F1: titres, Alpine, rookies, nouveautés... cinq questions pour la nouvelle saison

· Qui pour succéder à Verstappen et Red Bull ?
Champion du monde au bout d’une polémique et d’un dernier Grand Prix tumultueux en 2021, Max Verstappen n’a souffert d’aucune contestation ou presque pour décrocher un deuxième titre la saison passée, remporté avec 146 points d’avance sur Charles Leclerc. À l’image de son écurie pour le titre constructeur, la concurrence n’aura duré que quelques courses, le temps d'espérer pour Leclerc et Ferrari, avant que le Néerlandais ne s’envole, avec à la clé 14 victoires sur les 22 Grands Prix disputés.
Le pilote monégaque semble à nouveau l’un des candidats crédibles pour apporter à la Scuderia un premier titre depuis Kimi Raikkonen en 2007. Frédéric Vasseur, le nouveau patron français de l’écurie (succédant à Mattia Binotto), ne précise pas la hiérarchie entre Leclerc et Sainz, assurant d’avoir "deux super bons pilotes". "Pour l'instant, il n'y aura pas de numéro 1 ou 2, souffle-t-il dans les colonnes de L’Equipe. Mais s'il faut prendre des décisions, je le ferai". Il affirme que l'objectif "est de faire gagner Ferrari". "Si l'un des deux se retrouve en position de le faire, et que cela est clair, alors on choisira", affirme-t-il.
Les deux pilotes Mercedes, Lewis Hamilton et George Russell, font également office d’outsiders pour le classement des pilotes. Enfin débarrassée du phénomène de marsouinage, les Flèches d’Argent (qui seront de nouveau noires) devraient donc montrer de meilleures performances, même si les premiers essais ne vont pas forcément dans ce sens. Pour le plus grand plaisir du septuple champion du monde: "Le monde est bien plus beau quand il n'y a pas de rebond, on peut réellement voir la route devant et c'est mieux pour le corps".
Selon les informations de Canal+, renseigné par les ingénieurs des "top teams", la hiérarchie pourrait se classer ainsi pour la saison à venir: Red Bull, Ferrari, Mercedes puis Aston Martin, qui a reçu le renfort marquant de Fernando Alonso. Le double champion du monde (2005, 2006) confirme que sa voiture s’annonce compétitive, comme aperçu dans les premiers essais. "Lors du dernier jour de test, l’après-midi, nous avons fait une simulation de course, et nous avons mis du carburant pour 57 tours. Ferrari faisait le même programme que nous, et nous étions plus rapides", apprend-il. "Selon nos calculs, Aston Martin pourrait terminer deuxième", affirme même le patron de Mercedes Toto Wolff, dans des propos rapportés par Auto Motor und Sport.
Mais le grand favori reste le tenant du titre, qui a confirmé la tendance au cours des premiers essais libres disputés sur le circuit de Sakhir à Bahreïn la semaine dernière. "Red Bull est apparu très solide durant ces trois jours", déclarait Charles Leclerc le week-end passé dans une déclaration relayée par l'AFP. "J'ai l'impression que nous avons encore du travail", ajoute-t-il, face à des Red Bull "super rapides". "Je pense que l'on a une voiture moins traînante, donc cela devrait aller mieux cette année", rassure-t-il. Il faudra au moins ça au cheval cabré pour contrarier les plans des Red Bull, qui présentent avec Sergio Pérez une autre solution de choix pour dominer la saison. Le Mexicain a manqué de trois petits points la deuxième position lors de la saison passée.
· À quoi s’attendre pour le duo français d’Alpine ?
Brillant lors des essais libres, Aston Martin s’annonce donc comme favorite pour la quatrième place du classement constructeur. Ce qui ne fait pas les affaires d’Alpine, qui espère franchir un cap en 2023. Pour cela, la marque française a décidé de miser sur du local avec un duo Ocon-Gasly. Le tout sous la houlette de… Zinédine Zidane.
