Croatie-Brésil: Gvardiol, le colosse masqué qui veut stopper l’armada brésilienne

A défaut de bouchers capables de découper un adversaire sans sourciller, la Coupe du monde 2022 ne manque pas de défenseurs de qualité. Comme le Néerlandais Virgil Van Dijk ou le Français Dayot Upamecano, certains centraux se sont illustrés pendant le tournoi disputé au Qatar. A l’heure d’affronter le Brésil ce vendredi lors du premier quart de finale (dès 16h en direct commenté sur le site et l’app RMC Sport), la Croatie peut compter sur le jeune mais déjà très costaud Joško Gvardiol.
Du haut de ses 20 ans et le visage masqué, le colosse venu des Balkans va relever l’un des plus grands défis de sa carrière en se frottant aux flèches brésiliennes. Et si la sélection croate n’a encaissé que deux buts pour se hisser à ce niveau de la compétition, c’est en grande partie grâce à lui. Les Neymar, Richarlison et consorts sont prévenus. Et ce n’est pas sa fracture du nez contractée en Bundesliga début novembre qui va l’empêcher de briller. Un masque et sa grosse envie ont suffi à lui éviter le forfait.
Un Mondial de patron pour Gvardiol
Derrière le Maroc au classement du groupe F, la Croatie a mis un peu de temps avant de trouver son rythme de croisière. Après une entraînée en matière moyenne contre les Lions de l’Atlas (0-0), les protégés de Zlatko Dalic ont tranquillement dominé le Canada (4-1). Les finalistes de l’édition 2018 ont ensuite retrouvé leur force collective d’il y a quatre ans pour éteindre la Belgique pendant un choc assez fermé.
Sans être aussi flamboyants qu’en Russie, les partenaires de Luka Modric et Ivan Perisic ont su renforcer leur arrière-garde. La rencontre face aux Diables rouges a notamment permis à Joško Gvardiol de s’illustrer avec un sauvetage fabuleux devant Romelu Lukaku.
A défaut de beaucoup tacler, seulement 5 tacles contre 17 pour Hakimi ou 13 pour Ibrahima Konaté, le Croate défend avec le geste juste et a réussi ses interventions à 60%. Parmi les défenseurs encore qualifiés en quarts, Joško Gvardio a réalisé le plus d’interceptions à égalité avec Denzel Dumfries et Jurrien Timber (7).
En matière de dégagements défensifs, seul le Marocain Romain Saïss fait mieux que lui lors de ce Mondial au Qatar. En revanche, aucun défenseur des huit équipes encore en lice n’a, en fait mieux que l’international croate en ce qui concerne le nombre de ballons récupérés. Neuvième joueur du tournoi (tous postes confondus), Joško Gvardiol a gratté 30 ballons dans les pieds d’un adversaire.
Un défenseur-relanceur très propre
Formé au Dinamo Zagreb et désormais bien installé au RB Leipzig, le gaucher de 20 ans y a développé ses qualités techniques et sa capacité à défendre proprement. Certes, les arbitres n’ont pas beaucoup distribué de cartons pendant le Mondial (en moyenne 2,82 avertissements par match) mais Joško Gvardiol sait comment les éviter: en ne commettant pas de faute.
Malgré le jeu assez défensif de la Croatie au Qatar, le central n’a été sanctionné qu’à quatre reprises, seulement une par rencontre. Un total surprenant quand on sait que la Croatie est la troisième nation à avoir commis le plus de fautes (47) en quatre matchs parmi les huit qualifiés pour les quarts.

Au-delà de son impact défensif évident, le défenseur a aussi montré toute ses qualités au niveau de la relance. Habitué à être dans une équipe offensive à Leipzig, où il brille par son positionnement assez haut, Joško Gvardiol a confirmé sa faculté à lancer proprement le jeu de la Croatie pendant la Coupe du monde.
Avec 87,9% de passes réussies (282/321), notamment dans le jeu court, le joueur de 20 ans a constitué une formidable rampe de lancement pour les actions offensives des Vatrenis. Une volonté de bien relancer qui peut parfois le pousser à commettre une erreur, en sélection comme en club. Un axe de progression souligné par Polo Breitner, spécialiste du football allemand pour RMC Sport.
"Son point faible c’est sa jeunesse et donc les problèmes de concentration. A 20 ans il fait encore des boulettes et n’est pas encore complètement stabilisé. En défense centrale, c’est un poste où la maturité arrive beaucoup plus tard, a ainsi estimé le membre de l’After Foot. Mais dans le jeu, physiquement c’est un monstre et on voit qu’il a toujours envie de bouffer l’adversaire. Le dépassement de fonction, il le fait deux ou trois fois par match, à se retrouver quasiment au poste de milieu offensif voire d’attaquant."
Bientôt défenseur le plus cher de l’histoire?
A l’image de ces joueurs qui pourraient voir leur cote exploser après le Mondial, Joško Gvardiol fait déjà l’objet de nombreuses rumeurs. Prolongé en septembre dernier jusqu’en 2027, le Croate devrait encore rapporter un joli chèque à Lepizig lorsqu’il décidera de relever un nouveau défi.
Thomas Tuchel a voulu en faire son nouveau roc défensif à Chelsea au côté de Kalidou Koulibaly. Mais Leipzig s’est montré trop gourmand pour les Blues en réclamant 70M€ puis 80M€ puis 90M€. Trop pour le club anglais qui a finalement jeté son dévolu sur le Français de Leicester Wesley Fofana.

Nul doute que les performances de Joško Gvardiol au Mondial 2022 avec la Croatie vont encore faire grimper sa cote en Europe. Après avoir muselé Romelu Lukaku, place à Vinicius Jr, Lucas Paqueta et aux autres stars offensives du Brésil. Une opportunité incroyable pour le golgoth de 20 ans de marquer les esprits et peut-être de pousser ses courtisans à faire de lui le défenseur le plus cher de l’histoire, devant Harry Maguire, dans les prochains mois.
"Il faut voir quand il va devenir véritablement le leader de la défense centrale, a encore analysé Polo Breitner. Pour moi c’est la prochaine étape dans les prochains mois et les prochaines années. Il a tout pour devenir l’un des grands défenseurs de demain."
Avec le quart de finale entre la Croatie et le Brésil ce vendredi au Mondial 2022, demain c’est déjà aujourd’hui pour Joško Gvardiol. Et si cela ne suffit pas à bloquer les flèches de la Seleçao, il reste toujours la double lame Dejan Lovren pour finir le travail.