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UFC Paris 2024: Saint Denis, Imavov, Gomis... Pourquoi tous les Français sur la carte jouent gros

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Pour sa troisième édition, l’UFC Paris va réunir neuf combattants français ce samedi soir à l’Accor Arena de Bercy (à vivre en direct sur RMC Sport). Avec de gros enjeux pour chacun. Revue d’effectif et d’objectifs dans l’ordre inverse de leur apparition sur la carte.

Ils seront neuf Français à entrer dans l'octogone parisien ce samedi devant une foule prête à leur hurler leur soutien. Qu'ils soient à quelques combats de la ceinture ou qu'ils aient tout à prouver, chacun des neuf représentants tricolores jouera gros dès l'instant où la porte de la cage se fermera. RMC Sport fait le point sur les enjeux de cet UFC Paris 2024 pour les Français engagés.

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Benoît Saint Denis: se relancer après le coup d'arrêt

Il était lancé façon bolide sur la route vers le titre. Avec cinq victoires de suite chez les -70kg, toutes spectaculaires et toutes avant la limite, Benoît Saint Denis avait impressionné l’UFC au point de se voir offrir un immense choc contre la légende Dustin Poirier, ancien champion intérimaire de la catégorie, en co-main event de l’UFC 299 en mars dernier à Miami. Mais rien ne s’est passé comme espéré. Touché par un staphylocoque avant le combat et obligé de prendre des antibiotiques, le "God of War" tricolore est entré dans l’octogone diminué physiquement et l’a vite payé.

Après avoir remporté un premier round où il a tout donné ou presque dans son habituel style agressif, Benoît Saint Denis s’est fait cueillir lors de la deuxième reprise sur un échange de boxe où sa défense trop ouverte a été punie par le sniper américain. Pour se relancer, le 12e du classement des challengers chez les légers a le droit à une belle opportunité: son premier main event (combat principal d’une soirée) à l’UFC devant son public à Paris face au Brésilien Renato Moicano, 11e du classement. Un combattant dangereux mais lui aussi généreux dans la cage et dont le style peut permettre au Français de briller.

Nassourdine Imavov: rester dans la conversation pour le titre

Roman Dolidze puis Jared Cannonier. Après une année 2023 frustrante (une défaite à la limite de poids supérieure contre Sean Strickland venu remplacer Kelvin Gastelum en dernière minute, un "no contest" dans un combat qu’il dominait contre Chris Curtis et l’annulation de son combat contre Ikram Aliskerov à l’UFC 294), Nassourdine Imavov s’est parfaitement relancé en 2024 avec deux victoires convaincantes sur deux membres du top 10 du classement des challengers chez les -84kg. De quoi porter le "Sniper" originaire du Daghestan à la 4e place. Avec de légitimes aspirations à la place de challenger pour le titre.


Problème? Imavov, qui avait raté le rendez-vous l’an dernier, voulait absolument être au de la troisième édition de l’UFC Paris. Les combattants classés devant lui indisponibles, il a dû se rabattre sur Brendan Allen, 8e, lancé sur une série de sept victoires de suite. Pour rester dans la conversation pour le titre actuellement détenu par le Sud-Africain Dricus du Plessis, l’ancien du MMA Factory aujourd’hui coaché par Nicolas Ott n’a pas le droit à l’erreur dans ce co-main event face à l’Américain ultra opportuniste et dangereux au sol, à l’image de ses cinq soumissions sur étranglement arrière sur sa série en cours de sept succès. Imavov voulait recombattre devant son public, qui devrait bien le lui rendre. Mais il ne faudra pas se louper.

William Gomis: réussir la passe de quatre avec un gros défi

Trois victoires sur ses trois premiers combats à l’UFC. Réussir de tels débuts dans la plus grande organisation de MMA n’est pas une habitude pour les représentants français. Jusqu’à l’an dernier, ils n’étaient que trois à l’avoir fait: Francis Carmont, Ciryl Gane et Manon Fiorot. Mais un quatrième, William Gomis, les a rejoints. Après son 3-0, l’UFC a décidé de tester le "Jaguar". On a d’abord voulu lui opposer le phénomène Jean Silva début mai à l’UFC 301, au Brésil, mais de gros problèmes lors de la perte de poids ont forcé le Français à se retirer du combat. Cette fois, le seul combattant tricolore présent sur les trois premières éditions de l’UFC Paris avec Benoît Saint Denis (mais le seul à avoir été trois fois sur la carte principale) a le droit à un autre gros talent brésilien: Joanderson Brito.

