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NBA: l’arrivée retentissante de De’Aaron Fox fait-elle passer les Spurs de Wembanyama dans une nouvelle dimension?

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En début de semaine, San Antonio a signé un gros coup en s’offrant les services du meneur All-Star De’Aaron Fox. Alors que l’ancien joueur des Sacramento Kings doit effectuer ses grands débuts sous ses nouvelles couleurs dans la nuit de ce mercredi à ce jeudi, face aux Atlanta Hawks (1h30), toute la question est désormais de savoir s’il peut faire passer un cap aux Spurs.

Victor Wembanyama est un phénomène qui bouscule l’ordre établi. Et il l'a encore prouvé en mettant fin à des décennies de tradition dans les bureaux des San Antonio Spurs. Connue pour son immobilisme - certains diront frilosité - sur le marché des transferts, la franchise texane a renié ses principes en faisant l’acquisition de De'Aaron Fox, dans la nuit de dimanche à lundi.

En s’offrant le meneur des Sacramento Kings (27 ans), qui dispute actuellement sa neuvième saison NBA, les Spurs mettent la main sur l’un des meilleurs meneurs de la ligue. All-Star en 2023, élu "Clutch Player of the year" (joueur le plus décisif de l’année, NDLR) la même année, Fox est actuellement le 13e meilleur scoreur de la NBA (25 points par match), juste devant Wembanyama (14e, 24,6 points par match). En début de saison, ESPN, référence en la matière, le classait à la 26e place de son classement des meilleurs joueurs de la ligue nord-américaine, devant Zion Williamson, Jimmy Butler ou encore Trae Young, et juste derrière Kyrie Irving.

Un deal qui met tout le monde d'accord

En débarquant dans le Texas, Fox, qui devrait faire ses grands débuts dans la nuit de ce mercredi à ce jeudi face aux Atlanta Hawks (1h30, heure française), devient immédiatement le deuxième joueur le plus talentueux de l’effectif et le lieutenant attitré de Wembanyama. Malgré la présence de jeunes talents en constante progression (Devin Vassell, Jeremy Sochan, Stephon Castle) et de vieux loups de mer expérimentés (Chris Paul, Harrison Barnes), Wembanyama n’était pas encore entouré d’un joueur de ce calibre.

Toute la question est désormais de savoir si cette seule arrivée suffit à faire passer les Spurs dans une nouvelle dimension. En premier lieu, San Antonio n’a pas hypothéqué son avenir pour s’offrir les services de Fox. Alors que l’échange Luka Doncic-Anthony Davis enflamme la NBA depuis plusieurs jours, au point de faire de Nico Harrison, le patron des Mavericks à l’origine du départ de Doncic, l’homme le plus décrié de la planète basket, les dirigeants des Spurs se sont payés le luxe de mettre tout le monde d’accord. Dans le cadre de cet échange à trois équipes avec les Kings et les Chicago Bulls, San Antonio a "seulement" lâché Tre Jones (16 minutes par match en moyenne cette saison), Zach Collins (12 minutes) et Sidy Cissokho (3 minutes), trois joueurs au rôle mineur. Des picks de draft ont également été inclus dans la transaction.

Le trade complet pour De’Aaron Fox

• Les San Antonio Spurs reçoivent:

  • De’Aaron Fox
  • Jordan McLaughlin

• Les Sacramento Kings reçoivent:

  • Zach LaVine
  • Sidy Cissoko
  • Premier tour de draft 2025 (via Hornets)
  • Premier tour de draft 2027 (via Spurs)
  • Premier tour de draft 2031 (via Timberwolves)
  • Deuxième tour de draft 2025 (via Bulls)
  • Deuxième tour de draft 2028 (via Nuggets)
  • Deuxième tour de draft 2028 (via Bulls)

• Les Chicago Bulls reçoivent:

  • Zach Collins
  • Tre Jones
  • Kevin Huerter
  • Leur propre premier tour de draft 2025 (via Spurs)

