Ligue des champions: pourquoi la finale Liverpool-Real est aussi le rendez-vous de Konaté

Moins de dix kilomètres séparent le quartier de la Roquette du Stade de France. Entre les deux, une trajectoire ascendante pour Ibrahima Konaté, qui pourrait prendre une toute autre dimension ce samedi soir à Saint-Denis, au terme de la finale de Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid et d’une saison assez folle avec les Reds, moins d’un an après son arrivée. Trois jours après avoir soufflé sa 23e bougie, le défenseur central pourrait donc s’offrir un troisième titre en carrière... en l’espace de quelques semaines (avec la FA Cup et la League Cup), et un joli cadeau d’anniversaire au passage.
Rare en Premier League, indispensable en Ligue des champions
"On a tous vu le potentiel d'Ibrahima Konaté. Il est incroyable. Physiquement, techniquement, sa compréhension du jeu... Il a tout": les mots de l'entraîneur Jürgen Klopp, après le premier match de son défenseur contre Crystal Palace en septembre dernier (3-0), ne disaient rien de la saison qu’allait vivre l’ancien international Espoirs, mais ils annonçaient déjà des qualités évidentes.
Malgré tout, Ibrahima Konaté doit patienter un mois pour retrouver du temps de jeu en championnat, pas aidé par la concurrence féroce dans l’axe de la défense (Van Dijk, Gomez, Matip). Recruté contre une quarantaine de millions d’euros à Leipzig, le joueur, formé à Sochaux, monte en puissance au fil des mois malgré un temps de jeu toujours aussi rare en Premier League, où il termine son premier exercice avec 11 petits matchs joués.
Mais dans une équipe au calendrier surchargé, il profite des autres compétitions pour marquer les esprits et ses premiers buts. Titularisé à partir de la cinquième journée de phase de groupes en Ligue des champions, Ibrahima Konaté ne quitte le onze de départ qu’à une seule reprise dans la compétition depuis, lors d’une défaite sans conséquence contre l’Inter Milan (0-1) en huitième de finale retour. Le show peut alors commencer, dans ce qui s'inscrit comme son tournant de la saison.
Buteur de la tête contre Manchester City en demi-finale de la Cup le 16 avril (3-2), il contribue à la qualification des siens pour la finale, qui sera remportée contre Chelsea aux tirs au but, quelques semaines après un premier trophée arraché face au même adversaire et dans un scénario identique. Une réalisation venue refermer dix jours idylliques.
Le 5 avril, il marque en effet le premier but de sa carrière en Ligue des champions contre Benfica en quarts de finale aller (3-1) avant de récidiver la semaine suivante lors du match retour (3-3), toujours de la tête et en début de match. "Un staff dans l’équipe nous prépare aux coups de pied arrêtés avant chaque match, apprend-il dans un entretien récemment accordé à RMC Sport. On a de très bons tireurs de coup de pied arrêtés, on a la chance d’être là au bon moment, au bon timing". Et ajoute à propos de son second but contre Benfica: "Là tu penses que t’es vraiment dans un rêve". Et ce rêve ne fait peut-être que de commencer.
La défense à quatre et Saliba bloquent première convocation en équipe de France
Au cours de sa lumineuse seconde partie de saison, ‘Ibou’ reçoit une pré-convocation pour l’équipe de France. S’il devra encore attendre avant de découvrir Clairefontaine - nouvelle étape de sa carrière dans sa région d’origine- le sélectionneur Didier Deschamps évoque son cas en conférence de presse et confirme le scruter de près.
"Je le suis, bien évidemment", indique-t-il au sujet du défenseur central, expliquant ensuite que Konaté "joue surtout à quatre" avec les Reds, ce qui n’est plus le cas pour l'équipe de France. "Et il y a une concurrence, j'avais pris William Saliba au dernier stage qui a répondu à mes attentes et qui joue systématiquement dans une défense à trois, ajoute-t-il. C'est soit l'un, soit l'autre. Il y a beaucoup de concurrence".
