OL: pourquoi la DNCG a placé l'avenir de Lyon version Textor en "sursis"

Pendant un peu plus de 90 minutes ce mercredi matin, John Textor et deux cadres de l’Olympique Lyonnais ont été auditionnés par la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion). Le nouveau boss de l’OL a présenté, comme indiqué mardi par RMC Sport dans l’état des lieux des 54 jours de l’après-JMA, un budget remis totalement à plat et centré sur le foot au masculin puisque l’entité OL Féminin, va à terme être vendue à Michele Kang, déjà propriétaires d’une franchise à Washington. Le gendarme financier du football français a finalement placé l’avenir du club en "sursis", le temps de prendre une décision suite à la présentation de ce nouveau projet sportif rhodanien.
Une nouvelle donne qui demande "logiquement des pièces complémentaires" indique-t-on dans l’entourage de John Textor où l’on peut supputer un début de soulagement, tant les rumeurs fusaient sur un possible encadrement de la masse salariale, voire une interdiction de recrutement prononcée par l’instance qui a la main lourde en cette période.
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L’absence de qualification européenne fait mal à l’OL
D’autant que l’OL traîne encore les conséquences (souvent signalées à hauteur de 100 millions d’euros…) de l’arrêt du championnat à cause du Covid-19, de la faillite de Mediapro et surtout de son absence, désormais régulière de la Coupe d’Europe.
Le modèle économique lyonnais repose sur une donnée majeure et sans cesse rappelée par les dirigeants depuis des années: sur un cycle de 5 ans, l’OL ne peut se permettre qu’une seule année, sans Europe, une autre seulement en Ligue Europa, et les trois dernières doivent se vivre - économiquement parlant - en Ligue des champions.
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Or, avec ses huitième et septième places sur les deux derniers championnats et une dernière demi-finale de C1 en août 2020, le cercle vertueux a viré au… vicieux.
Désormais, les échanges de l’OL avec la DNCG vont se faire régulièrement, précise la même source auprès de RMC Sport. Il n’y aura pas de nouveau grand oral pour la direction des Gones.
Un budget très différent de celui prévu par Aulas
Dans cette décision rendue, l’OL trouve une part de logique puisque "c’est un budget nouveau, fruit du travail des équipes de l’OL depuis un mois" que la DNCG d’une certaine manière découvrait ce mercredi matin. D’ordinaire, le passage devant l’instance de contrôle de la Ligue est la continuité d’échanges tenus pendant quelques mois.
Un budget qui efface à sa manière, celui sur lequel travaillait l’OL et son board, jusqu’au 5 mai dernier, jour de la révolution de palais et le débarquement de Jean-Michel Aulas après 36 ans de présidence. John Textor a voulu se démarquer de son prédécesseur avec une orientation différente, sans qu’il soit possible à ce stade de savoir s’il est en baisse ou en hausse. Il se murmurait par exemple que l’homme d’affaires américain souhaitait arriver avec des comptes, qui excluaient les 70 millions de recette au rayon des transferts, qu’avait inscrits son emblématique prédécesseur.
Des ventes à prévoir avant le 30 juin?
Il y a une forme de logique dans ce sursis décidé par la DNCG aussi puisque l’exercice comptable de l’OL se termine au 30 juin et que d’ici là, des opérations pourraient se faire pour concrétiser des engagements pris.
Il est régulier depuis quelques années que l’OL fasse à la dernière minute des transferts, comme… Karim Benzema dans les dernières heures de juin 2009 au Real Madrid ou Anthony Martial, là aussi un 30 juin (2013) à Monaco. A chaque fois, le montant en cash du transfert avait permis à l’OL de présenter des comptes en équilibre devant l’organe financier du football tricolore.
Des opérations financières qui prennent du temps
Logique aussi, car à l’instant T, les opérations pour amener de l’argent à Lyon n’en sont qu’au stade des promesses et à celui des garanties fiables comme celles que le gendarme financier du foot français aime. Ainsi, la vente de la franchise de l’OL aux USA, OL Reign est juste en cours et pas encore conclue, même si les vendeurs ont bon espoir de voir le deal apporter quelques 50 millions d’euros dans les caisses comme c’est espéré à la vue des dernières ventes de franchises de football féminin outre-Atlantique.
Idem aussi pour l’OPA sur les petits porteurs, annoncée il y a une semaine mais effective au 13 juillet. Si des actionnaires ont apporté des liquidités sur les comptes (environ 65M€), une partie va être utilisée pour acheter les actions encore cotées. Mais combien d’actionnaires voudront les vendre puisqu’il n’y a pas d’obligation légale de le faire? Seule la clôture de cette opération le chiffrera exactement et indiquera les liquidités encore à disposition de l’Olympique Lyonnais. Autant d’opérations qui demandent un certain temps pour être rédigées noir sur blanc dans les comptes du club rhodanien et ainsi totalement rassurer la DNCG.