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France-Ecosse: "Nous sommes tombés mais nous devons nous relever", annonce Galthié

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Fabien Galthié a fait confiance à l’équipe, hormis Uini Atonio qui est suspendu, qui s’est inclinée en Irlande. Le sélectionneur du XV de France en a tiré des enseignements, répète malgré tout que la concurrence existe chez les Bleus et attend une réponse de ses joueurs dimanche contre l'Ecosse lors de la troisième journée du Tournois des VI Nations.

Après la défaite en Irlande, hormis la suspension de Uini Atonio, vous n’effectuez pas de changement dans votre quinze de départ. Que doit-on en déduire?

Depuis quatre ans maintenant, en 33 compositions d'équipes, nous avons essayé d'avoir une cohérence, une lecture, une vision. Sur quatre ans, notre équipe a remporté 80% de ses matchs, 14 victoires consécutives. Les joueurs qui la composent ont prouvé face à différents adversaires qu'ils étaient capables de relever n'importe quel défi. Votre question est liée à la défaite (en Irlande, ndlr), qui pourrait être synonyme de sanction, voire de changement (mais) nous avons jugé après réflexion qu'il n'y avait pas de raison de modifier cette composition hormis Uini Atonio, suspendu pour deux matches. Nous avons intégré 'Momo' Haouas, qui a déjà joué avec nous à différentes occasions, ce qui nous permet de conserver une expérience collective conséquente. Tous les joueurs méritent de porter le maillot.

Est-ce que la concurrence existe?

Oui, la concurrence, elle existe. Nous avons une moyenne d’âge de 26 ans. C’était 24 avant. Il y a eu du turnover. Nous avons pris une quinzaine de sélections en moyenne. Nous avons une vision, car des joueurs "premium" ont été laissés au repos l’été. Une équipe de France a joué 25 matchs et l’autre 7 matchs.

Cela permet de faire accéder des joueurs. La vision de bien se développer, de les développer sur leur potentiel de joueurs et d’hommes. Nous avons perdu peu de joueurs, hormis sur des blessures importantes: Leroux, Vakatawa. Donc tous les joueurs sont en course. 42 c’est 3 par poste. Et des joueurs, comme Dumortier, ont bénéficié de l’expérience de vie du groupe. Flament, Moefana, Falatea, Wardi. Des joueurs qui ont vécu avec le quinze de France.

Le groupe est-il en train de se fermer avant la Coupe du monde ou certains peuvent-ils encore l’intégrer?

Bien sûr. Il y a quatre ans qu’on travaille sur ce groupe-là. Gros, Villière, Woki sont blessés. Arthur Vincent aussi. Des joueurs peuvent revenir. Le vestiaire, il est ouvert. Regardez l’exemple de Dumortier. Il est arrivé il y a trois matchs. Et un joueur sur quinze c’est beaucoup. L’équipe de France premium ne fait que huit matchs, quand les autres nations en font onze. Huit matchs pour travailler ensemble. Il y a encore la possibilité pour des joueurs de saisir l’opportunité. Il peut y avoir une série de blessures au même poste et au même moment. Je ne serai d’ailleurs pas surpris que ça arrive à la Coupe du monde. C’est toujours arrivé. On connait les joueurs, ils nous connaissent. On essaye de construire et renforcer notre projet.

"Trouver les clefs pour être meilleurs"

A froid, quelle analyse avez-vous fait de la défaite en Irlande?

A froid et à chaud, on a analysé ce match. C’est intéressant d’avoir vécu cette expérience, se déplacer chez numéro un mondial pour le défier. Jusqu’à la 71eminute, nous étions à 6 points, en capacité de gagner le match. Sur une action défensive on a attaqué un contre-ruck, sur un plaquage dominant, mais ils ont su gérer admirablement ce ruck et, avec Doris notamment, ont éliminé notre défense et fait marquer Ringrose. Je dirais que c’était remarquablement joué en défense de la part des Français et de manière exceptionnelle de la part des Irlandais en attaque. Pour résumer ce match, c’est deux équipes qui ont joué un rugby de premier rang mondial. Et dans ce rugby, on a un peu touché à nos limites. Mais eux aussi.

