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Présidentielle: ce que pensent les coachs de L1 du duel Macron-Le Pen et de l'engagement des sportifs

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En plein entre-deux-tours de l’élection présidentielle en France, des sportifs et des dirigeants ont appelé dans des tribunes à faire barrage à Marine Le Pen et à voter pour Emmanuel Macron. Peu de footballeurs se sont toutefois impliqués, et les entraîneurs de Ligue 1 ont des avis variés sur la question. Tour d'horizon non-exhaustif.

A l’image d’Antoine Dupont ou encore du CNOSF, certains grands noms et institutions du sport français ont appelé à faire barrage au Rassemblement national lors du second tour de l’élection présidentielle en France. Ce vendredi, plusieurs dirigeants de club ont aussi appelé dans une autre tribune à voter pour Emmanuel Macron comme Jean-Michel Aulas (OL), Olivier Létang (Lille) ou Loïc Féry (Lorient).

Mais du côté des joueurs et entraîneurs tricolores, personne ou presque n’a souhaité s’exprimer publiquement hormis Dimitri Payet et Blaise Matuidi, signataires de la tribune publiée par Le Parisien et France Info. Avant la 32e journée de la saison en Ligue 1, le sujet de la Présidentielle et du duel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron est revenu sur la table. Sans forcément donner lieu à de vives prises de position.

Ceux qui refusent de parler politique

Parmi les coachs du championnat de France, plusieurs d’entre eux ont rapidement refusé de se positionner. Lancé dans lutte pour le maintien avec Saint-Etienne, Pascal Dupraz ne veut parler que de football. Pas question pour l’entraîneur des Verts de livrer son sentiment personnel sur le scrutin à venir. Le tout avec sa franchise habituelle.

"Pas de mélange de genres, a coupé le technicien stéphanois, un brin agacé, quand la question lui a été posée en conférence cette semaine. Je suis là pour parler du match de Brest et je ne suis pas là pour parler de politique. En fait, je n’ai pas envie de parler de politique."

Le ton est un peu moins tranchant mais la réponse semble assez similaire pour Christophe Galtier à Nice. La politique est une affaire personnelle et les sportifs sont des citoyens comme les autres. Point.

"Une position sur le second tour? Oui, personnelle. Et elle restera personnelle, a réagi le technicien azuréen. Et de préciser sa pensée: "Pourquoi le monde du sport devrait se positionner? […] Je pense que tout le monde doit voter. On a ce privilège en France de voter et c’est un grand privilège. On est en République. Chacun doit voter par rapport à sa sensibilité. Après, que certaines personnes positionnent… Elles se positionnent."

Ceux qui rappellent leurs valeurs

Sans non plus donner la moindre préférence envers l’un ou l’autre des candidats, ni même en signifiant qu’ils iraient voter, certains acteurs du championnat de France ont profité de cette irruption du politique dans la saison pour redire leur pensée. Le sport et le football constituent un immense vecteur de cohésion entre les gens. C’est notamment le cas pour le Rennais Bruno Genesio.

"Je ne pense pas que ça soit notre rôle de s'épancher publiquement sur nos idées... Je n'en ai pas envie... Moi, j’ai grandi dans un environnement où on faisait des matchs ensemble, peu importe notre couleur de peau, peu importe qui on était. L’important c’était de jouer ensemble, tous ensemble, a estimé l’ex-technicien de l’OL à la veille du duel pour l’Europe face à Monaco au Roazhon Park. Pour moi, cela a été une belle richesse dans mon enfance. On perd ça en France et c'est dommage... C’est comme ça qu’on doit vivre… en paix."

A quelques jours d’un bouillant derby contre Lille, en pleine course pour l’Europe, Franck Haise a lui aussi insisté sur l’importance du vivre ensemble et de la mixité sociale dans le foot et en France.

"Je ne sais pas si des joueurs du club ont signé cette tribune. Chacun décide en son âme et conscience. Moi, ce que j’ai comme position… Je suis dans le sport et le football depuis 45 ans, a indiqué le boss des Sang et Or. J’ai toujours vécu avec beaucoup de mixité sociale, culturelle, religieuse et je suis très content de vivre dans ce monde avec beaucoup de mixité."

Celui qui met un taquet à Poutine

Le coach nantais Antoine Kombouaré a lui insisté sur son refus des idées extrêmes… sans pour autant livrer son ressenti sur le duel Macron-Le Pen plus clairement. Pour ce qui est de la guerre en Ukraine et l’invasion russe, l’ancien défenseur du PSG s’est montré plus direct et veut voir les sportifs s'engager contre le Kremlin.

"Je dis souvent que le sportif n’a pas à parler politique dans mon esprit. Mais quand il y a des causes importantes, tu peux déroger à la règle. Par exemple, ce qu’il se passe en Ukraine, c’est catastrophique. On doit tous être contre Poutine parce que ce que fait la Russie aujourd’hui, c’est très grave. On ne fait pas de politique mais on est obligé d’en parler, a lâché l’entraîneur des Canaris. Concernant le vote, forcément pour moi, tout ce qui est extrémiste, je suis contre. Après, vous en tirez les conclusions que vous voulez."

Ceux qui annoncent voter

En Ligue 1, certains entraîneurs n’ont pas exprimé leur intention de voter ou non. Mais d’autres acteurs ont confirmé qu’ils trouveraient bien un moyen d’exprimer leur position grâce à un bulletin. En direct ou via une procuration. Mais là encore, pas question de livrer un indice sur la personne qu’ils souhaiteraient voir diriger la France pendant les cinq prochaines années.

"J’ai voté au premier tour, je voterai au deuxième. J’ai eu cette discussion avec mon beau-père et ma femme jeudi dans la voiture, a confirmé Morgan Schneiderlin, le milieu de terrain de Nice. Je pense qu’un joueur de foot ne doit pas rentrer dans un débat politique. On n’a pas plus de pertinence qu’une autre personne. L’avis de chacun est personnel, mon avis est personnel. Je comprends les gens et les joueurs qui veulent débattre avec les autres mais ce n’est pas mon cas."

Un peu plus détaché, et concentré sur le derby contre Lens, Jocelyn Gourvennec ne sera pas chez lui lors du second tour mais votera aussi. "C’est dans dix jours le deuxième tour, c’est ça? On jouera Strasbourg ce jour-là. Je vais évidemment voter. Je ferai une procuration comme je l’ai fait la semaine dernière, a assuré l’entraîneur du LOSC. Je n’ai pas envie de rentrer dans ce débat. Depuis dimanche 17h - avant d’aller regarder les résultats du premier tour - après la fin du match d’Angers, après avoir laissé ma déception du 1-1, j’ai déjà basculé dans la préparation du derby. Ne me sortez pas de ma préparation du derby."

Des derniers mots qui, comme pour une majorité des acteurs de la Ligue 1, insistent sur le non-engagement public avant la présidentielle. Avant le second tour de la présidentielle, le 24 avril, la priorité est à la 32e journée du championnat.

Jean-Guy Lebreton avec RMC Sport