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Tour de France: "Ils ont peut-être un peu déraillé", les relations de plus en plus tendues entre Pogacar et la Visma de Vingegaard

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Ultra-dominateur depuis deux saisons et maillot jaune incontesté de ce Tour de France, Tadej Pogacar use beaucoup moins de la langue de bois ces derniers mois. Et c'est la Visma-Lease a bike de Jonas Vingegaard qui en fait les frais, que ce soit pendant et après la course.

C'est presque devenu une habitude. Depuis le début du Tour de France, rares sont les jours où Tadej Pogacar n'envoie pas un tacle aux coéquipiers de Jonas Vingegaard.

Si les relations entre les deux hommes semblent cordiales devant les caméras une fois les lignes d'arrivée franchies, la langue du Slovène se délie dès lors qu'il est interrogé sur les tactiques de la Visma-Lease a bike, malgré sa domination sans partage.

Des frelons "agaçants"

Dernier épisode en date ce dimanche avec une nouvelle pique à destination des "frelons". Alors que le peloton s'est morcelé à la suite d'une chute - durant laquelle Julian Alaphilippe s'est luxé l'épaule - Tadej Pogacar s'est retrouvé à l'avant de la course dans une groupe d'une vingtaine de coureurs avec trois coéquipiers de Jonas Vingegaard qui n'ont pas attendu le Danois. "Si j'étais dans la situation de Vingegaard, je ne serais pas le plus heureux à table ce soir", ne s'est pas privé de commenter le maillot jaune auprès de TV2.

Moins d'une semaine plus tôt, le champion du monde slovène avait été encore plus direct en qualifiant les Visma d'"un peu agaçants" à cause de leurs attaques incessantes. Une tactique déjà critiquée à plusieurs reprises depuis le départ du Tour à Lille. À l'arrivée de la 6e étape à Vire, il n'avait par exemple pas apprécié que les hommes en jaune et noire accélèrent dans le final. "Visma est en retard, mais ce qu'ils ont fait aujourd'hui n'avait aucun sens. Ils ont peut-être un peu déraillé", avait-il déploré.

On peut même remonter un mois plus tôt lors du Critérium du Dauphiné, répétition générale de la Grande Boucle, pour voir "Pogi" dézinguer l'équipe de Richard Plugge. Mécontent de voir les Visma tenter de le décramponner dans la descente du col de la Croix de Fer, il avait lancé: "Ils ont essayé de me lâcher dans le haut de la descente et franchement c'était dangereux (...) Franchement, ils ont pris des risques inutiles dans cette descente. C'était vraiment limite. J'ai dû laisser un peu d'écart au cas où ils n'allaient pas réussir à prendre les virages."

Jorgenson sur la "liste noire"?

Au-delà du collectif, un coureur semble être dans le collimateur du Slovène: Matteo Jorgenson. Très offensif, le double vainqueur de Paris-Nice en titre agace les UAE et Tadej Pogacar lui fait savoir. À Vire, il n'a pas compris pourquoi l'Américain a lancé le sprint du peloton pour se jouer les places du fond du top 10. "Même un sprint comme celui-là à la fin est un peu inutile, car ce n'était pas un sprint pour le top 10. Jorgenson pensait probablement gagner une seconde ou deux", a-t-il constaté à l'issue d'un sprint qu'il a tout de même réglé.

C'était sans compter sur un léger accrochage dès le surlendemain sur une zone de ravitaillement. Se sentant bloqué par les Visma, Tadej Pogacar a dû pousser Matteo Jorgenson pour accéder au bidon tendu par un membre du staff de son équipe. "Ils font ça tout le temps, à te passer devant dans la zone de ravitaillement comme s'ils étaient les seuls à avoir des bidons. Il faut savoir être patient et respecter tout le monde", s'était-il agacé après la course.

Depuis, il est impossible pour l'ancien de la Movistar de prendre quelques longueurs d'avance sur le peloton, et ce malgré ses 32 minutes de retard au général. En témoigne l'étape de ce dimanche où le double vainqueur du Tour n'a pas lâché la roue de Matteo Jorgenson au moment où tous les autres leaders étaient ralentis par la chute du début d'étape.

La preuve de l'inscription de son nom dans une "liste noire"? Les rumeurs vont bon train depuis plusieurs jours, certains assurant que les UAE donnent des bons de sortie selon la tête du client devant. Si la composition de cette liste n'est pas connue, son existence avait bien été confirmée l'été dernier par Nils Politt, lieutenant allemand du Slovène.

"Dans le peloton, on a des amis et des coureurs qu'on n'apprécie pas vraiment. Dans notre bus d'équipe, il y a aussi une liste d'amis et une liste noire. Il vaut mieux éviter d'être sur cette liste", avait-il confié dans un podcast. Force est de constater que les Visma ne sont pas dans la "liste d'amis" des Émiratis.

Théo Putavy