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Des caisses vides, vraiment? Les revenus dont disposent les clubs de Ligue 1 avant le lancement de la chaîne LFP

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La Ligue de Football Professionnel a annoncé ce mardi le lancement d’une plateforme et d’une chaîne 100% consacrées à la Ligue 1 afin de mettre fin à la crise des droits TV. Mais si un certain flou demeure sur les futures recettes générées par cette initiative ambitieuse, les clubs de Ligue 1 disposent quand même d’autres revenus importants cette saison.

L’annonce par la LFP du lancement d’une plateforme 100% Ligue 1 pour diffuser le championnat de France a relancé les interrogations sur la viabilité financière des clubs de l’élite. Si plusieurs cadors comme le PSG ou Monaco et l’OM bénéficient toujours du soutien économique sans faille de leur propriétaire, d’autres formations de L1 tirent un peu plus la langue et s’attendent à une nouvelle saison compliquée. Mais malgré l’incertitude autour de la question des droits TV, les caisses du football français ne sont pas complètement vides, loin de là.

Combien peut rapporter la chaîne LFP grâce aux abonnés?

En se lançant sa chaîne et sa plateforme maison, la LFP prend un risque réel mais calculé selon les dirigeants de l’instance. L’objectif est clair: viser le million d’abonnés dès l’exercice 2025-2026 et continuer à grandir les années suivantes.

Avec un prix d’appel de 14,99 euros par mois avec un engagement d’un an, la LFP espère séduire un public nombreux. Les moins de 26 ans bénéficieront aussi d’un tarif réduit un peu plus tard dans la saison. Et si la plateforme trouve son public, ce que DAZN n’a pas réussi à faire en 2024-2025, les clubs pourraient se partager un joli chèque. RMC Sport a mis en place un outil pour essayer de prévoir combien la Ligue 1 pourrait engranger grâce à sa chaîne.

Un montant alléchant, qui garantira des revenus importants aux clubs malgré la prise en compte de divers impondérables tels que les charges, la TVA, la taxe Buffet, les coûts de production, la part de CVC, la commission des distributeurs…

Vers des accords de distribution pour la chaîne de la LFP?

Interrogé au lendemain de l’annonce du lancement de la plateforme de la LFP, Nicolas de Tavernost a confirmé auprès du journal L’Équipe les raisons de l’échec des négociations avec Canal +. Le patron de LFP Media s’est montré clair, la chaîne cryptée offrait 100 millions d’euros garantis pour la distribution exclusive de la chaîne 100% Ligue 1 sur son réseau.

Un montant jugé trop faible par la Ligue qui compte bien récupérer un chèque plus important via une distribution non-exclusive auprès d’autres partenaires. En particulier les plateformes (Amazon, DAZN, Max, etc.) ou les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) comme (Bouygues, Orange, Free, SFR) ou via les TV connectés.

Là encore, la LFP espère récupérer une rentrée d’argent supplémentaire via ces possibles accords avec une part fixe et de nouveaux abonnés parmi les clients des FAI et distributeurs. Difficile, toutefois, d’évaluer le montant exact que les clubs de Ligue 1 pourraient récupérer grâce à ces éventuels partenariats.

Le chèque de beIN à se partager

Si certaines futures rentrées d’argent sont un peu difficiles à évaluer clairement, la LFP et les clubs vont quand même bénéficier de revenus fixes. Et notamment via l’un de ses partenaires historiques. En refusant d’abandonner son match du samedi 17h, beIN Sports a privé la chaîne de la LFP de l’intégralité de la Ligue 1. Mais si, comme Nicolas de Tavernost l’avait annoncé à RMC Sport, cela ne durera qu’une seule saison au pire, cela s’accompagne d’une jolie contrepartie pour les clubs de Ligue 1.

