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UFC 285: Ciryl Gane, serein et prêt face à l’histoire

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Star du MMA français, Ciryl Gane peut devenir la nuit prochaine à Las Vegas le premier représentant tricolore sacré champion à l’UFC (en direct à 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 2). Opposé à la légende Jon Jones pour la ceinture incontestée des lourds, sa deuxième chance mondiale, "Bon Gamin" s’avance déterminé et serein face à son rendez-vous avec l’histoire. Prêt à la marquer à jamais.

Sa personnalité fait aussi sa force dans une carrière météorite. Mais cette fois, son adversaire tente de le titiller avec ça. Devant les micros et les caméras, Jon Jones a passé les derniers jours à se motiver avec un arc narratif. Celui d’un Ciryl Gane pas assez déterminé, pas assez attaché à son sport, pas assez tourné vers cette éternité sportive que lui-même convoite, qui ne mériterait pas de le battre pour la ceinture des lourds ce week-end à Las Vegas, lui la légende de l’UFC, ancien roi des mi-lourds et plus jeune champion de l'histoire de l'organisation phare du MMA de retour dans "(s)on monde" (c’est lui qui le dit) pour encore faire grandir "(s)on héritage "après trois ans d’absence.

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"Ils sont juste contents d’être là", lâche-t-il auprès de son équipe. "Ses mots me font dire qu’il ne sera pas là pour très longtemps, et je ne perdrai pas contre un gars comme ça", lance-t-il encore. Toute sa carrière, le torturé Jones a toujours cherché des motivations personnelles chez chaque adversaire et joué dessus au micro. Avec Gane, "Bones" n’a pu trouver que ça. "Qu’il se motive comme il a envie, il n'y a pas de problème, répond le Vendéen à RMC Sport. Je suis motivé et je sais quelles sont mes motivations. Je suis remonté, je me sens prêt, bien dans la tête. Ça va être une très belle guerre."

Gane n’a jamais caché un certain détachement. Arrivé sur le tard aux sports de combat puis au MMA, où il débuté chez les pros à l’été 2018 avant de monter très vite très haut avec le titre intérimaire à l’UFC trois ans plus tard, le combattant français n’était pas un passionné de sa discipline, qu’il a appris à aimer. "Bien sûr que j’aime le MMA, sinon je ne serais pas là aujourd’hui et au niveau où j’en suis, rappelle-t-il. Je pense que les gens ont mal compris. Tout part d’une interview où je disais que ne rêvais pas comme les autres. Il y a plein de choses importantes dans ma vie, il y a le MMA mais aussi plein d’autres choses, qui font que je n’ai peut-être pas le même discours que tout le monde. Mais si j’en suis ici, c’est que j’ai dû faire certains sacrifices et m’entraîner peut-être plus que certains à certains moments de ma vie."

Gane fait face à son Everest. Un rendez-vous historique pour le sport français, qui peut signer une première à l’UFC avec ce titre incontesté, contre une légende jamais vraiment battue dans l’octogone. Il a conscience de l’enjeu, répète qu’il affronte "un GOAT" (un des plus grands de tous les temps), que le challenge le motive comme jamais. Mais il n’en fait pas une montagne. Fidèle à lui-même. "Depuis que j’ai commencé, j’ai toujours vu face à moi des opposants qui avaient deux pieds, deux mains, et basta. Je ne ressens pas la pression de me dire: 'Wow, c’est Jon Jones!' Pas plus que pour n’importe quel mec. Je le respecte mais je ne l’idolâtre absolument pas."

Entre éclats de rire, bonne humeur et doigts qui forment un cœur pour ses fans, Gane a traversé les jours précédant ce choc historique et fascinant dans l'opposition de styles sans déroger à qui il est. Sans jouer les mauvais garçons devant les caméras, ce qui ne correspond pas à ce "Bon Gamin" qui porte bien sur surnom, pour alimenter la joute verbale allumée par Jones. Sans stresser non plus, comme d’hab’. Mais "très concentré" et "ultra déterminé" à "être le premier à lui infliger une vraie défaite". Le porte-étendard du MMA tricolore, dont il est déjà depuis un moment la plus grande star de l’histoire, n’a pas versé dans le trahs-talking, pas sa nature, mais a annoncé la couleur: "Je veux le finir avant la limite".

Il a les armes techniques pour avec son jeu de jambes de pointe, sa mobilité et son striking de très haut niveau, qui avait poussé Francis Ngannou à puiser loin (jusqu’à la lutte, pas son habitude) pour résoudre le puzzle du très athlétique Gane et lui infliger sa seule défaite en carrière dans leur combat pour le titre en janvier 2022. Il s’est aussi préparé pour. "On a inclus beaucoup plus de paramètres dans le camp d’entraînement, a-t-il expliqué en conférence de presse. On regarde un peu plus de vidéos et on est un peu plus pointilleux sur les choses qu’on a envie de faire et d’explorer parce que c’est vraiment un combat ultime, un truc énorme. Et il nous oblige à avoir plusieurs paramètres car c’est quelqu’un de très polyvalent."

Favori des bookmakers à l’annonce de ce choc contre un Jones sur lequel on ne peut avoir aucune certitude dans une nouvelle catégorie après trois ans d’absence et des dernières performances très poussives, le Français a vu la courbe s’inverser en quelques semaines. Peut-être en partie la conséquence de son honnêteté qui lui a fait avouer ne s’être entraîné que depuis la signature du combat, ce qui a beaucoup fait débat. "J’ai toujours aimé cette position d’outsider, parce que je l’ai toujours été, sourit-il. Ça t’enlève un peu de pression. Je viens, j’ai tout à prouver face à un gars qui a beaucoup gagné. J’ai envie de prouver que je suis à ma place. (…) Il y a beaucoup de gens qui me sous-estiment. Ce n’est pas méchant, c’est juste que je fais face à un GOAT avec une carrière exceptionnelle. Mais j’ai envie de surprendre les gens."

Et s’il faut aller "à la guerre", on peut compter sur lui. Jones a reproché à Gane de "ne pas avoir cet animal en lui". Mais sa victoire sur Tai Tuivasa en septembre dernier dans un Bercy incandescent pour le premier UFC Paris, où il avait réveillé la bête pour éteindre l’Australien après avoir été envoyé au tapis, a montré le contraire et prouvé la taille de son cœur. "Moins sous pression" que lors de sa première chance mondiale contre Ngannou, car il a "plus d’expérience", Gane s’avance vers sa "mission", prêt à la conquête ultime. "Ça va jouer sur l’état d’esprit. Et je n’ai pas aimé perdre. Ma victoire va être énorme pour ma carrière. Ce statut va changer ma vie à tout jamais."

Déjà une immense star, avec plus d’un million de followers sur Instagram, "Bon Gamin" ferait encore un bond en popularité en battant "Bones" pour prendre la ceinture dans un doublé jackpot. Et deviendrait encore plus une source de motivation pour tout le MMA tricolore, qui grandit à pas de géants depuis la légalisation de la discipline en France. "Ça va donner de l’espoir aux gens qui arrivent derrière moi. Ça va montrer qu’il va y avoir des opportunités et qu’il faut les saisir. Le message, c’est que tout le monde peut le faire. Si je peux le faire, c’est que tout le monde peut le faire. Il faut juste être motivé, croire en soi, arriver avec un bon état d’esprit." La montagne est haute. Mais au sommet, l’histoire attend Ciryl Gane.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport