Toulouse: le bilan sportif, le mercato, les ambitions de "top 6"... ce qu’il faut retenir du point presse de Comolli

Le bilan sportif en Ligue 1
On est un peu déçus au niveau des points. Ce qui nous frustre le plus, ce sont les matchs à domicile face à Lorient, Nice et Strasbourg où on fait des matchs nuls. A chaque fois on mène et contre Strasbourg on doit gagner facilement. On doit faire neuf points au lieu de trois. Autre déception, le match à Clermont où on doit faire trois points et on repart avec zéro. Sur les quinze matchs qu’on a joué, on a joué dix fois contre des équipes du top dix, dont cinq fois à l’extérieur.
Le calendrier était vraiment compliqué. Mais nous sommes en déficit de points. Autre chose importante: notre identité de jeu, la manière dont on évolue. Il y a une identité dans l’état d’esprit: jouer en équipe, ne jamais laisser tomber. J’ai rencontré tous les joueurs de manière individuelle avant les vacances. Tous m’ont dit: 'contre Monaco c’était pas nous. Ce n’était pas Toulouse, pas ce que l’on est.' Quand tous les joueurs vous disent ça, des plus expérimentés au moins utilisés, c’est signe d’une identité et d’une culture forte. On est la onzième attaque, la quinzième défense et la huitième équipe en terme en possession (sixième à domicile) donc continue à jouer le jeu qu’on avait dit. On croit en ce projet.
Debève mis à pied
Mickaël Debève a été suspendu, mis à pied à titre conservatoire. Une procédure disciplinaire est en cours contre lui. Il y a des délais, des entretiens, encore des délais après des réflexions de part et d’autre. Comme c’est un contrat Ligue, on doit aller devant la commission juridique de la LFP. Cela prend un peu de temps. Je ne peux pas en dire plus pour le moment, car il y a une procédure juridique. En sachant qu’aujourd’hui il n’y a aucune sanction qui a été prise contre lui.
Le mercato
Nous avons fait des propositions de prolongations l’an dernier à Moussa Diarra, Anthony Rouault et Nathan Ngoumou. Les trois ont réfusé les propositions. Nathan a refusé car il voulait partir. Pour Antho et Moussa, on s’est mis d’accord pour discuter dans la saison en cours. Nous avons prolongé Keben et Chaïbi. On a fait une proposition financière à Rhys Healey. Il n’a pas voulu prolonger pour un argument d’ordre privé. Puis il s’est fait sa grave blessure.
Concernant Branco Van Den Boomen, j’ai eu une discussion dès le mois de mai avec son agent. En sachant que c’est actuellement le joueur le mieux payé au club, il est parti sur des chiffres deux fois et demi notre plus haut salaire. Il pendait que la montée allait démultiplier nos revenus. Ils ont cherché un club tout l’été mais on a eu zéro proposition. Branco ne pense qu’au foot actuellement, ça ne l’affecte pas. Ni ses performances.
J’ai eu discussion avec lui récemment. Cela l’intéresse de rester, dans la mesure où il s’y retrouve financièrement. Mais en même temps, il veut voir s’il n’y pas mieux pour lui actuellement en Europe. Son agent, par l’intermédiaire de 'transfert room', un site pour les équipes et les joueurs, a mis Branco à disposition. Ce qui m’a étonné. S’il reste sur les mêmes chiffres, ce sera inatteignable. Par contre, si on discute sur des bases que l’on peut payer, ce sera avec grand plaisir.
Pour Spierings, il a changé d’agent. J’ai vu son nouvel agent que je connais bien. Le joueur veut rester. Une discussion est prévue entre décembre et janvier pour une prolongation de contrat. Ce sera une histoire de négociation mais je sais que le joueur veut rester il me l’a dit. Je dois aussi rencontrer l’agent de Maxime Dupé courant décembre. Et même chose pour Brecht (Dejaegere). Enfin pour Issiaga Sylla, il n’a jamais été question d’une prolongation. On est tombé d’accord sur le fait que ce serait dernière année il a fait son temps ici. Lui veut un nouveau challenge. Nous aurons une capacité financière importante. Et nous devrons nous renforcer en milieu de terrain après les blessures aux adducteurs de Tsingaras et celle de Denis Genreau. Les deux se sont fait opérés. Genreau sera absent trois mois et c’est la raison de son forfait à la Coupe du monde.
La vie du club
Les supporters et l’engouement. On a 13500 abonnés, on est à plus de 23000 spectateurs de moyenne depuis le début de la saison. On a fait huit matchs à plus de 20000, ce qui n’est plus arrivé depuis des années. Ce que font nos supporters, c’est admirable. Ceux qui animent le virage Brice, c’est extraordinaire. Et ils le font sans animosité, sans insulter les autres, ce que je ne comprends pas ailleurs, être obligé d’insulter les autres pour encourager la sienne. Cela amène une grande convivialité, c’est très festif. Je remercie notre communauté en général. Il y a beaucoup de femmes et de familles aux matchs. Pourquoi ça marche comme ça? Je n’ai pas d’explication.
