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OL-Manchester United: quand la nostalgie de 2008 enivre les anciens

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L'Olympique Lyonnais s'apprête à recevoir Manchester United ce jeudi (21h) en quart de finale aller de Ligue Europa et pour la première fois depuis 2008. Il y a 17 ans, en huitièmes de finale de Ligue des Champions, l'OL avait tenu en échec l'armada des Red Devils de Sir Alex Ferguson au stade Gerland avant de s'incliner à Old Trafford. Une double confrontation qui reste dans les mémoires des anciens joueurs et des supporteurs, qui s'impatientent à l'idée de revivre de nouveaux grands moments à domicile.

Dans une pièce de sa maison du sud de la France, Alain Perrin, a fait d'un de ses murs, une vitrine de fanions. Parmi eux, de grands rendez-vous européens qui ont marqué sa carrière d'entraîneur: Wolfsburg-ESTAC, Real-OM, Manchester United-OL.

"Ce match fait partie de mes plus grands souvenirs de Coupe d'Europe" affirme celui qui a passé une saison sur le banc lyonnais entre 2007 et 2008 permettant à l'OL de signer son premier doublé coupe-championnat "Manchester régnait sur le football européen, c'était la référence et il y a encore une petite frustration parce qu'on a perdu contre les vainqueurs de la compétition en faisant pratiquement jeu égal sur les deux rencontres."

Perrin s'était régalé à décortiquer la tactique de Ferguson

Au point, même, de se rappeler de la préparation de cette rencontre: "J'avais aimé décortiquer la façon d'Alex Ferguson de préparer ses matchs, de passer d'un 4-4-2 en championnat au 4-3-3 en Ligue des champions. C'était un régal à préparer. On avait manqué un peu de réalisme, d'expérience, de finition, ça s'est joué à pas grand-chose."

Evoquer la rencontre 2008 laisse un goût amer dans la bouche de Sébastien Squillaci, défenseur de l'époque "Quand tu voyais les noms... Cristiano Ronaldo, Giggs, Scholes, Ferdinand et Vidic derrière, c'était quelque chose" se souvient l'actuel entraineur adjoint de l'OGC Nice "mais les bons souvenirs, ce sont les matchs gagnés et les qualifications." Cette année-là, l'OL avait pris la porte après une défaite (1-0) à Old Trafford et un match nul (1-1) au match aller.

"On était un peu le PSG d'aujourd'hui"

Dans son stade Gerland, cette année-là et les précédentes, l'Olympique Lyonnais était impérial "à domicile comme à l'extérieur, en Ligue 1, je nous sentais quasiment invincibles", assure Toto Squillaci. "Dès qu'on accélérait, on marquait des buts et dans les matchs fermés, on avait un facteur X qui s'appelait Juninho et qui arrivait toujours à trouver des solutions."

Son compère en défense, le Brésilien Cris garde ce même souvenir: "On pouvait battre n'importe qui à Gerland, même en Coupe d'Europe. Peu d'équipe sont repartis d'ici en gagnant. Et on a joué Liverpool, le Barça, le Real, Manchester..." De quoi avoir des regrets, "je pense qu'on avait une équipe pour arriver au moins en finale de Ligue des champions."

Alain Perrin en est aussi persuadé. "C'était l'éclosion de Karim Benzema, Juninho qui était magique à voir jouer, j'avais la chance d'avoir beaucoup d'internationaux, de Greg (Coupet) à Sidney (Govou), en passant par Squilacci, Cris, des hommes de l'ombre comme Toulalan, des soldats avec un cœur en or comme Kallström, une équipe très agréable à manager. Quand le groupe décidait de jouer à son top niveau, c'était un rouleau compresseur."

"En 2008, on arrivait un peu sur la fin mais en 2005, 2006, 2007 on était un peu le PSG d'aujourd'hui", compare le Policier Cris. "Il y avait une force qui se dégageait du vestiaire. En début de saison, on regardait le calendrier et on se disait qu'on allait être champion à cette date."

L'OL placé favori par les joueurs de l'époque

Mais aujourd'hui, l'OL, cinquième de Ligue 1 a perdu de son aura. "C'est un club qui a connu beaucoup de changements, encore en construction. Le club doit retrouver son identité, qu'elle a un peu oublié, basé sur la formation de joueurs. A l'époque, on a vu passer les Benzema, Ben Arfa puis les Lacazette et Tolisso qui sont encore là. Il faut continuer là-dessus."

Malgré tout, les anciens voient bien leur ex-club obtenir un résultat. "C'est une affiche prestigieuse, largement équilibrée mais je vois Lyon favori, la Coupe d'Europe peut les surmotiver", prévient Sydney Govou, attaquant lyonnais entre 1997 et 2010.

"Cette équipe a l'opportunité de se montrer, il faut qu'elle profite de cela", analyse de son côté Cris. "Manchester est en difficulté mais sur un match européen ça se joue au détail, on pourrait penser à du 50-50 mais je pense qu'ils peuvent le faire, l'OL a aujourd'hui plus de joueurs qui peuvent faire la différence que Manchester." Un constat partagé par Alain Perriin: "L'OL peut avoir des sauts d'humeur ou de résultats mais ils ont les joueurs pour faire la différence, des détonateurs. Ils ont toutes leurs chances."

Des fans impatients de revivre un grand rendez-vous européen

Avant même de parler résultats, les supporters de l'OL, eux, salivent à l'idée de retrouver une grande affiche à domicile après avoir reçu l'Olympiacos, le Besiktas ou Francfort ces dernières saisons. "Cette fois c'est différent", estime Norvan "Ça va vraiment rappeler les belles soirées européennes du club avec un stade en ébullition, un vrai enjeu et un parfum de Champions League." "Il y a beaucoup d'excitation et d'impatience" assume Ludowic, un autre supporter des Gones "Je pense que ça peut être le moment de recréer une belle histoire européenne, un grand d'Angleterre qui vient à la maison, ça fait rêver."

Pour Alain Perrin, il y aura une vraie excitation à l'idée de regarder ce match: "Ce sera à la fois de la nostalgie pour les anciens et l'enthousiasme pour les plus jeunes qui n'ont pas eu l'occasion de vivre des grands matchs comme ça et qui sont des affiches prestigieuses. C'est la réunion de tous les publics, une communion pour faire un exploit."

Avant de se rendre à Manchester le 17 avril prochain. "Aller jouer à Old Trafford c'est toujours un événement", raconte Sidney Govou. "C'est un stade mythique, une équipe mythique. Lorsqu'on les a affrontés, c'était une autre époque mais ça reste un grand nom. C'est l'un des clubs les plus connus au monde et même si sportivement, il a régressé, c'est forcément une belle affiche." Dans leurs propos d'avant-match, les joueurs de l'OL se disent prêts pour un tel rendez-vous et même si Rayan Cherki avait 5 ans au moment de la dernière rencontre, il promet "un match d'homme. On est prêt à leur faire la guerre et on prendra nos responsabilités."

Clément Brossard