Mais quand on a pu reprendre le score, ils ont été choisi encore plus forts. J’ai quelques actions en mémoire, les percées de Dumortier, de Dupont. Damian Penaud qui vient à deux mètres de la ligne. Nous avons eu des temps forts que nous n’avons pas concrétisé car les Irlandais étaient là. Donc je le répète, c’est intéressant de vivre cette défaite et trouver les clefs pour être meilleurs. D’un point de vue physique, technique et stratégique. C’est à améliorer. Nous sommes tombés mais nous devons nous relever. Tout l’environnement de l’équipe de France. C’est notre 33e match dimanche, il en reste deux et la prochaine compétition sera la Coupe du monde. C’est aussi intéressant pour les joueurs de vivre l’environnement. Nous écoutons les commentaires, les échos médiatiques et nous sommes en phase avec ce qui peut se dire.

Votre capitaine Antoine Dupont a joué l’intégralité des deux premiers matchs. Comment managez-vous les hommes qui pourraient le suppléer?

Antoine, cette année, a fait deux matchs en novembre et deux avec nous pendant le Tournoi. Quatre matchs, et si tout va bien, il fera sept. Est-ce que c’est beaucoup? Notre capitaine, aura fait quatre et peut-être sept. Mettre les meilleurs joueurs sur le terrain c’est le principe. L’an dernier, quand on a fait sortir Antoine et fait rentrer Maxime Lucu, c’était un principe de rotation et de coaching. Aujourd’hui, on a jugé que ce n’était pas nécessaire. Si on le juge, on le fera avec lucidité. Nous parlons de l’équipe de France.

Que pensez-vous de l’Ecosse, votre adversaire dimanche?

L’Ecosse a commencé par une victoire à Londres avec bonus offensif et a enchaîné avec une autre, toujours avec bonus, contre le pays de Galles. Avec la composition qu’ils viennent d’annoncer, ils proposent leur meilleure équipe. Les 23 qui vont rentrer dimanche sur le terrain, c’est leur meilleure équipe. Ils ont premiers à égalité avec l’Irlande. Mais ils peuvent gagner, comme nous, comme l’Angleterre, le Tournoi.

"Ntamack va amener son savoir-faire"

Dans quel état physique sont les joueurs?

C’est un sujet très important, la fraicheur, la dimension physique. Les joueurs n’ont pas de question à se poser. Nous savons nous préparer quel que soit le moment de la saison. On sait se préparer pour être compétitif. L’équipe sera prête. Elle sera bien meilleure. Nous savons gérer les journées 3 et 4. Par rapport aux joueurs qui ont joué, il faut qu’ils n’aient qu’une envie: c’est de jouer 80 minutes. C’est vrai, on est habitués dans le championnat de France à rentrer et sortir pendant les matchs. Ça n’existe pas au niveau international.

Comment jugez-vous le rôle de Romain Ntamack dans votre animation?

La vision du poste, c’est que nous avons des meneurs de jeu. Plusieurs dans l’équipe. Le talonneur, le numéro 8, Charles Ollivon, celui qui annonce les touches, Antoine Dupont, notre capitaine, Romain, Gael Fickou, le chef de la défense, et l’arrière. C’est toute une épine dorsale qui est consultée et responsable. Surtout pas le joueur seul. La force de l’équipe, c’est l’épine dorsale. Du talonneur, au front, jusqu’à l’arrière.

Tous ces joueurs contribuent à l’organisation collective, à porter notre collectif. Notre objectif, c’est jouer juste. Trouver les espaces en attaque et en défense c’est fermer les espaces, se mettre en face. Le projet est simple, mais il faut de l’intensité. D’où l’importance de gestion de l’énergie. Et pour finir sur Romain, par rapport à Finn Russell, dimanche nous avons rendez-vous avec le spectacle. Un match à guichets fermé, avec du son, de la pyrotechnique, on ne va pas s’ennuyer au Stade de France! Et si Finn Russell va y contribuer, Romain Ntamack va amener son savoir-faire. Notre organisation est différente de l’Ecosse. Romain ne joue pas seul. Finn, c’est différent, ils cherchent à le mettre rapidement en place au milieu du terrain.

Propos recueillis par Wilfried Templier