"Vous perdez Pogacar si vous lui enlevez son jouet": Voeckler estime que le Slovène "a raison" de s'aligner sur Paris-Roubaix

Après plusieurs mois à semer le doute, Tadej Pogacar a annoncé mercredi qu'il prendra le départ de Paris-Roubaix pour la première fois de sa carrière, le 13 avril prochain. Le Slovène fera partie des favoris de la course, où il retrouvera notamment Mathieu van der Poel qui a remporté à l'usure leur premier duel de la saison à Milan-Sanremo, le 22 mars. Les deux hommes sont également alignés sur le Tour des Flandres, le 5 avril.
"Je pense qu'il y aura plus match sur le Tour des Flandres", a prévenu Thomas Voeckler dimanche dans Bartoli Time sur RMC. L'ancien coureur français donne même un avantage au Néerlandais. "Le Tour des Flandres et Paris-Roubaix vont parfaitement à Van der Poel. Au niveau du parcours, le Tour des Flandres va beaucoup mieux à Pogacar que Paris-Roubaix mais je ne suis pas du tout certain qu'il soit plus fort que "VDP" sur le Tour des Flandres."
Et de rappeler: "Paris-Roubaix est une course à part. Il peut se passer plein de choses et je ne parle pas seulement des chutes ou des crevaisons. On peut mettre en place des stratégies d'équipe, on a aussi besoin de moins de punch, ce sont des efforts plus longs. C'est vraiment différent."
"Il sait très bien ce qu'il fait"
Pour autant, le sélectionneur de l'équipe de France estime que le Slovène de 26 ans "a raison" de s'engager dès maintenant sur les pavés de l'Enfer du nord. "Il n'est pas un coureur comme les autres. Il a beau rigoler, faire semblant d'être tête en l'air, il sait très bien ce qu'il fait. Il sait que Paris-Roubaix, ça sera moins simple à gagner pour lui qu'un Tour de Lombardie. Il doit se donner le plus de chances possibles. Et puis on ne sait jamais ce qui peut arriver, il peut avoir une chute dans quelques années et avoir des mois d'arrêt donc il ne veut pas perdre de temps."
Du haut de ses 26 ans, Tadej Pogacar a bouclé une année 2024 record avec 25 victoires en 58 jours de course et un troisième sacre sur le Tour de France. Jamais rassasié, le coureur de la formation UAE Emirates a pris là une décision exceptionnelle puisque cela faisait plus de 30 ans que le dernier vainqueur de la Grande Boucle n'avait plus pris le départ de Paris-Roubaix (Greg Lemond en 1991).
"Il avait envie de le faire, il attendait juste le feu vert de ses patrons et il leur a forcé la main. C'est normal car il y a des enjeux économiques énormes sur le Tour de France et si on tombe sur un coin de pavé à Paris-Roubaix...", a poursuivi Thomas Voeckler. "Mais en même temps, Pogacar, il s'amuse. Donc si vous lui enlevez son jouet, s'il devient un coureur qui fait ce qu'on lui demande parce qu'il doit le faire et non pas parce qu'il a envie, vous commencez à perdre Pogacar, ce n'est plus lui après."