Nice: inspiré par Bielsa, héritier de De Zerbi, proche de ses joueurs... qui est Farioli, le futur homme fort des Aiglons?

Successeur de Lucien Favre, Didier Digard a réalisé un beau début d'intérim à Nice pour la fin de saison 2022-2023. Mais le Français de 36 ans n’a pas convaincu INEOS de le garder pour la campagne 2023-2024. A la place, la direction des Aiglons a jeté son dévolu sur Francesco Farioli. Encore plus jeune que l’ancien milieu du PSG, le technicien italien de 34 ans devrait signer pour deux saisons sur la Côte d’Azur.
Plutôt une surprise car les dirigeants niçois s’intéressaient à Régis Le Bris depuis quelques semaines. Mais la fermeté de Lorient pour le coach breton semble avoir poussé l’OGCN à choisir une autre option, probablement encore plus méconnue de la Ligue 1 et du public français que l’entraîneur des Merlus. Un choix qui ne manque pourtant pas d’ambition de la part de Nice.
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Un héritier de Bielsa lancé par De Zerbi
Pas encore officielle, la signature de Francesco Farioli devrait intervenir d’ici la fin de semaine et actera un choix fort dans le projet INEOS: la volonté de mettre en place un football spectaculaire. Ancien gardien de but au niveau amateur et étudiant en science du sport et en philosophie, l’Italien dit stop dès 21 ans afin d’intégrer un staff en Eccellenza (D5 italienne) pendant une saison avant de rejoindre une formation en D4 et d’y rester pendant près de deux ans. Entraîneur spécialisé dans le coaching des gardiens, il va ensuite de plus en plus s’intéresser aux notions tactiques en se plongeant dans les analyses vidéos. En particulier lors de son passage à Lucchese (D3) en 2014-2015.
Après l’Italie, direction le Qatar et la fameuse Aspire Academy pour celui qui se revendique clairement de l’héritage de Marcelo Bielsa. "Bielsa est un maestro de vie", soulignait volontiers Francesco Farioli en 2021 quand on lui demandait qu’elles étaient ses sources d’inspiration.
En parallèle de son travail dans l’émirat, Francesco Farioli se découvre une admiration pour Roberto De Zerbi et sa manière de diriger son groupe à Foggia en troisième division italienne. Depuis le Golfe, Francesco Farioli suit avec minutie les performances et surtout les matchs de cet autre jeune entraîneur italien.
A tel point qu’il va publier un article d’analyse tactique sur le jeu de l’équipe de De Zerbi et sera même félicité par le technicien pour cela. Quand Roberto De Zerbi débarque à Benevento en octobre 2017, il propose à Francesco Farioli de quitter le Qatar pour devenir son entraîneur des gardiens. Le cadet accepte la proposition de celui qui va devenir son mentor et qui l’emmènera dans ses bagages du côté de Sassuolo entre 2018 et 2020.
Un style ambitieux, un coach cérébral
Mais cela ne lui suffit pas et il aspire à plus tout en montrant déjà de belles qualités et une finesse tactique. Avant même la fin de l’aventure De Zerbi à Sassuolo, Francesco Farioli prend la direction de la Turquie pour devenir adjoint à Alanyaspor où l’ancien défenseur de Sassuolo, Merih Demiral, l’a conseillé aux dirigeants. Dans un club sans véritable ambition sinon le maintien, il va engranger une belle expérience et développer son savoir-faire tactique. Une compétence que le Transalpin a désormais poussé à l’extrême.
"Il ne laisse rien au hasard, explique encore Johann Crochet dans l’AFter Foot sur RMC. On connait les entraîneurs italiens, certains le font de manière vieillotte mais lui a cette culture propre aux coachs italiens. Roberto De Zerbi disait encore récemment que les Italiens sont un peu plus stratèges tactiquement que partout ailleurs en Europe."
Partout où il est passé, Francesco Farioli a tenté de mettre en place un football offensif assez spectaculaire, le plus souvent avec milieu renforcé pour garder la maîtrise du ballon et permettre une grosse cohésion entre les lignes. Toujours dans le mouvement sur les phases offensives, ses joueurs doivent aussi l’être en défense puisque l’italien leur impose un pressing haut et quasi continu sur l’adversaire quand le ballon est perdu.