La légende du football français s’est associée à Alpine en tant que "parrain" afin de promouvoir "l’égalité des chances" dans le cadre de programmes encourageant notamment des jeunes sportifs en devenir. Il pourra aussi "participer à la réflexion sur la transition vers le futur de l’automobile et sur le développement des modèles d’Alpine de demain". "Il me semble évidemment important de dire aux enfants que, d’où qu’ils viennent, ils peuvent devenir un jour des championnes et champions dans leur sport ou dans leur domaine, qu’il faut toujours croire en ses rêves", avait réagi Zizou lors de sa présentation.
Avant l’officialisation de la signature de Pierre Gasly, Esteban Ocon avait tenu à mettre les choses au clair, niant un possible froid entre les deux pilotes. "Avec Pierre, on se connaît depuis des années et on a beaucoup de respect l'un pour l'autre, avait-il réagi. Quand on roule en piste, c’est important d’avoir du respect et de la confiance avec les autres pilotes. Je suis persuadé qu’on s‘entendra très bien". Une impression confirmée par l’ancien d’Alpha Tauri. "Mon arrivée s’est vraiment très bien passée, j’ai été super bien accueilli, confiait Gasly. J’ai été positivement surpris de ce que j’ai vu. C’est un environnement nouveau mais je vois directement le potentiel qu’il y a. On a eu nos hauts et nos bas… Ça fait écrire dans la presse, ce sont des conversations de café ça fait partie du jeu. Mais aujourd’hui on sait les responsabilités qu’on a et tout se passe très bien".
Sur la piste, les ambitions sont également de taille, au lendemain d’une saison achevée à la 4e place au classement des constructeurs et avec des pilotes classés 8e (Ocon) et 9e (Alonso). "On vise les meilleures places, annonce Laurent Rossi, directeur général d’Alpine. Mais le gap vers le podium est grand. Je veux finir au minimum 4e constructeur. Moins d’abandons, plus de points et de podiums".
Les premières sensations semblent bonnes, malgré des chronos pas affolants. Le week-end dernier, Gasly affichait ainsi sa confiance au micro de Canal+ après ses premiers tours au volant d’une Alpine en essais libres. "On va être dans la bagarre, assure-t-il. Je pense que ça va être aussi très serré comme ça l’est d’habitude. À nous de travailler, je pense qu’on a une bonne base sur laquelle travailler pour ce début de saison".
· Qui sont les nouveaux visages ?
Trois rookies feront leurs grands débuts en tant que titulaires dans la catégorie reine du sport automobile. Au terme d’une belle pagaille et d’une bataille entre Alpine et McLaren, Oscar Piastri a décroché le volant de la seconde écurie pour prendre la place de Daniel Ricciardo. Titré successivement dans les trois catégories inférieures, Formule Renault, F3 et F2 entre 2019 et 2021, il était le troisième pilote de la marque française lors de la dernière saison. Alpine avait un temps annoncé sa signature pour 2023, démentie par… le pilote lui-même sur ses réseaux sociaux.
Nyck De Vries a déjà disputé une course en Formule 1, parvenant même à marquer des points. Le Néerlandais, sacré en Formule Renault en 2014 puis en F2 en 2019, avait remplacé Alexander Albon pour le GP d’Italie à Monza en septembre dernier. Auteur du 13e temps en qualifications et parti 8e, il a signé une excellente course pour décrocher une 9e place au volant de la Williams. Il prendra la place de Gasly chez AlphaTauri.
Albon aura aussi un nouveau partenaire de stand cette saison. Auteur d’un passage peu reluisant chez Williams au cours de ses trois saisons en F1 (3 courses dans les points au total), Nicholas Latifi cède son baquet à Logan Sargeant. Premier Américain à évoluer dans la catégorie depuis Alexander Rossi en 2015, le pilote de 22 ans était réserviste la saison passée, après s’est notamment illustré en F3 (3e en 2020) et en F2 (4e en 2021).