Dans une saison 2022-2023 qui s’annonce chargée, avec la Coupe du monde placée en son cœur, des opportunités supplémentaires pourraient se présenter pour Konaté. Que cela soit en club, où une place de titulaire indiscutable l’attend toujours en championnat à côté de Van Dijk, comme en sélection. Cela tombe bien, il n'a pas caché son souhait d'être présent au Qatar fin novembre.
Konaté "peut faire beaucoup mieux", selon Klopp
Avant une rencontre face à West Ham en mars (1-0) dans laquelle le Français avait été aligné, Jürgen Klopp avait répété qu’il le trouvait "vraiment bon". Tout en pointant qu’il "pouvait faire beaucoup mieux", notamment au niveau de la concentration et de la réactivité dans la prise de décision, l’invitant à "faire le tri selon les situations".
Un constat partagé par le principal intéressé. "Je vois ma marge de progression, je sais que je peux encore beaucoup apprendre et progresser encore plus même si je fais de bonnes performances", reconnaît-il dans l’entretien pour RMC Sport. "Je ne peux pas me comparer, complète-t-il au sujet de son collègue de défense centrale Virgil Van Dijk. Ça fait tellement longtemps qu’il joue au haut niveau, tellement d’années qu’il est le meilleur défenseur central au monde. Le fait de jouer à ses côtés et de le voir au quotidien… Je m’inspire de tous les joueurs, cela ne peut que me faire progresser de jour en jour."
Ibrahima Konaté n’hésite pas non plus à saluer son entraîneur, "l’un des meilleurs du monde et de son histoire", au moment de faire le bilan sur sa saison: "C'est un ensemble. Il m’a préparé surtout à la Premier League, aux gros matchs, à être prêt quoi qu’il arrive".
Et le défenseur français a répondu présent en substituant parfaitement Joel Matip, la plupart du temps, malgré quelques fautes de concentration, donc. La dernière en date remonte à dimanche dernier, lors de la 38e journée de Premier League contre les Wolves (3-1), où une erreur d'appréciation sur un dégagement adverse offre un boulevard à Jiménez, qui sert ensuite Neto sur un plateau pour le premier but, en tout début de match.
Quoi qu’il en soit, Ibrahima Konaté se montre le premier surpris de sa réussite brusque au terme d’une première saison qui "s’est passée beaucoup mieux que prévue", en remerciant Klopp et la confiance rapidement obtenue de son coach. "Sur certains matchs, il te fait entrer à la mi-temps ou sur des gros matchs de Ligue des champions en phase éliminatoire, tu commences titulaire alors que tu ne t’y attendais pas forcément, rappelle-t-il. C’est sur toutes ces choses-là qu’il va te faire mûrir et grandir."
Toujours invaincu avec les Reds avant la finale de Ligue des champions
"Ma volonté personnelle était de gagner un titre". Son vœu doublement exaucé, Ibrahima Konaté peut se tourner vers la finale de Ligue des champions avec une pression en moins. Mais sans doute titulaire pour sa 29e apparition avec les Reds, seulement, il présente un avantage autre que ses qualités athlétiques et son jeu de tête: celui d’être le porte-bonheur de son équipe.
Il n’a toujours pas perdu avec le club anglais. Liverpool ne n'est incliné qu'à trois reprises cette saison: deux fois en Premier League, où il est assez rarement utilisé, et donc une fois en Ligue des champions, lors de la seule absence de l’ancien Sochalien sur la scène européenne depuis ses débuts en novembre dernier. Bien aidé par un calendrier personnel largement soutenable, son corps le laisse enfin tranquille, après avoir été embêté pendant deux saisons par des pépins physiques. Ce qui lui permet de rester à tout moment à disposition de son entraîneur, prêt à briller.
Pour gagner un peu plus de visibilité aux yeux du public français, du monde du football en général et de crédit aux yeux de Didier Deschamps, rien de mieux que de se montrer en finale de Ligue des champions, et évidemment finir par soulever la coupe aux grandes oreilles. "C’est l’inimaginable, juge-t-il. Je ne peux pas rêver mieux que ça." En cas de sacre européen ce samedi soir, la symbolique serait très belle, à quelques encablures son quartier d’origine.