Wembanyama: "Fox, un joueur qui perturbe énormément le plan de jeu adverse"

Grâce à ce coup de billard à trois bandes, les Spurs ont réussi à garder leur noyau dur. Le tout en ajoutant une deuxième star aux côtés de Wembanyama. "C’est un énorme atout car les Spurs manquaient de deuxième force offensive", souligne Stephen Brun, consultant RMC Sport, dans le podcast Basket Time. "Quand vous regardez les top teams aujourd’hui en NBA, il y a deux forts scoreurs dans chaque équipe. Il a déjà fait ses armes sur pick & roll avec Domantas Sabonis, un autre pivot européen. Donc avec Victor Wembanyama, ça devrait matcher. C’est un très bon passeur, très clutch. C’est un très fort scoreur, les défenses vont maintenant peut-être pouvoir lâcher un petit peu Wembanyama pour parfois se concentrer sur Fox."

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La vitesse de Fox va également modifier le visage de l’attaque des Spurs. "Je pense qu’on va jouer beaucoup plus vite et qu’on va beaucoup partir en contre-attaque", a détaillé Devin Vassell en conférence de presse. "Avec Fox à la mène, ça va nous ouvrir beaucoup de choses. Lui et Wemby sur le pick & roll? Avec moi, (Julian) Champagnie et d’autres shooteurs autour? Ça va être une attaque enthousiasmante."

"C’est un joueur qui crée beaucoup de choses et qui perturbe énormément le plan de jeu adverse", approuvait Wembanyama il y a quelques jours, quand Fox avait laissé fuité dans la presse son désir de rejoindre les Spurs et que les rumeurs de son arrivée dans le Texas se faisaient de plus en plus persistantes. "J’ai déjà joué pas mal de fois contre lui et c’est quelqu’un qu’on ne peut jamais oublier en défense, même une seconde, sinon il vous efface. Il est aussi très intéressant en défense."

Objectif playoffs?

Joueur déroutant et précieux en attaque, Fox est effectivement très actif de l’autre côté du terrain. La saison dernière, il était même le meilleur intercepteur de toute la NBA (2 interceptions par match, 1,5 cette saison). Si son pourcentage à trois points (32,2% cette saison, 33,3% en carrière) peut faire émerger quelques doutes, surtout que les Spurs ne brillent pas vraiment dans ce domaine (35% en moyenne, 22e pourcentage de NBA), le meneur formé à Kentucky a déjà prouvé qu’il avait les épaules pour mener une équipe jusqu’en playoffs. En 2022-2023, le duo qu’il formait avec Sabonis a permis aux Kings de retrouver les joies d’une post-season pour la première depuis 2006 (défaite 4-3 au premier tour contre les Golden State Warriors, champions en titre). La disette des Spurs, dont la dernière apparition en phase finale remonte à 2019, n’est pas aussi longue. Mais c’est bien l’objectif qui attend Fox à San Antonio.

La seule arrivée du meneur ne va pas transformer les Spurs en candidats au titre. Mais elle doit leur permettre de passer un cap dans leur quête de playoffs, l’ambition affichée par Wembanyama au début de la saison. Actuellement 12es de la Conférence Ouest (21 victoires, 26 défaites), les Texans ont quatre victoires de retard sur la 10e place, synonyme de play-in (barrages d’accession aux playoffs). Avec encore 35 matchs à jouer jusqu'à la fin de la saison régulière, cet objectif n’est pas insurmontable. Mais il ne va pas falloir chômer, d’autant que le temps ne joue pas en leur faveur.

"Le problème, c’est qu’ils partent de loin", tranche Frédéric Weis dans le podcast Basket Time. "Il faut un temps d’adaptation. Deux joueurs de ce calibre qui jouent ensemble, il faut du temps. Mais ils ont mis un coup de boost. Eux qui sont plan-plan et pépères d’habitude, là, ils ont vraiment accéléré." De quoi rendre cette deuxième année de Wembanyama dans la Grande Ligue encore un peu plus palpitante.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport