Marchand forfait pour les Mondiaux en petit bassin: "Pas un ras-le-bol de la natation", rassure le DTN

Les championnats du monde en petit bassin, qui auront lieu du 10 au 15 décembre à Budapest, se tiendront sans Léon Marchand. La star de la natation française, qui a décroché quatre médailles d'or aux Jeux olympiques de Paris l'été dernier, a annoncé son forfait samedi. Le directeur technique national (DTN) Julien Issoulié a pu discuter avec lui cette semaine.
RMC Sport: Léon Marchand se dit "épuisé", c'est ce que vous avez ressenti également?
Julien Issoulié: Il a eu une année qui a été finalement très longue, avec tellement d'émotions qu'aujourd'hui il est cuit. Parce que, pour un jeune homme de 22 ans, on ne peut pas se mettre à sa place mais j'imagine que tout ce qu'il a vécu, tu y laisses quand même quelques points de vie. Et à un moment, il faut aussi savoir récupérer et retomber dans ce qui fait l'ADN du nageur, c'est-à-dire repartir à l'entraînement un peu discrètement dans son coin, travailler. Je crois qu'aujourd'hui, c'est de ça dont il a envie.
Il a repris la compétition sur le circuit de la coupe du monde et déjà battu un record du monde notamment... Mais il ne se sentait pas de faire une grosse semaine de compétition sur ces Mondiaux?
La coupe du monde, je pense que c'était un bon moment. Ça lui a montré qu'il pouvait nager vite, même après une courte période d'entraînement. Il s'est réentraîné à enchaîner les courses, à revivre des émotions. Mais au final, peut-être qu'il n'avait pas encore bien récupéré nerveusement de cet été. Et là, se re-projeter dans ces Mondiaux avec une dizaine de jours de rythme très typique de la compétition - échauffement, récupération, protocole, repas, contrôle antidopage, médias, etc... C'est peut-être la dose de trop pour cette année.
Il n'a peut-être pas envie de retourner là-dedans tout de suite et je pense que c'est bien qu'il ait cette démarche-là. C'est bien qu'il ait eu cette capacité de se dire "je n'ai pas envie d'aller trop loin et de refaire une compétition de trop et de mal la vivre". C'est bien qu'il soit capable de prendre cette décision et puis de retourner à l'entraînement. Parce qu'il n'est pas là à rien faire, il s'entraîne et je crois que c'est ça un peu l'essentiel pour lui : retomber dans son calme habituel, la préparation. Et puis de pouvoir rêver à de nouvelles belles aventures.
On n'est pas dans la même situation que pour Florent Manaudou par exemple? Il n'est pas en saturation de la natation?
Non, je pense qu'on est sur une volonté de ne pas faire les efforts de trop et de tomber dans une fatigue qui ne serait pas nécessaire. On est plutôt sur un athlète qui a vécu plein, plein de choses et qui a un peu envie de retourner s'entraîner. Même si ça peut paraître rébarbatif pour certains, c'est aussi là où il s'éclate le plus, en fait. Parce qu'ils sont eux, avec eux-mêmes, et pas avec toutes les attentes. Ce n'est pas un ras-le-bol de la natation, c'est plutôt un ras-le-bol de tout l'environnement. Et je crois que Léon, il a surtout envie de retourner à Léon l'athlète, et pas forcément Léon le sportif numéro un de l'année en France et à l'étranger.