Tour de France: comment le peloton va faire face à la canicule

Après une journée de repos bien méritée lundi, le peloton a entamé la deuxième semaine du Tour de France. Après la victoire de Magnus Cort Nielsen à Megève mardi, les coureurs vont poursuivre leur aventure dans les Alpes ces jours-ci à l’occasion notamment des très attendues 11e et 12e étapes. Dès ce mercredi entre Albertville et Serre Chevalier, les favoris vont lutter dans le Galibier et le Granon. Le tout alors que la météo annonce des températures caniculaires. Une situation à laquelle les équipes se sont préparées avec minutie.
"C’est toujours compliqué, l’hydratation est toujours est hyper hyper importante. Il faut également refroidir régulièrement l’organisme avec des glaçons, a ainsi expliqué Julien Jurdie, directeur sportif de l’équipe AG2R Citroën, face à la presse lundi. Il y a tout un process qui est fait. Nous avons également les bains froids à l’arrivée pour la récupération. Ce sont tous les petits détails qui font que c’est important de faire le maximum. C’est clair qu’il ne faut négliger les températures qui vont être très élevées pendant cette deuxième semaine du Tour de France."
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De la fraîcheur en altitude
Lors de la 11e étape entre Albertville et Serre Chevalier, les coureurs vont devoir grimper un col de deuxième catégorie (Montvernier), avant de s’attaquer à un autre de première catégorie (Le Télégraphe) puis de tout donner pour marquer les esprits (et distancer d’éventuels rivaux) dans le col du Galibier puis dans le col du Granon. Une belle mise en bouche avant la 12e étape prévue jeudi avec trois montées classées hors catégorie (encore le Galibier, le col de la Croix de Fer, puis l’Alpe d’Huez) entre Briançon et l’arrivée au sommet à l’Alpe d’Huez. En s’aventurant de telles hauteurs, les favoris pourraient bénéficier d’un coup de pouce au niveau de la météo avec des températures plus raisonnables (environ 18 degrés attendus à l’arrivée à Serre Chevalier). Une fraîcheur en altitude qui devraient faire les affaires de certains.
"La canicule qui est annoncée, elle peut faire peur évidemment. On espère passer un petit au travers en montant en haut des cols en altitude. J’espère que cela va le faire, a de son côté lancé David Gaudu avant de s’attaquer au gros morceau des épreuves alpines. Après il faudra bien s’arroser. En soi, il n’y a pas forcément de prévention à faire mais j’ai fait beaucoup de saunas avant le Tour de France en prévision justement des fortes températures et de la chaleur. A l’heure actuelle, pour la chaleur, les dés sont déjà jetés. C’est soit ton corps te dit oui, soit il te dit non pendant la chaleur."
Des étapes raccourcies à cause de la chaleur
En juin dernier, lors de la première vague de chaleur en France, le Tour d’Occitanie avait vu les pouvoirs publics raccourcir l’une des étapes en raison de la canicule. Si pour la 11e étape prévue ce mercredi, rien n’a été modifié, la préfecture en décidera peut-être autrement si les coureurs tombent comme des mouches dans la montée vers le col du Granon. Mais pour l’instant, rien ne change et les différentes équipes se préparent à courir normalement… en adaptant leur protocole et leur ravitaillement.
"On va faire front, on va s’organiser et ravitailler plus que de coutume nos coureurs pendant l’étape. Et puis on va faire comme tout le monde, on va espérer que cela se passe bien. Personne n’est à l’abri de moments difficiles dans ces conditions de course, a expliqué Marc Madiot, manager général de la formation Groupama-FDJ. Après on a aussi vu sur le Tour d’Occitanie que le préfet avait pris la décision d’arrêter la course ou de la diminuer. On ne sait non plus ce qu’il peut se passer à ce niveau-là. Il en va quand même de la santé de chacune des personnes présente sur le Tour, les coureurs comme les suiveurs. Si on arrivait à des extrêmes d’extrêmes, il faudra observer les mesures de sécurité. Mais on n’en est pas encore là."
Et le dirigeant français de conclure d’une réponse assez claire sur la canicule: "Pas de crainte particulière."
Le (seul) point faible de Pogacar?
Double tenant de l’épreuve et encore maillot jaune du Tour de France devant Lennard Kamna pour 11 secondes, Tadej Pogacar risque de batailler pour défendre son bien lors des prochaines journées de course. Mais le Slovène de l’équipe UAE-Emirates ne semble pas trop s’inquiéter de la canicule annoncée.
"Cela sera pareil pour tout le monde, il faudra juste garder son corps hydraté, a lancé Tadej Pogcar lundi face à la presse. Je pense que personne n’aime courir sous 40 degrés pendant 5 heures. Je ne pense pas que cela soit sain pour nous. Je pense que cela sera dur, une semaine dure, avec une météo extrême. J’espère qu’on fera les choses bien et qu’on gardera nos corps au frais pour faire une bonne course."

Pourtant, l’an passé lors de l’ascension du Mont Ventoux, le Slovène avait déjà eu un peu de mal face aux fortes chaleurs sur les routes du Tour. Le col du Galibier et celui du Granon, sous des fortes chaleurs, risquent encore de fragiliser le favori de la course, surtout après la perte de plusieurs coéquipiers.
"Tout le monde a peur d’avoir un coup de moins bien, a notamment expliqué Julien. La canicule est présente. L’année dernière, on a vu Pogacar avoir un petit de mal dans le Ventoux."
Et le directeur sportif de l’équipe AG2R Citroën d’enchaîner: " Jonas Vingegaard en avait profité pour prendre quelques secondes sur le sommet du Ventoux. Je pense que la Jumbo a ça en tête, exploiter les fortes chaleurs sur les deux grosses étapes de mercredi et jeudi. Honnêtement je pense cela va être compliqué de le déloger mais la Jumbo a tout intérêt d’essayer de le bousculer avec leur fort collectif mercredi et jeudi." De l’eau, encore et toujours. Des glaçons après l’arrivée et l’espoir de températures plus clémentes en altitudes. Le peloton du Tour de France n’a pas de recette miracle pour lutter contre la canicule mais les favoris n’ont pas l’intention de se laisser abattre par la chaleur. C’est bien à la pédale qu’il faudra s’expliquer.