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JO 2021: de Riner à la paire Mahut-Herbert, la faillite des leaders français

Ils étaient attendus au tournant, promis à (au moins) grimper sur la boîte ou à un destin doré à Tokyo. Mais de Teddy Riner à Maïva Hamadouche, en passant par la paire Mahut-Herbert et aux fiascos du cyclisme et de l’escrime, nombreuses ont été les désillusions pour les tauliers tricolores depuis le début de ces JO.

Désignée porte-drapeau de la délégation française, Clarisse Agbégnénou a porté haut les couleurs bleu-blanc-rouge à Tokyo. La judokate en -63 kg s’est parée de l’or olympique, assumant parfaitement son statut de favorite dans une discipline qu’elle domine de la tête et des épaules. Elle est bien la seule. Hormis la "bulldozer des tapis", aucun des tauliers français n’aura tenu son rang dans cette première partie de JO terriblement décevante jusqu'à présent pour les Tricolores, qui ont bien peu de chances de faire mieux qu’à Rio il y a cinq ans (42 breloques, contre 13 ce vendredi). Tour d’horizon… pas très réjouissant.

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Le plus retentissant: le tremblement de terre Riner

Il s’est évertué à le dire sur RMC: il est "très, très content" de la médaille de bronze décrochée ce vendredi en plus de 100 kg. On aimerait pourtant, mais on a bien du mal à croire que Teddy Riner pourra s’en satisfaire vraiment. Tombé à la surprise générale en quart de finale, le double champion olympique a sauvé les meubles en arrachant finalement une breloque bien moins brillante qu’attendue. Le mal était déjà fait. Son non-succès a provoqué un petit séisme bien au-delà du village olympique.

Les plus inattendus: le VTT féminin déraille, les épéistes tombent de très haut

Au rayon des ratés fracassants, celui des épéistes tricolores figure en très bonne place. Invaincu sur son terrain de jeu olympique depuis Sydney en 2000, l’épée masculine s’est pris les pieds dans le tapis en quarts de finale face aux Japonais, passés devant sur l’ultime touche (44-45). Inattendu lorsque l’on compte notamment dans ses rangs Yannick Borel, sixième tireur mondial paré d'or par équipes à Rio, et Romain Cannone, fraîchement sacré champion olympique en individuel.

Une double championne du monde en titre, et une invaincue en Coupe du monde en 2021. Avec ce pedigree-là, Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecomte nourrissaient une attente immense, dans une discipline qu’elles archi-dominent. Mais avec elles, les espoirs du VTT féminin se sont écroulés. "Les deux peuvent le faire, et les deux joueront l’or", prédisait Julien Absalon, double champion olympique en VTT et compagnon de PFP dans la vie. Respectivement dixième et sixième, aucune n’est même montée sur la boîte.

Autre duo à zéro, la paire Mahut-Herbert. Alors que le tennis français vit une rare crise de résultats depuis plusieurs années, le binôme était sa plus grande chance de briller. Plein d’envie après leur raté en 2016 où ils avaient été éliminés dès le premier tour, Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert ont réalisé le douloureux exploit de faire "aussi bien", sortis dès leur entrée en lice dans le tournoi par la paire britannique Andy Murray-Joe Salisbury (6-3, 6-2). Maître dans la spécialité, la meilleure paire française de l’histoire a dit adieu à ses rêves olympiques.

Passé à côté de sa course en 2016, Vincent Luis visait cette fois bien plus que sa septième place acquise à Rio. Champion du monde en 2019 et en 2020, le leader de l’équipe tricolore de la discipline a manqué de débloquer le compteur du triathlon français… et même fait pire qu’il y a cinq ans, avec une 13e place indigne de son rang.

Les plus décevants: "l’exploit" du BMX, la déroute des fines lames

Si les épéistes masculins sont tombés à la surprise générale en individuel, le bilan des fines lames est peu flatteur. Yannick Borel, champion du monde 2018 et triple champion d’Europe (2016, 2017, 2018), a déçu en ne passant même pas le stade des 32es de finale. En fleuret, la vice-championne du monde 2018 Ysaora Thibus s’est inclinée en huitièmes et ne deviendra pas la première fleurettiste française médaillée olympique depuis le titre de Pascale Trinquet en 1980 à Moscou. Champion du monde 2019, Enzo Lefort aurait pu espérer mieux qu’un quart, même s’il a eu sur sa route le champion olympique en titre italien Daniele Garozzo.

Le zéro pointé en cyclisme a connu son apogée avec la déroute française en finale du BMX. Statistiquement, les Bleus avaient 43% de chance d’obtenir au moins une médaille, puisqu’ils étaient trois tricolores sur les sept candidats au départ. Mais ni Sylvain André (4e), ni Romain Mahieu (6e) ni Joris Daudet (7e) n’ont voulu du podium. Avec la palme du gâchis pour le dernier cité qui, avant l'ultime virage, a glissé tout seul pour laisser s'envoler une troisième place qui lui tendait les bras. Terrible.

Maïva Hamadouche a été battue par la Finlandaise Mira Potkonen aux points pour trois des cinq juges (27-29, 27-29, 27-29, 28-28, 29-27) en seizièmes de finale des -60 kg. Une décision scandaleuse pour la championne du monde IBF des super-plumes, qui a dénoncé un "vol manifeste" d’arbitrage. Pas forcément l’avis de Brahim Asloum, le Monsieur boxe de France Télévision pour les JO. "Sincèrement, il n’y a pas scandale, a-t-il réagi. Maïva a été un peu trop brouillon, a manqué de stratégie et manqué d’intelligence dans son combat."

Numéro 2 mondiale, deux fois cinquième du Championship Tour (2016, 2018), Johanne Defay incarnait la meilleure chance de breloque au surf, nouveau venu dans le plateau olympique. Mais celle-ci a été surprise en huitièmes de finale par la Portugaise Yolanda Hopkins, quasi-inconnue dans la discipline puisque surfeuse du circuit QS (deuxième division)... Chez les hommes, Jérémy Flores n’a également pas dépassé ce stade de la compétition. "Je suis hyper déçu. Les Jeux olympiques, c’est fini pour moi", a-t-il regretté. Médaillé d’argent à Rio, Jean-Charles Valladont a lui pris la porte dès les 32es de finale en tir à l’arc.

La plus triste: les larmes de Madeleine Malonga

Madeleine Malonga a certes décroché la toute première médaille de sa carrière aux JO. Mais au sortir de sa finale expéditivement remportée par la Japonaise Shori Hamada, la numéro 1 mondiale en -78 kg était inconsolable. En larmes durant de longues minutes, Malonga a incarné malgré elle l’expression pleurer comme une Madeleine. Supposée favorite face à son adversaire – numéro 2 mondiale, tout de même –, la championne du monde et double championne d’Europe soufflait sur RMC: "Je vais l’apprécier avec le temps (la médaille d’argent), mais là, tout de suite, non. Je suis déçue. On vient pour gagner quand on va aux JO. J’étais prête pour aller au bout de cette journée."

Romain Daveau Journaliste RMC Sport