France-Galles: "Nous pouvons mieux jouer encore", explique Galthié après la démonstration en Angleterre

Uini Atonio fait son retour dans le XV de départ, Dorian Aldegheri sort du groupe après sa titularisation en Angleterre, pouvez-vous nous expliquer ce choix?
Déjà, Dorian passe des examens ce matin, puisqu’il est touché à symphyse pubienne et aux adducteurs donc il est indisponible. Quant à Uini, il est indispensable parce qu’il enchaine les performances avec l’équipe de France depuis deux saisons. C’est un joueur qui compte par son expérience, ses qualités intrinsèques: sa force en mêlée, il est sûrement le meilleur pilier droit du monde dans cet exercice. C’est un atout qui fait de lui un titulaire indiscutable, quand vous êtes le meilleur du monde à votre poste, ou dans les meilleurs, vous permettez à l’équipe de France d’avoir déjà des bases, et sur la conquête c’est déterminant, le rugby commence devant.
Nous avons entendu cette semaine que vous aviez toujours une main sur le trophée. Comment abordez-vous cette dernière journée du VI Nations?
Nous devons déjà nous concentrer sur nous-mêmes. Pour gagner le tournoi, il faudra être en position de battre le pays de Galles et ne pas se tromper d'adversaire. Le nôtre, c’est le pays de Galles. Il y a le match Irlande-Angleterre après le nôtre, mais nous nous concentrons sur notre match. Là on tient notre destin, après cela ne nous appartient pas.
Après la démonstration de Twickenham, existe-t-il un risque d'excès de confiance dans votre groupe?
Confiance, excès, c’est parfait. Risque, oui. Il ne faut pas oublier que les Gallois ont gagné le tournoi il y a 2 ans, et ils étaient en position de faire le Grand Chelem mais nous leur avons enlevé dans les arrêts de jeu. Ce n’est pas loin, deux ans. C’est une équipe avec des joueurs qui pour certains, ont fait trois Grand Chelems, qui ont gagné cinq tournois. Ils ont des joueurs à 100, et même 150 sélections. C’est une équipe qui m’a toujours impressionnée par ses vertus, avec des joueurs qui laissent leurs corps sur la ligne et qui a très longtemps martyrisé le XV de France. Donc se concentrer sur l’adversaire est pour nous la chose la plus importante. Le match à Twickenham nous a donné beaucoup de satisfactions, mais nous pouvons mieux jouer encore. Sans aucune prétention, en étant objectif, nous pouvons mieux jouer avec et sans ballon. Avec la justesse et l’intensité qu'on a mises, cela nous a ouvert des portes qui font penser que nous pouvons mieux jouer.
"Nous ne sommes pas au maximum de notre potentiel collectif"
Ce match samedi est le dernier officiel au stade de France, avant l’ouverture de la Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande le 8 septembre, y pensez-vous?
C’est vrai que c’est notre dernier rendez-vous à Saint-Denis, devant notre public dans le cadre d’une compétition. Nous ne nous projetons pas sur autre chose que le match de samedi. Pour être transparent, les joueurs connaissent le calendrier jusqu’au 28 octobre (jour de la finale de la Coupe du Monde, ndlr). Mais cela, c’est seulement pour visualiser, planifier, anticiper. Après le match, on va se dire au revoir, les joueurs repartiront dans leurs clubs où ils ont une saison à terminer. Tous ces éléments de manière rationnelle et pratique ont été partagés avec eux. C’est la seule chose que je peux dire sur le futur. Sur le présent, nous sommes encore en passe de pouvoir gagner le tournoi, même si cela ne nous appartient pas. Nous savons ce que l’on a à faire, et dimanche, nous passerons à autre chose.
Êtes-vous aujourd’hui là où vous vouliez être après 4 ans de mandat, notamment en termes d’expérience donnée aux joueurs?
Nous sommes en retard par rapport à ce que l’on espérait. Quatre ans plus tard, nous avons joué 35 matches, nous avions commencé avec une moyenne de 8 capes face à l’Angleterre en février 2020. Malgré notre volonté de travailler sur l’expérience collective, de prendre des joueurs et construire avec eux à travers la confiance un pacte engageant. Nous avons perdu quelques joueurs en route, avec des blessures. Nous avons toujours un ratio de 30% de joueurs absents sur blessures. Nous avons coupé la saison en deux, avec d’un côté le Tournoi et la tournée d'automne, et de l’autre la tournée d'été avec une équipe développement. Cela enlève trois à quatre sélections par an à certains joueurs "premium". Finalement chaque problème est une opportunité. Les tournées d’été ont permis de creuser le potentiel français, d’ouvrir des portes et de donner à beaucoup de joueurs l’espoir de connaître le XV de France, ne serait-ce que trois jours. Nous avons pu voir 131 joueurs. Nous détectons chez eux le potentiel pour devenir de grands joueurs de l'équipe de France, c’est un investissement très fort de la FFR de les faire venir, les accueillir, les accompagner pendant ces trois jours. Meafou et Héguy sont les derniers à être venus cette semaine et ils ont découvert des choses et surtout, ils ont l’espoir. Nous avons capé plus de soixante-dix joueurs, c’est-à-dire trois par postes et d’arriver avec une équipe de France avec une moyenne de quarante sélections. Ce n’est pas le cas. Nous sommes encore en dessous de toutes les nations majeures sur le nombre moyen de sélections et l’expérience collective. Nous ne sommes pas au maximum de notre potentiel collectif.
"Rencontrer l’Irlande nous a beaucoup apporté"
Avez-vous ressenti le besoin de recréer de l'émulation dans ce groupe?
Nous avons senti par moment qu'il pouvait y avoir le mot installer, le mot confort dans notre vocabulaire. C’est la nature humaine, la contagion. Ce qui est intéressant parce que l'apprentissage du chaos nécessite de la certitude, de la confiance en soi. Mais dans la compétition, dans l'émulation, cela peut créer une forme de pause, inconsciemment on en fait un peu moins, mais pour nous aussi le staff. Cette série de victoires nous a peut-être amené inconsciemment à perdre "le feu sacré", qu'il faut garder et entretenir. C'est notre challenge. Mais heureusement, nous avons rencontré la meilleure équipe au monde, l'Irlande, et cela nous a beaucoup apporté.
Avez-vous conscience, après la victoire en Angleterre mais aussi depuis le début de votre mandat, d’avoir suscité une folle attente dans l’optique de la Coupe du Monde?
C’est ce que nous voulions quand on a pris l’équipe de France. Nous avons réfléchi au sens que nous voulions donner à notre action : gagner des matches ; gagner des titres, pour le moment c’est au singulier ; et redevenir dans le top 3 mondial. Nous voulons rassembler, fédérer, partager. Jouer, c'est cela qui compte. Jouons…