C’est un cercle vertueux. On essaye d’avoir de la qualité sur le terrain, dans le jeu. C’est ce que notre communauté veut voir. Cela colle avec l’identité de la région. Une équipe qui a du cœur, des valeurs fortes. Le virage a décollé, le virage Christophe Revault, là où il y a des familles en face, marche du tonnerre aussi. On a créé cet engouement. Mon obsession est de maintenant comment faire pour que les gens continuent à venir et revenir au stade. Nous allons enfin faire des investissements structurants: dans les deux ans et demi qui arrivent, nous allons investir plus de 20 millions d’euros. Entre le centre de performance que nous allons créer, les investissements que l’on fait pour remettre le centre de formation à niveau, la nouvelle boutique dans le centre-ville et les travaux importants dans le vestiaire domicile du Stadium, qui sera prêt au 1er juillet 2024. Et des bureaux aussi. On va déménager du troisième étage du Stadium, au 1er janvier 2024 pour des bureaux pas loin d’ici. Le club n’avait jamais eu de foncier, c’est la première fois, en ce qui concerne le futur centre de performance. Ce sont des projets importants.
Les datas fonctionnent-elles au Qatar?
Les datas marchent au Qatar, bien évidemment. Je regarde les matchs, moins quand même que quand j’étais recruteur ou directeur sportif. On regarde. Est-ce que les idées peuvent venir de là ? Pas sûr, par rapport à nos moyens financiers. Si on a une opportunité de marché extraordinaire… comme Zakaria Aboukhlal, qui performe avec l’équipe du Maroc. Je ne peux pas vous dire combien on l’a acheté, mais quand on le sait et qu’on voit où il est maintenant, il y a à peu près ça d’écart (il élargi les bras). Des opportunités de marché comme cela il faut les saisir. C’est pour cela qu’on s’est battus pour l’avoir. Et il est encore loin d’être au niveau où il peut être. Cela fera donc un transfert pour nous avec une création de valeur plus importante que ce qu’on avait anticipé. S’il y a d’autres cas comme ça, je veux bien les regarder mais je suis quand même assez sceptique.
L’achat du Milan AC par RedBird change-t-il quelque chose pour le TFC?
De manière plus générale, les chiffres des investissements que je vous ai annoncé montrent que tout est auto-financé par le club. Ce sont sur nos deniers. Mais d’un autre côté, cela montre l’engagement de RedBird auprès du TFC. Ça va bénéficier sur les dix, quinze, vingt prochaines années. Donc c’est la vision en tant que RedBird, pour le TFC. Le soutien de RedBird, quels que soient les investissements faits ailleurs, ne change absolument pas. Et par rapport au Milan, le rachat s’est fait très récemment. On n’a pas encore parlé de ça. On va évoquer cela à l’avenir.
Les ambitions du TFC : plafond de verre ?
Le principe de base qu’on a annoncé depuis qu’on est arrivé c’est que le club doit être auto-suffisant financièrement. C’est-à-dire sans apport d’actionnaire. Par contre, nous sommes en pleine réflexion depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour essayer d’augmenter notre compétitivité sur le terrain et que celle-ci soit soutenue en-dehors du terrain, sur le plan des revenus. Pour être plus ambitieux sur le terrain, il faut qu’on ait les revenus qui aillent avec. On est en train de construire un plan là-dessus. Sportif ou financier.
On pense qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de potentiel à Toulouse et dans la région. On commence à attirer beaucoup d’intérêts de sponsors nationaux, voire internationaux. On est en train de construire l’avenir pour ça. Comme on l’a annoncé depuis mon arrivée, la quatrième ville de France doit être entre le top 6 et le top 8 de Ligue 1. A l’heure actuelle le gap financier entre un club de top 8 et le nôtre est incommensurable. Ce qui nous intéresse c’est comment combler ce gap. On a un plafond de verre auquel on va se heurter à un moment. A un moment on va toucher nos limites. Mais le plafond de verre on va le briser en augmentant tout ce qu’on fait ailleurs. Avec le stade, comment on optimise nos hospitalités, nos loges. Il n’y en a pas assez. Il y en a à peu près 1000, il en faudrait plus de 3000. Comment faire venir plus de sponsors, comment on les faire payer plus? On est en pleine réflexion là-dessus. C’est pas d’aujourd’hui. Le premier étage de la fusée, c’était monter d’une certaine manière, être champion et ramener le club en L1. Le deuxième étage c’est comment on va vers le top 8 et le Top 6 de la L1. On travaille dessus.