Le plus gros crack français depuis Wembanyama? Qui est Nathan Soliman, le prodige qui affole les scouts NBA

Il est soudainement apparu dans les entrailles de la Mubadala Arena, petite oasis au milieu de la torpeur d’Abu Dhabi. La tête froide, malgré une défaite en prolongation face à Kaunas à l’issue d’un match aussi bouillant que les températures affichées en plein milieu du désert émirati, il s’est alors mis à débriefer l’entrée en lice des jeunes du Pôle France dans le tournoi "NextGen" de l’Euroligue avec une lucidité presque glaciale. "Ça fait partie de l’apprentissage. Il faut apprendre de nos erreurs et immédiatement se tourner vers la suite", lâche Nathan Soliman à quelques mètres de l'entrée de son vestiaire.
Le ton est posé. Et la maturité, assez folle pour un joueur de son âge, est presque aussi marquante que son impact sur le terrain. À tout juste 16 ans (il les a fêtés une semaine avant ce fameux tournoi NextGen à Abu Dhabi), le joyau de l’Insep affole déjà tous les scouts NBA, venus en nombre aux Emirats arabes unis pour l’observer. Si les fans français ont pris l’habitude de voir débarquer des pépites tricolores sur les parquets nord-américains chaque année, avec notamment un record de cinq représentants lors de la draft 2025, Nathan Soliman est sans doute le plus gros crack générationnel du basket français depuis un certain Victor Wembanyama.
15 points en Nationale 1... à 14 ans
Rapidement trop fort pour les équipes jeunes de Nantes-Rezé et du Pôle Espoirs des Pays-de-la-Loire, où il a fait ses premières armes, il intègre le Pôle France à l’âge de 13 ans avec deux années d’avance, du jamais-vu. À 14 ans, il claquait déjà des matchs à 15 points en Nationale 1, le troisième échelon français. Depuis plusieurs saisons, il y côtoie des adultes aguerris, des "pères de famille" comme le jeune adolescent en sourit lui-même. "Ça m'apporte de la dureté. Ce sont des adultes, donc physiquement, c'est autre chose que là sur le tournoi NextGen par exemple", soulignait-il en mai dernier à Abu Dhabi au micro de RMC Sport. "Cette année, on a également eu beaucoup de matchs serrés, dont ça permet de travailler sur l’intelligence de jeu, faire les bons choix au bon moment."
Ailier-ailier fort de 2,04 m (pour environ 95 kg et 2,17 m d’envergure), le jeune homme met ses immenses qualités athlétiques au service d’une polyvalence rare. "C’est un joueur qui brille par sa polyvalence et son avance sur le jeu des deux côtés du terrain. Offensivement, il peut faire le liant entre ses coéquipiers, sait tirer, passer, dribbler… C’est vraiment un joueur complet. Il peut aussi défendre les postes de 1 à 5, il est vraiment très mobile, il bouge bien et à une bonne agilité pour un joueur de sa taille. Il est fluide et a déjà une belle prise de masse", détaille Thomas Breton, spécialiste du scouting pour le média Envergure. "Depuis qu’il joue, je n’ai jamais eu l’impression d’avoir affaire à un joueur constamment surclassé."
Façonné pour le (très) haut niveau
Nathan Soliman a pourtant pris l’habitude de brûler les étapes. Et son tableau de chasse est déjà bien fourni. En 2023, il remporte la médaille de bronze à l’Euro U16 avec les Bleus alors qu’il n’a que 14 ans. L’année suivante, il figure dans le cinq idéal du tournoi NextGen de l’Euroligue à Paris - un tournoi U18 - alors qu’il n’a que 15 ans. Bis repetita il y a quelques semaines au NextGen d’Abu Dhabi, avec un titre de Rising Star (14,3 points, 6,7 rebonds, 3,7 passes décisives en moyenne sur 3 matchs).
Début 2025, les amateurs de Betclic Elite ont même pu le découvrir lors du Young Star Game, cet évènement organisé par la LNB pour mettre en avant les plus gros talents français. Plus jeune joueur invité à ce rendez-vous, il figurait dans une sélection notamment composée de Noah Penda, Nolan Traoré et Mohamed Diawara, trois joueurs draftés en NBA fin juin. À noter qu’au milieu de ces prospects qui étaient pour la plupart tous déjà dans le monde professionnel, il présentait la troisième envergure la plus importante. De quoi classer le bonhomme sur le plan physique.
Malgré son âge, Nathan Soliman se distingue également par son QI basket. "Je suis un basketteur qui joue plutôt intelligemment" assure le principal intéressé. En termes de compréhension du jeu, il a d’ailleurs été à bonne école. Fils de William Soliman, ancien international français (13 sélections) et joueur bien connu des amoureux du championnat de France (Rouen, Roanne, Vichy), il a baigné dans un environnement où il a pu s’imprégner de la culture du haut niveau. "Mon père m’a inculqué les valeurs qui me permettront de réussir, comme le travail acharné, le respect et la ponctualité. Il en va de même pour ma mère (également joueuse de basket à un bon niveau, NDLR) qui a toujours été là pour moi", a confié le joueur du Pôle France sur le site du tournoi NextGen.
"J'ai deux objectifs: aller jouer en NBA et être le meilleur joueur du monde"
Difficile de savoir si cela vient de l’éducation qu’il a reçue, mais le garçon n’a par ailleurs aucun mal à cacher ses ambitions. Dans la lignée de la nouvelle génération, Victor Wembanyama en tête, Nathan Soliman n’hésite pas à clamer haut et fort son envie de devenir un joueur dominant. "La NBA est totalement dans ma tête, c’est ce pour quoi je m’entraîne. J’y pense tous les jours", nous a-t-il confié à Abu Dhabi. Dans la continuité de ce qu’il clamait déjà en 2022 - lorsqu’il n’avait que 13 ans - au micro de France 2 au moment de son arrivée à l’Insep. "Des objectifs, j’en ai deux: aller jouer en NBA et être le meilleur joueur du monde."
Trois ans plus tard, il n’a pas dévié de son objectif et le chemin vers la plus grande ligue de basket au monde semble tout tracé. Reste désormais à savoir quelles en seront les étapes. "Je pense finir l’année prochaine à l’Insep puis partir en professionnel pour découvrir le monde pro, le vrai. Ensuite, partir en NBA après deux années en professionnel", détaille-t-il.
Le prodige tricolore sera éligible pour la draft 2028. Les premières mock draft le placent d’ores et déjà dans le top 5, un fait très rare pour un jeune en dehors du circuit américain à autant de temps de l’échéance. À l’image de Victor Wembanyama (Boulogne-Levallois), Zaccharie Risacher (Bourg-en-Bresse), Tidjane Salaun (Cholet) ou encore Nolan Traoré (Saint-Quentin), tous draftés en NBA après avoir accumulé de l’expérience en Betclic Elite, Nathan Soliman pourrait décider de se faire les dents dans le championnat de France avant de tenter le grand saut en NBA. "À la fin des mes années à l’Insep, je pense peut-être revenir sur Nantes, à Cholet", indiquait-il en 2023 sur les réseaux sociaux de Nantes-Rezé Basket, le club de ses débuts. "Cholet, c’est un bon club formateur pour les jeunes. Ça me permettrait d’être plus proche de mes amis. Beaucoup habitent à Nantes et je suis très attaché à eux." Et quoi de mieux qu’un cap à l’Ouest pour mieux se préparer à traverser l’Atlantique?