Trois noms qui seront peut-être suppléés par un quatrième pour la première course de la saison. Felipe Drugovich a effectivement participié à la première semaine d’essais libres au volant d’une Aston Martin, remplaçant un Lance Stroll victime d’un accident de vélo et blessé au poignet. L’écurie a confirmé ces dernières heures que le pilote brésilien sera au départ si son aîné n’est pas en mesure de tenir sa place. Mettant fin à la folle rumeur annonçant un retour de Sebastian Vettel, quelques mois seulement après sa retraite.
· Quelles sont les nouveautés ?
Si 2023 affichera beaucoup moins de changements par rapport à la saison passée, quelques modifications sont tout de même à signaler. Elles concernent notamment les monoplaces, avec certains ajustements comme le rehaussement du bord du plancher, les rétroviseurs agrandis, ou le sommet plus rigide sur l’arceau de sécurité, ce qui fait notamment suite au crash spectaculaire de Guanyu Zhou à Silverstone la saison passée.
Du point de vue sportif, les pilotes n’auront que 11 trains de pneus au lieu de 13 lors de deux week-ends au cours de l’année. Parmi les changements plus significatifs, il y aura désormais six courses sprint au lieu de trois. Elles auront lieu en Autriche, au Brésil, en Azerbaïdjan, en Belgique, aux États-Unis (Austin) et au Qatar. La compensation de participation passera logiquement de 150.000 à 300.000 dollars. De manière plus anecdotique, le vainqueur de chaque course aura droit à une médaille.
Malgré l’annulation du Grand Prix de Chine, il y aura 23 courses cette saison, un nouveau record. Trois d’entre eux auront lieu aux États-Unis. Outre les habituels rendez-vous de Miami et d’Austin, Las Vegas accueillera son premier Grand Prix depuis ceux de 1981 et 1982, le 18 novembre prochain en tant qu’avant-dernier de la saison. Et grande première, la course se déroulera le samedi soir.
· Quels sont les records à battre ?
Outre toutes ces curiosités et la lutte pour les titres pilote et constructeur, la saison 2023 pourrait être le témoin de plusieurs records. Malgré une 6e place seulement l’an dernier, deux petits podiums et aucune victoire, Lewis Hamilton a l’opportunité d’entrer un peu plus dans la légende de son sport. Tout d’abord, en améliorant certains de ses records, comme ceux de son nombre de victoires (103 en 310 coures, soit un ratio de 33,2%), de podiums (191) et de pole positions (103).
Le Britannique peut aussi dépasser Michael Schumacher sur deux plans. En décrochant un 8e titre de champion, ou, peut-être de manière plus abordable, en signant un 9e victoire dans un même Grand Prix. Cela serait à Silverstone (Grande-Bretagne) ou sur le Hungaroring (Hongrie), alors que Schumacher compte également 8 succès sur le circuit de Magny-Cours (France).
Les records de ‘Schumi’ du nombre de triplés (pole position, meilleur tour en course et victoire lors d'un même GP, 77 contre 61), et de meilleurs tours (22 contre 19) semblent beaucoup moins atteignables pour Hamilton. S’il termine deux courses de plus que Fernando Alonso cette saison, le pilote Mercedes doublera l’Espagnol, qui mène 281 à 280, au nombre de Grand Prix bouclés.
En cas de troisième titre mondial, Max Verstappen deviendrait par ailleurs le 6e pilote le plus couronné, à égalité avec Brabham, Stewart, Lauda, Piquet et Senna. Mais en 2023, aidé par l’augmentation du nombre de courses, il pourrait aussi battre plusieurs records qu’il détient sur une saison: le nombre de victoires (25 en 2022), de podiums (18 en 2021) et de points (454 en 2022). En attendant tous ces bilans, les premiers vronbissements en course se feront entendre sur la piste de Sakhir ce dimanche, à partir de 16h.