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La Coupe du monde 2022, caisse de résonnance imprévue du conflit israélo-arabe

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Les joueurs du Maroc ont affiché leur soutien à la Palestine en brandissant un drapeau de l'entité arabe après leur exploit contre l’Espagne en huitièmes de finale du Mondial 2022 ce mardi au Qatar. Les tensions politiques entre Israël et la Palestine ont été affichées au grand jour pendant le tournoi malgré la volonté d’apaisement de l’hôte qatarien.

Voilà qui ne risque pas d’arranger les relations entre Achraf Hakimi avec les supporters israéliens… Déjà sifflé à chacune de ses visites en Israël avec le PSG, le latéral droit a encore affiché son soutien à la cause palestinienne ce mardi en marge du huitième de finale entre le Maroc et l’Espagne au Mondial 2022.

Après leur qualification aux tirs au but (0-0, 3 tab à 0), les Lions de l’Atlas ont pris la pose devant les photographes du monde entier avec un drapeau palestinien. Tout sauf une première pendant le tournoi. Avant le Maroc, de nombreux supporters des sélections du Maghreb et du Moyen-Orient ont affiché leur engagement en faveur de la Palestine et en opposition à Israël…même si aucune de ces deux sélections n’est qualifiée.

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Un streaker et des "Palestine, Palestine" pendant France-Tunisie

Au-delà des joueurs marocains, le drapeau palestinien a régulièrement pris place dans les tribunes au Qatar pendant la Coupe du monde. Idem pour des brassards reprenant les motifs du keffieh, symbole de la résistance palestinienne. Avec un afflux de fans en provenance du monde arabo-musulman, cela ne semble pas surprenant. Si la Fifa et le Qatar ont invité les participants à ne pas politiser la compétition autour des questions LGBT+ et du brassard arc-en-ciel 'One Love', la présence de drapeaux de la Palestine dans les huit enceintes qatariennes ne semble pas avoir posé problème aux organisateurs. A tel point que le match entre la France et la Tunisie a même été brièvement perturbé par un streaker bien décidé à afficher son soutien à la cause palestinienne.

Certes, les caméras de télévision n’ont pas filmé le fauteur de troubles. Mais tous les spectateurs présents au stade Ahmad-ben-Ali l’ont clairement vu sur la pelouse. Vêtu d’un maillot des Aigles de Carthage, ce streaker a célébré l’ouverture du score de Wahbi Khazri en courant avec un drapeau palestinien à la main. Le tout sous les vivats du public qui n’a pas manqué de scander des "Palestine, Palestine" le temps que la sécurité l’attrape.

 Un streaker pro-Palestine pendant France-Tunisie au Mondial 2022
Un streaker pro-Palestine pendant France-Tunisie au Mondial 2022 © Icon Sport

Le Qatar joue l’apaisement avec Israël

En soutien à la Palestine, le Qatar a cessé toute relation diplomatique ou commerciale avec Israël depuis des opérations militaires dans la bande de Gaza en 2009. Mais la Coupe du monde a permis de rapprocher les deux états. Pour la première fois en plus de dix ans, des vols directs entre les deux pays ont même été mis en place entre Tel-Aviv et Doha. N’en déplaise à l’organisation terroriste Al-Qaïda, qui a à appeler au boycott de la compétition car elle servait à détourner l'attention de "l'occupation des pays musulmans", l’Etat dirigé par l’émir Tamim ben Hamad Al Thani a fait un geste envers l’Etat hébreu.

Preuve du dégel entre Israël et le Qatar, un accord pour la création temporaire d'un bureau diplomatique a été ouvert dans l’émirat. Plusieurs responsables du ministère israélien des Affaires étrangères se sont même rendus à Doha afin de favoriser le voyage des fans israéliens de football pendant le Mondial. Selon les éléments relayés par le quotidien britannique The Guardian, près de 4 000 Israéliens avaient reçu des visas pour se rendre sur le territoire qatarien au début du tournoi. En comparaison, environ 8 000 Palestiniens avaient reçu des visas pour le Qatar au moment de lancer le Mondial.

Un accueil compliqué pour les Israéliens à Doha

Autorisés à se rendre au Qatar pour assister au rendez-vous planétaire, les fans israéliens ont quand même été invités à rester discrets par l'Etat hébreu et à ne pas afficher de symboles juifs ou israéliens durant leur séjour dans le Golfe. Mais, malgré l’ouverture affichée par les autorités qatariennes, la réalité s’est révélée plus compliqué pour les Israéliens. Notamment à cause de l’accueil réservés par les supporters issus de tout le monde arabo-musulman.

Plusieurs vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux lorsqu’un journaliste travaillant pour une chaîne TV israélienne a été pris à partie par des fans saoudiens à la sortie d’un stade: " Il n'y a pas d'Israël. C'est le Qatar, c'est notre pays. Vous n'êtes pas le bienvenu ici. Ce seulement la Palestine."

Interrogé fin novembre par l’AFP, Moav Vardi, a confirmé que ses conditions de travail au Qatar étaient compliquées en raison des tensions entre Israël et la Palestine. "Il est très difficile de travailler ici", a affirmé le salarié de la chaîne Channel 10. Son confrère de Channel 13, Tal Shorrer a de son côté indiqué à détaillé sur les réseaux sociaux les problèmes rencontrés à Doha.

"Tout au long de notre séjour ici, nous avons reçu à plusieurs reprises des commentaires de Palestiniens/pro-Palestiniens qui vivent ici. Parfois c'était juste 'Viva Palestine' et autres, a raconté le reporter. Et parfois ils se tenaient derrière nous dans le reportage et chantaient Palestine Palestine."

Le journal Marianne, début décembre, a ainsi assurés avoir recueillis plusieurs histoires de fans israéliens au sujet de leurs galères à Doha. Parmi elles, le récit d’un trajet en taxi où les passagers ont été débarqués sans sourciller après avoir révélé leur nationalité. Un supporter israélien témoignant anonymement depuis le Qatar auprès du Guardian a résumé la situation: "La majorité des masses ici n'acceptent pas la présence des Israéliens."

Jean-Guy Lebreton