Incidents Paris FC-OL: le déroulé d'une nouvelle soirée de chaos

Trois semaines après l'arrêt définitif du choc de Ligue 1 Lyon-Marseille, c'est la rencontre de 32e de finale de Coupe de France entre le Paris FC et l'OL au stade Charléty qui a été définitivement stoppée vendredi, après d'énièmes incidents en tribunes. Comme une nouvelle provocation, cet épisode est survenu au lendemain d'une réunion interministérielle sur la violence dans les stades, à laquelle ont pris part des dirigeants du football français professionnel.
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Elle a débouché sur plusieurs réformes et pistes de réflexion : match de Ligue 1 ou Ligue 2 "définitivement interrompu" si un joueur ou l'arbitre est agressé, bouteilles en plastique interdites, filets de protection. "Une décision rapide, éclairée et concertée" dans un délai maximum de 30 minutes devra également être prise concernant l'arrêt ou la reprise du match.
Fumigènes et bagarres
Ce vendredi soir à Charléty, le sort du match a finalement été scellé en un peu plus de 45 minutes, vers 22h50, quand le speaker du stade a annoncé au public que la rencontre ne reprendrait pas. La faute aux incidents survenus à la pause. Parisiens et Lyonnais venaient de se quitter sur un score de parité 1-1, après l'ouverture du score précoce de Gaëtan Laura (8e) et l'égalisation pour l'OL de Moussa Dembélé (44e). Pendant que les joueurs étaient dans les vestiaires, des fumigènes ont été lancés aux abords du parcage lyonnais.
L'AFP rapporte qu'ils alors été ramassés par des supporters dans la tribune attenante, puis lancés à divers endroits de cette tribune avant de s'éteindre. Deux explosions de bombes agricoles ont également été entendues. Des bagarres ont éclaté et des mouvements de foule ont alors eu lieu dans le parcage lyonnais et la tribune voisine, entraînant le déploiement de forces de l'ordre venues prêter main forte aux stadiers. Des spectateurs de la tribune proche des incidents sont alors descendus sur la pelouse pour s'éloigner du danger.
Revenus sur le terrain vers 22h, l'arbitre et les joueurs, qui allaient donner le coup d'envoi de la deuxième période, ont finalement regagné les vestiaires, interloqués. Pour ne plus en ressortir. Le speaker du stade, accompagné du président du Paris FC, Pierre Ferracci, a annoncé vers 22h50 "qu'en accord avec les autorités la rencontre ne reprendrait pas". Dépité, le public a alors commencé à quitter l'enceinte.
Selon nos informations, des anciens ultras du PSG pourraient être en cause dans ces bagarres. Il s’agirait notamment d’anciens indépendants du Virage Auteuil. Des membres, toujours éloignés du club depuis le Plan Leproux, se faisant régulièrement remarqués par leur côté "violent". L’identification prochaine de ces individus, pour certains non-cagoulés, pourrait confirmer ou non cette hypothèse.
Des supporters exaspérés
Ce nouvel incident, un mois après le jet de bouteille sur Dimitri Payet lors d'OL-OM, a suscité beaucoup de dépit chez les spectateurs, venus nombreux pour passer une belle soirée de football au stade Charléty, et qui sont repartis dans le KO. "Je suis dégoûté, c'est n'importe quoi, a commenté Louis, un spectateur, supporter de l'OL, qui a décidé de quitter le stade, écœuré. Il y avait beaucoup de personnes cagoulées. Ils avaient des ceintures. Ils voulaient casser le plus de gueules. Ce sont des tarés! C'est hallucinant après tout ce qui s'est passé ces derniers mois, notamment avec l'OL. La sécurité, c'était zéro! Les CRS sont arrivés 10 minutes après."
Hugo, un autre spectateur présent au stade, va même plus loin dans les explications. "On a vu des coups qui rappellent des images terribles des années 90 avec les hooligans anglais. On a vu des tirs de fumigènes dans les travées du stade. On a vu des fumigènes tirés là où il y avait des gens. Après il y a eu un envahissement de terrain. Moi ce qui m’ulcère au plus haut point c’est que je suis à côté du kop des supporters du Paris FC et certains fans sont descendus pour en découdre avec les autres supporters. On est dans le froid, il y a des enfants et des familles. L’image que l’on donne du sport est déplorable. Quelle image on donne du sport en France? C’est dramatique."
Deux présidents en désaccord
Après l'arrêt définitif du match par l'arbitre de la rencontre, Jean-Michel Aulas, le président lyonnais, et Pierre Ferracci, son homologue du PFC, ont tenu des discours bien différents. Si le premier veut que "les responsabilités soient partagées" mais assure vouloir "porter plainte pour montrer que [sa] volonté est de sanctionner ceux qui le méritent mais aussi de trouver la responsabilité de ce qu'il s'est passé", le deuxième ne l'entend par de cette oreille.
Sur RMC, Pierre Ferracci a chargé par deux fois le patron de l'OL, en lui demandant de "prendre ses responsabilités" après l'attaque "d'une bande d'abrutis, les ultras lyonnais" lors de la rencontre. "Jean-Michel Aulas va devoir calmer ses énergumènes. On a reussi a gérer les Lensois en 2019. On n'a pas de leçons a recevoir. On pensait qu'il y avait assez de sécurité. Si Jean-Michel (Aulas) ne fait pas le ménage dans ces supporters, il va tirer l'OL et le foot français vers le bas."
Au lendemain des incidents, l'OL a été le premier des deux clubs à réagir dans un communiqué sanglant. Le club rhodanien indique que "les individus impliqués n’ont pas leur place dans un stade, la violence ne peut plus être tolérée dans les stades" et annonce "interdire de déplacement des groupes de supporters pour les matchs à l’extérieur."
Le Graët veut des "interdictions de stades systématiques"
Après les présidents, ce sont les institutions qui se sont mêlées à l'affaire. Dans un premier temps, Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports, a fait savoir après le match à Noël Le Graët, le président de la FFF, son fort mécontentement et lui a demandé d’agir fermement. Elle lui a rappelé que l’Etat a apporté une réponse aux instances du football, à elles d’agir maintenant. Le patron de la Fédération n'a pas tardé à répondre, via un communiqué publié par la FFF, en qualifiant les évènements "d'intolérables et désastreux".
"Ces quelques groupes de pseudo-supporters, à l’origine de ces incidents et de ces violences, n’ont rien à faire dans un stade. Je souhaite que les enquêtes et procédures mises en place, qu’elles soient disciplinaires, administratives et judiciaires, fassent toute la lumière sur ces incidents, identifient clairement les responsabilités et ces fauteurs de trouble qui doivent être chassés des enceintes sportives par des interdictions de stade systématiques."
Quelle suite pour la rencontre ?
Arrêté à la pause, le match PFC-OL va-t-il être rejoué? Selon les informations de RMC Sport, la commission de discipline de la FFF va placer ce dossier en instruction. La première tendance est que les décisions (notamment sur le sort de la rencontre) ne seront pas prises d'ici les 16èmes de finale programmées le 2 janvier. Les éléments risquent de mettre du temps avant d'arriver dans les bureaux de la fédération.
Mais le rapport de l'arbitre va lui être communiqué dès ce samedi alors qu'habituellement il arrive le lundi. Les sanctions prises seront celles fixées par les règlements généraux. Un match perdu pour Lyon est une "possibilité" même si cela dépendra des rapports des officiels, des vidéos et des autres pièces du dossier. Mais la commission pourrait taper encore plus fort comme l'OL est en situation de récidive. Le Paris FC n'est pas non plus à l'abri, selon les défauts de sécurité qui seront relevés.