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"Il fallait envoyer le premier coup de poing dès la première minute": comment expliquer le fiasco de la France face à la Géorgie à l'EuroBasket?

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L'équipe de France a vécu une immense désillusion en étant sortie dès les 8es de finale de l'EuroBasket par la Géorgie, dimanche à Riga (80-70). Voici les clés pour comprendre cette immense débâcle.

Le 7 septembre 2025 fera date dans l'histoire récente du basket français. Et Riga, capitale accueillante mais finalement si cruelle, restera à jamais comme le théâtre de l'une des plus grosses désillusions de la sélection tricolore.

Pourtant largement favoris contre une équipe qui n'a jamais fait mieux qu'une 11e place dans un tournoi continental, les Bleus ont perdu pied contre la Géorgie, dimanche en 8es de finale de l'EuroBasket (80-70). Mais alors comment expliquer un tel naufrage? Éléments de réponse.

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● Parce que les Bleus ont laissé les Géorgiens prendre feu et confiance

On attendait Sandro Mamukelashvili et Goga Bitadze, les deux joueurs NBA de cette sélection géorgienne. Finalement, ce sont Tornike Shengelia et Kamar Baldwin, deux joueurs référencés en Euroligue, qui ont fait la chanson aux Bleus. Avec 24 points chacun, ils ont martyrisé la défense tricolore pendant toute la rencontre. Sans que les hommes de Frédéric Fauthoux et le staff ne réussissent à trouver la solution pour les arrêter. "À partir du moment où on court derrière le score en permanence, où les Géorgiens ont marqué des tirs de très haut niveau à la fin des 24 secondes, ils étaient en confiance et nous on n'a jamais réussi à avoir cette confiance-là", a regretté le sélectionneur tricolore après la rencontre.

Resté très calme face à la presse française dans les entrailles de la Riga Arena, environ 45 minutes après la fin de la rencontre, Fauthoux a aussi pointé un début de match manqué. "C'était la première fois de la compétition où on a laissé autant de pénétrations en début de match. On regardera pourquoi. Il faudra aussi discuter un peu avec les gars. Mais oui, une grosse déception parce qu'on ne s'est pas mis dans l'intensité nécessaire pour faire un match de cette importance-là", a confié le technicien tricolore.

Vite menés, les Bleus n'ont jamais réussi à réaliser de gros runs. Dès que la France semblait avoir inversé la dynamique, les Géorgiens en remettaient une couche. À l'arrivée, les vice-champions olympiques n'ont été devant que 3'51", contre 31'57" pour leurs bourreaux du soir. La faute à une défense trop perméable. "On n’a pas eu de réussite en attaque mais on ne défend pas bien donc… c’est devenu compliqué", a pesté Elie Okobo.

"Ils ont eu deux ou trois joueurs qui ont réussi leur match, oui. Mais c’était à nous de jouer plus dur non? Faire des fautes bien plus dures pour donner le ton", a insisté le joueur de Monaco.

● Parce que les Bleus ont connu une immense faillite à trois points

C'est la statistique qui fait (très) mal. Celle qui a précipité la chute des Français. Durant toute la rencontre, les Bleus ont arrosé derrière la ligne à trois points, avec un très vilain 6/36 (18%). Une maladresse fatale, d'autant plus avec l'excellent 10/18 de la Géorgie dans cet exercice. Aucun des artilleurs tricolores n'a su ajuster la mire, de Zaccharie Risacher (1/6) à Elie Okobo (1/5) en passant par Guerschon Yabusele (1/7), pourtant insolent de réussite longue distance lors de son carton contre la Pologne en poule (6/12). "Je ne peux pas l'expliquer", a assuré le capitaine des Bleus. "C'est le problème du shoot. Ça rentre certains soirs, d'autres ça ne rentre pas… C'étaient des bons shoots, on les a pris en rythme. On a bien lu les situations et essayé d'être agressifs."

Après la rencontre, même Mamukelashvili a admis que le sort aurait sûrement été bien différent sans cette faillite. "S'ils en avaient mis 3-4 de plus, le match aurait complètement changé", a lâché l'ancien coéquipier de Victor Wembanyama aux San Antonio Spurs.

"Il faut aussi poser la question aux joueurs. C'est eux qui tirent", a de son côté répondu Fauthoux au sujet de cette maladresse. Avant de développer: "On essaie de les mettre en confiance. On essaie de les rassurer. Je prends aussi ma part de responsabilité. Est-ce que j'aurais dû être dans le confort des joueurs? Il a fallu rééquilibrer l'équipe avant de partir. On a toujours été en train de reconstruire au sein du groupe", a-t-il encore avancé. Ce manque de réussite à trois points aura été une constante durant toute la compétition, avec un très faible 28% sur l'ensemble de l'Euro.

● Parce que le groupe a connu de multiples coups durs tout l'été

En mettant en avant cette difficile (re)construction du groupe pour expliquer le manque de réussite à trois points, Fauthoux fait évidemment référence aux multiples forfaits essuyés par les Bleus ces dernières semaines. Déjà privée de Victor Wembanyama, Rudy Gobert, Evan Fournier ou encore Mathias Lessort, l'équipe de France a perdu Vincent Poirier et Matthew Strazel dans la dernière ligne droite de la préparation… puis Alexandre Sarr au beau milieu de l'Euro. Avec seulement trois intérieurs, dont un seul pivot (Mam Jaiteh), la quatrième nation mondiale au classement Fiba n'a pourtant pas été dominée dans la peinture (18 rebonds offensifs, contre 4 pour la Géorgie). Selon Fauthoux, il était surtout difficile d'avoir des solides repères dans la hiérarchie offensive.

"On a toujours été en train de reconstruire au sein du groupe. Tout ça cumulé, c’était peut-être un peu trop dur pour nous tous", a regretté le coach français. "Si les forfaits sont un gros facteur d'explication sur le résultat final? Surtout les forfaits en cours de compétition (Strazel juste avant le début de l'Euro et Sarr). Les forfaits qu'on a eu en cours de route nous font mal, on a été obligé de rééquilibrer tout ça."

● Parce que cette équipe de France manquait tout simplement d'expérience

C'est la conséquence directe des nombreuses absences. Avec les forfaits de plusieurs leaders, combinés aux retraites internationales de monuments comme Nicolas Batum et Nando De Colo, cette équipe de France était en totale reconstruction et manquait de vécu à ce niveau de compétition. Avec 25,5 ans de moyenne d'âge, les Bleus étaient la plus jeune équipe de tout cet EuroBasket, phase de groupes comprise. Des 12 joueurs médaillés d'argent aux JO de Paris 2024 il y a tout juste un an, seuls trois étaient de cette aventure (Guerschon Yabusele, Bilal Coulibaly, Isaïa Cordinier).

"Bien sûr qu’on a manqué d’expérience!", a soufflé, à chaud, un Elie Okobo extrêmement remonté. "Il fallait envoyer le premier coup de poing dès la première minute", a insisté l'un des joueurs les plus expérimentés du groupe présent à Riga (27 ans, 51 sélections), en référence au début de match trop timide du cinq majeur. "Ce match, on le perd plus à l’expérience qu’autre chose", a approuvé Mam Jaiteh, auteur d'une rencontre solide (10 points, 7 rebonds). "C’est décevant car on a le sentiment qu’on leur donne la victoire. C’était une première pour beaucoup de joueurs." Et une première terriblement amère.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport