle Alpha (rire)!" Florent Manaudou aimerait d'ici les Jeux redescendre sous la barre symbolique des 100 kilos. Comme en 2012 quand il avait surpris la planète en décrochant l'or sur 50m à Londres. "Petites privations" pour grands effets?

Julien Richard et Maria Azé, à Chartres