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Top 14: Toulouse-La Rochelle, la finale entre deux clubs que tout oppose (ou presque)

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Toulouse et La Rochelle s’affrontent ce samedi (21h) au Stade de France en finale du Top 14. Les deux meilleures équipes de la saison régulière rêvent de remporter le bouclier de Brennus lors d’un duel qui s’annonce spectaculaire entre deux rivaux si différents sur le papier.

Titré l’an passé en Top 14, Montpellier n’a pas réussi à se qualifier pour la phase finale cette saison. Idem pour les Castrais, finalistes malheureux en 2022. A la place, la finale du championnat de France opposera ce qui se fait de mieux en ce moment dans l'Hexagone avec un choc entre Toulouse et La Rochelle, clubs classés respectivement premier et deuxième de la saison régulière. Un duel au sommet du rugby tricolore qui devrait encore donner lieu à une belle bataille ce samedi au Stade de France (21h, en direct commenté sur le site et l’app RMC Sport).

Avant de s’affronter en finale, Toulouse et La Rochelle ont joué l’un contre l’autre à deux reprises cette saison. Chaque fois, l’équipe à domicile a gagné devant son public. Les Toulousains à 15 contre 14 en octobre (26-17) et les Maritimes début janvier (30-7). Les retrouvailles en finale pourraient bien consacrer un inédit champion rochelais ou confirmer le statut des Toulousains tout en haut de la hiérarchie nationale.

"Je crois que surtout le temps aidant, les rivalités se formant, il y a forcément des oppositions de styles, de personnalités. Mais vous savez le Stade Toulousain a connu ça bien avant moi. Cela fait une trentaine d'années, a indiqué Ugo Mola ce vendredi à la veille de la finale. Le Stade Toulousain est performant sur un temps long et il nous est arrivé de rencontrer des Stade Français, des Toulon... Et maintenant c'est La Rochelle... Et je pense que ce sont les archi favoris."

L’historique Toulouse face au nouveau costaud La Rochelle

Au niveau du palmarès en championnat, difficile de faire plus grande opposition que ce Toulouse-La Rochelle. D’un côté, le Stade Toulousain et ses 21 titres acquis dans une riche histoire de plus de 100 ans. Du premier succès en 1912 au dernier en 2021, le club de la Ville rose est tout simplement le club le plus titré du championnat. Surtout, Toulouse n’a plus perdu une finale de Top 14 depuis 2006.

En face, La Rochelle ne tient pas la comparaison en matière de trophées. Sur la scène hexagonale, le club charentais n’a jamais mis la main sur le Brennus tant désiré. Pire, il n’y a eu qu’une seule finale pour les Maritimes en Top 14, une défaite contre… Toulouse en 2021.

Pourtant, La Rochelle connait une énorme progression ces dernières années. Après une première finale de Challenge européen en 2019, le club rochelais a poursuivi son ascension. Sont ensuite arrivées les deux défaites en finale contre le rival toulousain en 2021 (en Top 14 et en Champions Cup) puis la consécration européenne avec les titres en Champions Cup en 2022 et tout récemment à Dublin en réussissant ce que Toulouse n’a pas su faire: renverser le Leinster devant son public (26-27).

C’est simple, sur les cinq dernières saisons, La Rochelle a disputé six finales sur neuf possibles - la saison de Top 14 ayant été arrêtée à cause du Covid-19 en 2020 - dans les compétitions où le club était engagé. Après le titre continental, les Jaune et Noir peuvent s’offrir un fantastique doublé.

Toulouse a gagné la guerre des chefs à la LNR

Il n’y a pas que sur le terrain que le Stade Toulousain et La Rochelle s’opposent. Dans les coulisses de la LNR aussi, la bataille a fait rage en mars 2021. Candidat à la succession de Paul Goze et notamment soutenu par le patron du Racing Jacky Lorenzetti, Vincent Merling a longtemps été en position de force pour devenir le nouveau président de la Ligue.

Mais c’est finalement René Bouscatel, président toulousain pendant 25 ans (1992-2017), qui l’a emporté après avoir convaincu les autres présidents du Top 14 et de Pro D2 de se rallier à sa cause. Le soutien de son successeur à Toulouse, Didier Lacroix, ou de Thomas Lombard (Stade Français) et même de certains proches du clan Laporte ont pesé lourd au moment du scrutin et dans cette victoire de René Bouscatel face à Vincent Merling.