Et pour cause, si DAZN a négocié la fin anticipée de son contrat de diffusion, beIN Sports continue de payer un total d’environ 100 millions d’euros pour une rencontre par journée de championnat (78,5 millions d'euros de droits TV auxquels s’ajoutent 20 millions d’euros de sponsoring). Reste encore à déterminer les conditions exactes de l’accord de sponsoring avec plusieurs entreprises qatariennes.

Mais avec ces 78,5 millions d’euros garantis, les clubs de l’élite ne seront pas sans le sous pendant la saison 2025-2026. Une enveloppe garantie sur laquelle les clubs de Ligue 1 ne vont clairement pas cracher face à l’incertitude autour des revenus dégagés par la plateforme de la LFP.

Le reliquat de DAZN à récupérer

Préféré à ses concurrents pendant l’été 2024, DAZN a finalement connu une saison mouvementée en Ligue 1. Rapidement en difficulté et en dessous de ses objectifs d’abonnés, la plateforme s’est même retrouvée en conflit avec la LFP pendant plusieurs mois. Au point de suspendre le paiement de ses traites pour les droits TV avant d’emmener l’affaire devant la justice.

Si l’entreprise britannique a finalement payé les 140 millions d’euros restants pour l’exercice 2024-2025, les clubs de Ligue 1 vont également récupérer 85 millions suite à la rupture anticipée du contrat entre DAZN et la LFP. Petit bémol, mais finalement assez classique, ce règlement se fera en plusieurs traites et non pas d’un seul coup.

Les droits TV internationaux (avec un gros bémol)

Entre le contrat de beIN Sports et la rupture avec DAZN, les clubs de L1 auront donc un minimum fixe de 185 millions d’euros à se partager en 2025-2026. Un montant auquel il faut aussi ajouter le montant des droits TV internationaux. Si le montant exact n’est pas connu, il se situe autour de 150 millions d’euros. Sur le papier, c’est donc une manne financière importante pour la LFP et les formations de l’élite.

Mais, une majorité des clubs de L1 ne touchera aucun centime grâce à la vente des droits de diffusion du championnat de France à l’étranger. Et pour cause, au moment de signer le deal avec CVC pour toucher 1,5 milliard d’euros du fonds pour 13% des recettes commerciales de la LFP, il a été convenu que seuls les clubs européens se partageraient les droits TV internationaux.

Pour ce qui est de la répartition de ces droits entre qualifiés sur la scène continentale, chaque club perçoit une part des revenus à hauteur du pourcentage de sa contribution à l’indice UEFA de la France sur les trois dernières saisons. On comprend mieux l’importance d’une qualification européenne chaque année pour certaines équipes de Ligue 1.

La question de la répartition entre les clubs de L1

Une fois les frais impondérables retranchés des recettes de la LFP, les clubs de Ligue 1 pourront donc se partager les bénéfices liés aux droits TV. Si le montant global reste encore inconnu, les conditions de répartition sont, elles, déjà fixées et prennent en compte cinq critères préétablis:

  • 30% à verser à parts égales entre les 18 clubs
  • 25% à verser selon le classement sportif de la saison écoulée
  • 5% à verser selon le classement sportif des 5 saisons précédentes
  • 20% à verser selon la notoriété du club
  • 20% à verser selon la Licence clubs, une sorte de cahier des charges où les bons élèves du championnat sont récompensés pour les conditions de développement du produit Ligue 1

Enfin, et même en cas d’accident industriel de la chaîne 100% Ligue 1 de la LFP, les clubs pourront se tourner vers le fonds d’urgence mis en place sous la présidence de Vincent Labrune.

Si l’instance avait puisé dedans pour aider certains clubs à payer des factures ou des salaires lorsque DAZN a refusé de payer ses traites pendant la saison 2024-2025, le fonds a été réapprovisionné depuis. En cas d’urgence, les formations de L1 pourront accès à une enveloppe globale d’environ 100 millions d’euros pour remonter la pente.

Jean-Guy Lebreton avec NP et LB