Et la 'drôle de dame' italienne de RMC Sport de préciser: "Quand tu fais des conférences au Barça hub qui forme les éducateurs du Barça en reprenant et en modélisant un célèbre ouvrage de Schopenhauer, on se dit quand même qu’il a quelque chose dans la tête. […] Mais c’est un entraîneur qui séduit toujours par son discours et sa vision du football. C’est probablement cela qui a séduit les dirigeants niçois, cette volonté d’être très moderne et très ambitieux dans le jeu."
Une ascension express
Après un peu moins d’une saison comme assistant à Alanyaspor, Francesco Farioli décide de signer au Fatih Karagümrük. Cette fois, c’est une chance se faire un nom en tant qu’entraîneur principal qui lui est offerte. Arrivé en mars 2021 sur le banc du club turc, parvient à le hisser jusqu’à la huitième place de Super Lig (D1) à la faveur d’une belle série dans le sprint final. Pour ses dix premiers matchs à la tête de l’équipe, il ne perd que deux fois.
Si le début de la saison 2021-2022 semble plus mitigé pour le club, il décide de s’en aller après la 16e journée de la saison en décembre.
Moins de quinze jours plus tard, Francesco Farioli s’engage à Alanyaspor où il avait laissé un excellent souvenir comme adjoint. Huitième à la mi-saison quand l’italien arrive, l’équipe signe finalement sa meilleure campagne et finit dans le top 5 à seulement trois longueurs du podium et d’une qualification européenne. Pas vraiment récompensé de son travail en ratant de peu l’Europe, l’entraîneur marque bel et bien les esprits.
"[Pas un énorme CV?] Pour le moment, ses deux premières expériences sont dans le championnat turc avec le Fatih Karagümrük et à Alanyaspor. Et ce ne sont pas de gros clubs turcs, rappelle encore Johann Crochet ce mercredi sur RMC. Avec Alanyaspor, il avait terminé cinquième la saison passée et c’était le meilleur classement du club. C’est un tout petit budget en Turquie et il n’avait pas la possibilité de recruter beaucoup de joueurs comme le font Galatasaray ou Besiktas et Fenerbahçe."
Un manque d’expérience préjudiciable au top niveau?
En nommant Francesco Farioli entraîneur de l’équipe première, la direction s’offre un coach talentueux, un véritable meneur d’hommes et passé maître au niveau tactique. Mais pour ce qui est du négatif, l’entraîneur manque un peu d’expérience. A la différence du Marseillais Marcelino, rompu à la Liga depuis presque vingt ans, le futur patron des Aiglons reste jeune dans le métier… jeune tout court du haut de ses 34 ans. Surtout, il ne constitue pas une véritable garantie au niveau européen puisqu’il n’a jamais goûté à la Ligue des champions, ni même à la Ligue Europa ou à la Conference League.
"Ce n’est pas un énorme CV, c’est un entraîneur très jeune qui n’a pas beaucoup d’expérience, insiste aussi Johann Crochet. C’est un pari et il faut du courage pour nommer aujourd’hui Francesco Farioli quand on a eu Lucien Favre ou Christophe Galtier auparavant. C’est particulièrement excitant." Sans oublier de pointer que tout n’a pas été parfait non plus en Turquie: "Des expériences bonnes mais avec un peu de moins bons aussi à la fin du côté d’Alanyaspor."
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Clairement, ce choix semble s’inscrire sur une vision à moyen ou long terme avec la volonté de mettre en place un football ambitieux et de faire progresser les jeunes. A ce titre, l’absence de qualification continentale du club azuréen en 2023-2024 pourrait constituer un plus pour Francesco Farioli. Avec un seul match par semaine en Ligue 1, il va pouvoir pleinement faire répéter leurs gammes à ses joueurs. Tout en les embarquant dans son projet de jeu, ce qu’il a toujours réussi à faire par le passé.
"Farioli a toujours été très proche de ses joueurs en Turquie, il a réussi à créer des groupes très structurés et cohérents qui s’entraidaient beaucoup. Les joueurs l’adoraient, a finalement estimé Johann Crochet. A tel point que quand il a quitté Alanyaspor, d’un commun accord avec le club, tous les joueurs l’ont remercié en l’appelant le maestro et en disant qu’ils avaient beaucoup appris avec lui. On verra ce que cela va donner avec Nice. C’est un challenge, à la fois pour le club azuréen et à la fois pour Francesco Farioli, vraiment excitant."