Ce 23 mars 2021, le président rochelais a même subi un double camouflet puisqu’il n’a pas réussi à intégrer la direction de la LNR. Avec seulement 51 voix en sa faveur, le patron des Maritimes a vu Jean-François Fonteneau (Agen), Bernard Lemaitre (Toulon), Thomas Lombard (Stade Français), Didier Lacroix (Toulouse), Yann Roubert (Lyon) et Bernard Pontneau (Pau) lui griller la politesse.

Mola contre O’Gara, deux chambreurs qui ne s’apprécient pas

Retour au terrain où la rivalité entre les deux clubs n’a eu de cesse de grandir depuis deux ans entre Ugo Mola et Ronan O’Gara. Le manager toulousain et le coach irlandais des Maritimes possèdent de gros caractères. Et cela a déjà fait des étincelles entre eux, notamment en mai 2022 lors de la 24e journée de Top 14.

Ce soir-là, à une quinzaine de minutes d’une victoire toulousaine au Stadium (23-16), les deux techniciens s’étaient branchés le long de la ligne de touche avant d’échanger quelques mots bien sentis. Un moment de tension où le petit sourire narquois d’Ugo Mola avait répondu au regard noir de Ronan O’Gara.

Et le temps n’a pas calmé les choses entre les deux hommes. Interrogé sur La Rochelle avant les demi-finales de Top 14 cette saison, le coach toulousain a présenté l’équipe maritime comme le nouvel "épouvantail" du championnat. Pas vraiment fan de cette sortie de son homologue haut-garonnais, l’Irlandais a dégoupillé.

"L’avis d’Ugo Mola sur le Stade rochelais n’était pas intéressant dans le passé, a lâché l’ancien demi d’ouverture du Munster et du XV du Trèfle. Il n’est pas intéressant dans le présent, et il ne sera pas intéressant dans l’avenir." Cela promet avant la poignée de main entre Ugo Mola et Ronan O’Gara lors de cette finale de Top 14.

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"Ça fait quelques années que je vois les confèrence de presse et qu’on lit les choses, notamment venant d'Ugo Mola ou son prédécesseur Guy Novès, a de son côté commenté le Rochelais Brice Dulin ce vendredi. Ils ont tendance à renvoyer la balle dans le camp adverse. Je pense que ce sont deux équipes qui arrivent en forme et qui ont l’envie. C’est du 50/50. En arriver là après ce marathon de Top 14, les organismes sont touchés, il y aura l’envie et le mental. On verra."

Deux styles différents mais…

En digne héritier de Guy Novès, Ugo Mola a perpetué la tradition du jeu offensif à Toulouse. Avec une charnière Dupont-Ntamack et des lignes arrières particulièrement bien fournies avec Thomas Ramos, Ange Capuozzo ou encore Pita Ahki, le Stade Toulousain a fait craquer de nombreuses défenses cette saison en Top 14.

L'adage populaire "Jeu de mains, jeu de Toulousains" reste toujours aussi vrai. Mais attention, avec un paquet d'avants qui s'est aussi installé au sein du XV de France, le premier du classement de la phase régulière du championnat a montré qu'il savait aussi gagner ses matchs dans le combat et en défense (avec 474 points encaissés en 26 matchs, Toulouse a la meilleure défense devant La Rochelle et ses 479 points encaissés).

Les retrouvailles entre les internationaux tricolores Marchand, Baille, Aldegehri ou encore Mauvaka d'un côté et Atonio, Wardi et Alldritt de l'autre s'annoncent particulièrement intenses. En particulier quand on connait l'intensité que Ronan O'Gara demande à ses joueurs du côté de La Rochelle. En bon ancien du Munster et de la sélection irlandaise, le coach de 46 ans demande à ses joueurs de multiplier les efforts au contact.

Face aux assauts des Toulousains, les Rochelais vont sortir les barbelés en défense et affichent une forme exceptionnelle dans ce domaine depuis plusieurs mois. Sur les dix derniers matchs de la saison régulière, les Maritimes ont affiché le meilleur bilan du Top 14 avec huit victoires et seulement 170 points encaissés. Pour le reste, la densité physique des colosses que sont les Skelton, Botia, Danty ou Boudehent risque de faire des ravages.

"Ce sont plutôt deux équipes qui ont envie de gagner des titres avec de très bons joueurs français et étrangers, a tranché Grégory Alldritt, troisième ligne des Maritimes, à la question de savoir si tout oppose les deux formations. Gros effectifs, deux clubs qui véhiculent de belles valeurs... Ravi que ce soit le premier et deuxième qui se retrouvent en finale. Nous, on veut prendre énormément de plaisir et on espère qu’on en prendra plus que les Toulousains."

JGL avec WT et WC