Paris-Roubaix: "Ce serait bien qu'il en laisse un peu aux autres", Tadej Pogacar favori de la course... mais pas champion de l'applaudimètre

Qui a dit qu'il n'y en avait que pour Tadej Pogacar ce dimanche? Éminemment attendu pour sa grande première sur Paris-Roubaix, l'ogre slovène n'arrive pas forcément en tête de l'applaudimètre. Au Vélodrome, là où le vainqueur devrait arriver sur les coups de 17h, selon de fines estimations, les supporters déjà présents en nombre à l'heure du déjeuner en pincent plutôt pour Wout van Aert et Mathieu Van der Poel.
"Il est très gentil Pogacar, mais ce serait bien qu'il en laisse un peu aux autres!", sourit Jean, fringant retraité de 65 ans, installé dans l'un des derniers virages précédant l'entrée sur le Vélodrome. Avec un poste de radio "pour ne rien louper", un ciré jaune du meilleur effet "au cas où on s'en prend une bonne sur la tête" et un stock de café suffisant pour tenir la journée (voire jusqu'au Tour de France). "On a eu l'énorme numéro de Pauline Ferrand-Prévot samedi chez les filles, pourquoi pas un Français aussi chez les garçons?", interroge la très optimiste Marianne, 33 ans, maillot de l'historique Mapei sur le dos. Infirmière dans la région lilloise, elle a réussi à négocier pour obtenir son week-end et se rendre à Roubaix.
"C'était impossible de ne pas venir", dit-elle, un œil sur la start-list pour vérifier que Christophe Laporte, son "chouchou", est bien forfait en raison d'un vilain virus. "C'est trop important cette course pour les gens d'ici. Le monde entier parle de nous!" Justement, Tom, rencontré en chemin, a lui quelques kilomètres au compteur. Et la mine un brin fatiguée au vu de son nombre d'heures de sommeil à rattraper. Natif de Melbourne, cet ostéopathe australien de 28 ans, qui travaille depuis six mois en Écosse, s'est lancé le défi cette année de suivre toute la campagne de flandriennes. Non pas depuis son canapé, mais au plus près des coureurs. Un périple qui lui a demandé une solide organisation.
"Je repars dès ce soir en Eurostar"
"J'ai calé tout ça au dernier moment, sinon c'était trop facile, et je repars dès ce soir en Eurostar si je me débrouille bien! J'espère encore me régaler aujourd'hui. J'étais à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, à Gand-Wevelgem, dans le Vieux Quaremont pour le Tour des Flandres... Je fais tout en train, en bus, ou en covoiturage. C'est génial", raconte-t-il. Le cyclisme, c'est une affaire de famille chez lui. Le papy prenait tous les jours sa bicyclette pour aller travailler dans une usine de poissons. "Un peu comme Vingegaard", se marre-t-il. Le papa a monté sa boutique pour réparer de vieux cycles. La maman pourrait lui parler pendant des heures de Mathew Hayman, vainqueur surprise de l'Enfer du Nord en 2016 devant le maître des lieux, Tom Boonen.
Tom, lui, n'a d'yeux que pour Mads Pedersen. L'ancien champion du monde danois court toujours après un premier Monument. "Il le mérite!", lance-t-il. "Il était encore hyper fort sur le Tour des Flandres, c'est un phénomène. Je pense que Pogacar est trop léger pour gagner et que Van der Poel n'est pas au mieux depuis qu'il est tombé malade. C'est la bonne année pour Mads. Moins pour les Français. Il y a juste ce gars qui a un nom marrant, Florian Dauphin? Il peut faire un truc?" Pedersen, misons plutôt sur Pedersen.