RMC Sport

Guerre en Ukraine: l’Angleterre et le sport anglais en première ligne contre la Russie

placeholder video
Le sport et les élus anglais ont décidé de faire preuve de fermeté contre la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine. Une position à part et hautement symbolique.

Voilà bientôt une semaine que la Russie a officiellement lancé une opération militaire en Ukraine. A l’instar du président Vladimir Poutine qui défend bec et ongles la position de son pays, plusieurs dirigeants du monde entier se sont opposés à la volonté d’expansion de la Russie. Parmi eux, Boris Johnson. Le Premier ministre britannique a rapidement annoncé des sanctions contre la Russie et les citoyens russes proches du Kremlin après l’invasion de l’Ukraine par l’armée.

Régulièrement interrogé par les parlementaires britanniques, l’élu a ainsi lui-même prévenu que Roman Abramovich subirait le contrecoup dès l’entrée en guerre dans l’Est de l’Europe. Idem pour la relocalisation de la finale de la Ligue des champions de Saint-Pétersbourg à Saint-Denis.

Probablement favorisé par la sortie de l’Union Européenne, qui permet une réaction diplomatique plus indépendante et plus libre, le gouvernement anglais figure donc parmi les leaders de l’opposition internationale face à la Russie. Surtout à un moment où les Etats-Unis de Joe Biden semblent moins présents sur le devant de la scène médiatique.

>> Les conséquences de la guerre en Ukraine sur le sport

Un ministre anglais réclame le départ de la Russie des Jeux paralympiques

Malgré la recommandation du CIO d’exclure les athlètes russes et biélorusses de toutes les compétitions internationales, les Jeux paralympiques de Pékin se dérouleront avec les sportifs russes et biélorusses. Autorisés à concourir sous bannière neutre et sans aucune mention à leur pays, ils prendront bien part à l’événement mondial du 4 au 13 mars.

Dans la foulée de cette annonce du Comité international paralympique (IPC), la secrétaire d'État au Numérique, à la Culture, aux Médias et aux Sports britannique Nadine Dorries dit être "extrêmement déçue" de cette décision.

"Nous examinerons toute la gamme d'options pour protester contre cette décision, en consultation avec UK Sport et la British Paralympic Association, a écrit la membre du gouvernement dans un message posté sur les réseaux sociaux. Je vais également rencontrer mes homologues internationaux cette semaine pour discuter de ce sujet et voir quelle réponse commune nous pouvons apporter."

L’Angleterre a réclamé l’exclusion de la Russie du Mondial 2022

Nadine Dorries se montre intransigeante vis-à-vis de l’Ukraine et milite toujours pour son exclusion des Jeux paralympiques. La même fermeté de l’Angleterre a contribué ces derniers jours à l’exclusion de la Russie du Mondial 2022 par la Fifa. Si en France, la réaction de Noël Le Graët n’a pas déchaîné les foules et a pu paraître un peu tardive, la Fédération anglaise s’est démenée pour faire exclure la Sbornaia du rendez-vous au Qatar.

Hormis les trois potentiels adversaires de la Russie lors des barrages de la Coupe du monde (la Pologne, la Tchéquie et la Suède), rares sont les pays qui se sont clairement positionnés en faveur d’une sanction définitive contre la Russie. L’Angleterre en fait partie. Après la première décision de la Fifa sur le cas russe, la FA a insisté pour exiger une exclusion des barrages et de toutes les compétitions organisées par l’instance internationale et par l’UEFA. Face à la montée des critiques, la Fifa a finalement tranché et mis fin au rêve qatarien de la Russie.

Les nombreux messages pro-Ukraine en Premier League

En France, le week-end de Ligue 1 a été marqué par la banderole en faveur de la paix déployée par les joueurs avant le match entre le PSG et Saint Etienne ou par le geste de Reims lors de son déplacement à Monaco ou celui des Bordelais en soutien à leur coéquipier Danylo Ignatenko.

Outre-Manche de nombreux clubs de Premier League ont pris position en faveur de l’Ukraine plus ou moins médiatiquement. Dans les tribunes des stades anglais, les drapeaux ukrainiens se sont multipliés.

