
"Merci Roland-Garros, merci Monsieur Tennis": l’émouvant discours de Tsonga après son tout dernier match
Il fallait avoir le cœur bien accroché et quelques mouchoirs dans sa poche mardi après-midi, lors de l’hommage rendu à Jo-Wilfried Tsonga. Le Français de 37 ans a mis un terme à 17 ans de carrière pro après une dernière défaite contre Casper Ruud (6-7, 7-6, 6-2, 7-6) au premier tour de Roland-Garros.
Il fallait que je sois bon au milieu des plus grands joueurs de tous les temps et d'une génération de joueurs français sans égale. Je l'ai fait et aujourd'hui je suis heureux.
Pour célébrer l’ensemble de son parcours, une cérémonie avait été organisée et Jo-Wilfried Tsonga a prononcé un émouvant discours, qu’il avait rédigé sur quelques feuilles de papier. "Aujourd’hui est un grand jour pour moi. Le jour de dire au revoir à mon compagnon de toujours. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours rêvé d’être un grand sportif. Je voudrais remercier tous les gens qui m'ont permis de rester moi-même, le petit gars qui voulait devenir tennisman. J'ai eu la chance et la possibilité de le faire. J'espère qu'un jour, tous les enfants de cette Terre auront cette chance", a-t-il commencé, avant de poursuivre: "Il fallait que je sois bon au milieu des plus grands joueurs de tous les temps et d'une génération de joueurs français sans égale. Je l'ai fait et aujourd'hui je suis heureux", a continué le Français.

Jo-Wilfried Tsonga est aussi revenu sur sa relation parfois conflictuelle avec les médias. Sans amertume: "C'est vrai que je n'ai pas très bien vécu le jeu médiatique, qui faisait que c’était un jour mon jeu fabuleux, un jour mon revers, un jour mon mental de Français... J’étais un jour Suisse, un jour fils de père congolais, un jour Manceaux, un jour noir, un jour blanc, un jour sauveur, un jour héros national, un jour usurpateur, un jour décoré, un jour jeune, un jour vieux. Mais je remercie ces médias de m'avoir fait grandir, d'avoir développé mon auto-critique et mon deuxième degré."
Je suis devant vous sans ma raquette qui aura été ma meilleure amie pendant 30 ans. Devenir papa a rebattu les cartes de ma vie. Ma famille redevient ma priorité et j'espère que le monde s'apaisera comme je suis apaisé aujourd'hui.
"Je suis maintenant devant vous sans ma raquette qui aura été ma meilleure amie pendant 30 ans. Devenir papa a rebattu les cartes de ma vie. Ma famille redevient ma priorité et j'espère que le monde s'apaisera comme je suis apaisé aujourd'hui. Merci Roland-Garros, merci Monsieur Tennis. Je t'aime", a-t-il conclu.

Avant son discours entrecoupé d’applaudissements, ses proches sont venus le rejoindre sur la terre battue du Central. Ceux qui l’ont entraîné tout au long de sa carrière, ses parents, son frère, sa sœur, sa femme et ses enfants. De nombreux joueurs français étaient également présents: Gilles Simon, qui jouera dans la soirée contre Carreno-Busta, Benoît Paire, éliminé quelques minutes plus tôt, Richard Gasquet, Gaël Monfils et Pierre-Hugues Herbert.
Dans une vidéo diffusée sur l’écran géant, Andy Murray, Novak Djokovic, Rafael Nadal, Roger Federer lui ont aussi adressé un message.
Un des plus beaux palmarès du tennis tricolore
A l'issue de la rencontre face à Casper Ruud, le Norvégien avait lui aussi salué la grande carrière de son adversair du jour: "C'était un grand match, mais je préfère parler de Jo. Ce n'est pas à moi de parler d'ailleurs. (A Tsonga) Je ne veux pas gâcher ton grand moment. Tu as été une inspiration pour moi et pour beaucoup d'autres joueurs, partout dans le monde. C'est quelqu'un de fantastique, une personne adorable, même en dehors des courts. Il est exactement comme les joueurs de tennis devraient se comporter."
En 17 ans sur le circuit, Jo-Wilfried Tsonga a construit l'un des plus beaux palmarès du tennis tricolore, avec 18 titres (seul Noah a fait mieux), 45 victoires contre le top 10, au moins deux victoires contre tous les membres du Big 4 (Federer, Nadal, Djokovic et Murray), des quarts de finale joués dans les quatre Majeurs et une finale à l'Open d'Australie (2008). Sans compter une médaille d'argent en double avec Michaël Llodra aux JO de Londres en 2012 et des exploits en Coupe Davis, jusqu'au titre en 2017, avec ses compères Gilles Simon, Richard Gasquet et Gaël Monfils.