Le succès grandissant de "l'Etape du Tour de France", la cyclosportive qui se décline pour la première fois sur le parcours féminin

Samedi dès 6h30, 7.000 participants prendront le départ de la première édition de l’Etape du Tour de France femmes avec Zwift. Un effort dès l’aube puisque les cyclistes téméraires se lanceront sur les routes entre Chambéry et le Col de la Madeleine, quelques heures seulement avant les coureuses professionnelles. Pour la première fois, Amaury Sport Organisation décline donc sa cyclosportive à succès de l’Etape du Tour, dont les 16.000 places s’écoulent en deux heures sur le parcours masculin, à sa compétition féminine.
"C'est une épreuve qui est ouverte à tous, que ce soit pour les hommes et pour les femmes, mais sur un parcours un peu plus accessible, avec un peu moins de dénivelé, un petit peu moins de kilomètres que sur L’Etape du Tour copiant le parcours des hommes", souligne Pierre Mosin, chef de projet chez ASO (Amaury Sport Organisation).
30% de femmes au départ
"Depuis quelques années, on cherche sur l'Etape du Tour de France à féminiser nos pelotons. On est à plus de 30% de femmes au départ de l’Etape du Tour de France femmes avec Zwift donc cela porte ses fruits", poursuit-il. "Il s’agit de montrer à des femmes qui peuvent craindre de se lancer sur l'Etape du Tour de France qu'il y a des possibilités pour commencer, avant d'aller sur l'Etape du Tour de France qui est la reine des cyclosportives à l'international. 7.000 participants, c'est déjà une très grosse cyclosportive. En étant le même jour que les professionnelles, on est obligés de limiter le nombre de participants, mais je suis sûr que dans les années à venir on arrivera à augmenter ce nombre."
"On voit qu'il y a de plus en plus de stages de cyclisme pour les femmes, donc le développement d'une Etape du Tour de France femmes va dans le bon sens”, juge pour sa part Ségolène Thomas, la coureuse Saint Michel-Preference Home-Auber 93 qui était présente lors d’une journée de reconnaissance à laquelle RMC Sport a pris part il y a quelques semaines. "C'est vrai que l'Etape du Tour sur le format masculin est vraiment longue et dure, et ça pouvait repousser les femmes, mais aussi des hommes. Là, c’est un format plus accessible et cela permet aussi, puisque c'est le même jour que notre étape, de profiter de toutes les infrastructures qui seront mises en place, de participer vraiment à la fête du Tour de France."
117 km avec une variante possible
Le 20 juillet dernier, il n’y avait en effet que 7% de femmes participantes entre Albertville et La Plagne, sur un parcours de 131 kilomètres, avec 5 ascensions répertoriées et 4.500 mètres de dénivelé positif. Samedi, le parcours fait 117 kilomètres pour 3.540 mètres de dénivelé. Une variante est possible dès le premier col de Plainpalais pour "alléger" le programme: 98km et 3050m de D+. "Les participants pourront choisir le jour J en fonction de leur niveau du moment, pour celles et ceux qui ne se seraient pas forcément entraînés comme ils le souhaitent ou qui viendraient pour découvrir l'événement avant de faire l'année prochaine le parcours complet", expliquait Pierre Mosin.
Le succès de l’Etape du Tour de France, dans ses deux versions puisque l’événement samedi affiche aussi complet, repose sur son organisation dans des conditions uniques. "Aujourd'hui, nous sommes les seules cyclosportives en France à avoir les autorisations des préfectures pour évoluer sur des routes fermées et c'est une vraie force, c'est ce qui plaît vraiment aux participants. C'est de toute façon inimaginable d'avoir autant de cyclistes sur route ouverte ou semi-ouverte", estime Pierre Mosin. L’inscription pour l’Etape du Tour de France femmes était à 129 euros (avec un maillot de cyclisme offert).
Certains participants et participantes croiseront un cycliste avec une queue de tigre accrochée à l’arrière de son casque. Julien Tuninetti est l’un des capitaines de route, auxquels ASO fait appel pour encadrer le peloton de cyclosportifs. Il a déjà joué ce rôle sur l’Etape du Tour version parcours masculin ces trois dernières années.
"Notre rôle, c'est de surveiller la course à notre niveau: on va s'arrêter s'il y a quelqu'un qui est en panique, s'il y a une grosse chute. On va essayer aussi de prodiguer des conseils aux gens qui ne sont pas habitués aux routes françaises ou aux routes de montagne, de faire attention dans les descentes si on voit des trajectoires périlleuses, d’alerter sur les jets de papier éventuels, de conseiller à quelqu’un que l’on voit de très fatigué de s'arrêter à un ravitaillement, et surtout encourager quand on double ou quand on se fait doubler”, explique Julien Tuninetti.
Des cyclosportifs venus du monde entier
A 48 ans, et après une vingtaine d’années d’expérience des courses cyclosportives, d’abord comme simple participant, il a vu l’évolution du peloton. "J'ai vu évoluer le cyclo-sport à la hausse et dans le bon sens, avec tout ce qui va avec en termes d’organisation, les les tour-operators... Ce sont aujourd’hui des participants plus jeunes, des femmes en plus grand nombre et une clientèle étrangère qui change au fil des ans", détaille-t-il. "On a eu un flot d'Américains il y a une quinzaine d'années, beaucoup de Britanniques aussi à l'époque de (Christopher) Froome, c’est moins le cas aujourd’hui. C'est éclectique avec plus d'Asiatiques, de Sud-Américains. Certains ne sont jamais forcément venus en France ou dans les Alpes, et sont très inexpérimentés en montagne, fatigués par le voyage, et stressés parce que pour eux, ça va être une première."
La seule condition pour participer à l’Etape du Tour de France est d’être en bonne forme, mais ce capitaine de route expérimenté conseille d’avoir un minimum de pratique cycliste avant de se lancer. "Il faut faire 2 à 3 entraînements par semaine, et surtout participer à des courses de moins grande importance et de moins fort dénivelé, autour de chez vous, même si elles sont plates", avance Julien Tuninetti. "Au moins vous prenez un rythme de peloton sur 100 à 200 km. Et après, vous évoluez, vous montez en charge comme dans n’importe quel autre sport." Un pré-requis pour atteindre l’arrivée à 2000 mètres d’altitude au-dessus de Saint-François-Longchamps.
"C'est vraiment une belle Etape du Tour, qui entre directement dans le dur avec le premier col de Plainpalais après seulement 5 kilomètres. Donc pour ceux qui vont faire la cyclo, c'est sûr qu'il ne faut pas s'enflammer dès le départ parce qu'après c'est encore long", conseille la professionnelle Ségolène Thomas, dont le début de Tour de France a été gâché par une maladie et qui ne sera pas au départ samedi. "Il y a surtout le gros morceau, le Col de la Madeleine, plus de 18 kilomètres à 8%, donc ce que je conseillerais, c'est de garder ses forces. Il faut vraiment bien penser à s'alimenter, parce que dès le pied du Col de la Madeleine, on attaque des rampes qui sont vraiment raides, donc si on arrive déjà cramé, la fin de l'étape va être compliquée."
Les cyclosportifs devront parcourir l’Etape du Tour de France femmes en 8h51 maximum, avec des barrières horaires imposées au pied de l’ascension finale à La Chambre, et à Saint-François-Longchamps à 7 kilomètres de l’arrivée, en raison du passage des coureuses professionnelles du Tour dans l’après-midi.