>> La Premier League est à suivre sur RMC Sport

Une séquence en particulier a fait le tour du web en marge du choc entre Everton et Manchester City samedi soir: Toffees et Citizens sont entrés sur la pelouse en arborant des messages de soutien à l’Ukraine. Les deux internationaux ukrainiens, Vitaliy Mykolenko et Oleksandr Zinchenko, se sont pris dans les bras dans un fantastique symbole d’unité. Le protégé de Pep Guardiola à Manchester a ensuite fondu en larmes sur le banc de touche.

Abramovich et Usmanov écartés car trop proches du Kremlin

Propriétaire de Chelsea depuis 2003, Roman Abramovich se trouve dans l’œil du cyclone en Angleterre depuis le début de la guerre en Ukraine. Proche de Vladimir Poutine, l’oligarque russe a été obligé de se mettre en retrait du club londonien.

Pire, malgré son amour pour les Blues et sa participation aux négociations pour la paix, le milliardaire de 55 ans pourrait être poussé à mettre Chelsea en vente selon plusieurs médis outre-Manche des candidats au rachat ont même été sondés. N’en déplaise à Thomas Tuchel, l’entraîneur de l’équipe première, les journalistes anglais n’ont pas l’intention de dissocier le sportif de Roman Abramovich.

Du côté d’Everton aussi on a décidé couper les liens avec la Russie. Les Toffees ont annoncé ce mercredi la fin des contrats avec trois sponsors russes dont le très juteux partenariat avec la société de l'homme d'affaires ouzbek Alisher Usmanov, dont les avoirs ont été gelés par l'Union européenne dès lundi en raison de ses étroites relations avec le Kremlin et Vladimir Poutine.

Présent sur la liste des 26 personnalités pro-russes de l’UE, Alisher Usmanov a notamment été considéré comme l’un des principaux soutiens de Moscou au moment de "l’annexion de la Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine" par la Russie selon l’instance continentale.

Un troisième homme d’affaires, Vitaly Savelyev, a vu son quotidien bouleversé par les choix du sport anglais vis-à-vis de la Russie. Directeur général de la compagnie aérienne Aeroflot depuis plus d’une décennie, ce proche de Vladimir Poutine a vu Manchester United suspendre son contrat et même toute collaboration avec l’entreprise après le début de la guerre en Ukraine.

Le sport automobile britannique reste ferme

Le pilote russe Nikita Mazepin ne sera pas autorisé à concourir lors du GP de Formule 1 à Silvestone en Angleterre le 3 juillet. Une décision motivée par l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe et validée ce mercredi par le patron de la Fédération britannique du sport automobile.

A l'inverse d'autres sports et des autres courses organisées par la FIA, Nikita Mazepin ne sera pas autoriser à concourir sous bannière neutre au volant de sa monoplace de l'écurie Haas F1 en Grande-Bretagne. Sky Sports précise toutefois que la situation pourrait encore évoluer en fonction de l'avancée du conflit entre la Russie et l'Ukraine d'ici le 3 juillet prochain.

"Aucune équipe licenciée russe ou biélorusse n'est autorisée à participer à des compétitions de sport automobile au Royaume-Uni, a précisé la Fédération britannique de sport automobile dans un communiqué publié ce mercredi. Aucun concurrent ni officiel sous licence russe ou biélorusse n'est autorisé à participer à des événements de sport automobile au Royaume-Uni."

La soirée UFC à Londres en suspens

Après la F1 ou le football, d’autres sports pourraient bientôt être impactés par l’évolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Notamment dans les sports de combat comme la boxe ou le MMA.

Le combat principal de l’événement organisé le 19 mars prochain à Londres par l’UFC se retrouve en suspens en raison de la crise géopolitique. Adversaire du local Tom Aspinall, le Russe Alexander Volkov n’est pas encore certain de pouvoir lutter en Angleterre.

>> Le meilleur de l'UFC c'est en exclusivité sur RMC Sport

Le combattant de 33 ans se trouve d’ailleurs toujours en Russie à moins de vingt jours de la première soirée de l’UFC post-Covid en Europe. L’intégralité de l’événement semble même compromis alors que trois athlètes russes et deux ukrainiens sont prévus au programme de cet UFC London. De quoi encore donner plus de poids à la position de l’Angleterre et du sport anglais contre la Russie.

Jean-Guy Lebreton