Tout sauf simple. Mais peut-être bien une porte ouverte vers le top 15 des challengers de la très dense catégorie des -66kg s’il parvient à déjouer les pronostics pour signer un trois sur trois à Paris après les victoires sur Jarno Errens (2022) et Yanis Ghemmouri (2023). Pas favori contre Errens comme contre Francis Marshall en avril 2023, Gomis était à chaque fois sorti avec la victoire. Rebelote contre Brito, qui reste sur cinq victoires de rang? Reste à savoir si son inactivité récente – il n’a pas combattu depuis le dernier UFC Paris il y a près de treize mois – jouera des tours à celui qui a déjà assuré son avenir dans l’organisation en signant un nouveau contrat avant le quatrième et dernier combat prévu dans le premier.

Kévin Jousset: réussir les présentations avec son public

C’est l’histoire la plus atypique des Français présents sur la carte de cet UFC Paris. Ancien judoka de bon niveau, Kévin Jousset a découvert le MMA en 2016 en… Australie, où il était parti pour une expérience personnelle (et apprendre l’anglais) après un crochet en Écosse. Et où il a vite côtoyé à l’entraînement un certain Alexander Volkanovski, ancien champion des -66kg à l’UFC. Il rejoindra plus tard la Nouvelle-Zélande et Auckland pour intégrer l’équipe du City Kickboxing, la salle de la star et ancien champion des -84kg Israel Adesanya, où il partage également les séances avec d’autres combattants UFC comme Dan Hooker et Carlos Ulberg. Devenu double champion dans l’organisation australienne HEX, où Adesanya avait aussi pris la ceinture avant de rejoindre l’UFC, "Air" (surnom donné pour ses projections au sol très aériennes) intègre l’UFC en septembre dernier alors qu’il ne connaît personne ou presque dans le MMA français.

Jousset rêve de débuts dans l’organisation à Paris. Ce sera finalement une semaine plus tard en Australie, à Sydney, lors de l’UFC 293, pour une victoire sur soumission dès le premier round face à Kiefer Crosbie. Motivé à avancer au plus vite, il revient trois mois plus tard dans la cage pour un succès sur décision unanime face à Song Kenan. Il n’a pas combattu depuis, victime d’un combat annulé après un forfait médical de dernière minute de Jared Gooden en mai, mais ces deux premières sorties dans l’octogone ont permis au public français de le découvrir. Parfait pour renforcer l’attente et promettre des présentations officielles bouillantes lors de la troisième édition de l’UFC Paris, où il aura dans son coin Eugene Bareman (son coach à Auckland) mais aussi Aldric Cassata (son coach à Nice lorsqu’il rentre en France). Opposé à l’Américain Bryan Battle, un défi tout sauf facile, Jousset va combattre à 20.000 kilomètres de chez lui. Mais tout de même chez lui. Bienvenue à la maison, Kévin.

Morgan Charrière: faire le show et repartir de l'avant

Deux combats à l’UFC. Pour deux bonus de 50.000 dollars. Enfin signé dans la plus grande organisation de MMA, un rêve qu’il a mis du temps à atteindre avec plusieurs obstacles sur la route, Morgan Charrière a été fidèle à sa réputation depuis ses débuts à l’UFC Paris 2023 en offrant deux performances spectaculaires. La première a souri, avec un KO tonitruant infligé à Manolo Zecchini à Paris sur de violents coups de pied au corps, mais la seconde a été frustrante avec une défaite sur décision partagée dans une grosse guerre contre Chepe Mariscal en avril à Las Vegas.

Remettre la marche avant passera par la capitale française. Où il devait d’abord affronter AJ Cunningham, finalement forfait, mais où il retrouvera finalement Gabriel Miranda. Le Brésilien est connu du public français: il était l’adversaire de Benoît Saint Denis en 2022 pour l’UFC Paris, quand le "God of War" était devenu à jamais le premier Français à combattre (et gagner) sur son sol pour l’organisation américaine pour une victoire par TKO au deuxième round. Sur le papier, l’opposition semble moins intéressante et compliquée que face à Cunningham. "The Last Pirate" est même le plus gros favori de tous les combattants tricolores sur la carte principale. Mais il faudra faire le boulot. Face à un tel adversaire, le troisième bonus en trois combats ne sera sans doute pas si loin si Charrière fait du Charrière.

Farès Ziam: se rapprocher fort du top 15

La salle sera derrière lui. Mais une partie va aussi encourager le combattant dans l’autre coin. Avec Matt Frevola comme adversaire, Farès Ziam fait presque face au dixième Français de cet UFC Paris. Mis KO par Benoît Saint Denis sur un inoubliable coup de pied à la tête au Madison Square Garden en novembre 2023 (UFC 295), l’Américain s’est depuis pris d’amour pour le public français, avec qui il échange régulièrement et de façon très drôle sur les réseaux sociaux. Au point de s’affubler d’un nouveau surnom, "Frenchrolla", dérivé de son "Steamrolla" originel. Frevola, qui avait un temps évoqué l’idée d’arriver sur du Charles Aznavour, a même prévu une "surprise" pour le public français lors de son entrée. Mais le garçon est surtout une superbe opportunité pour Ziam.

Privé de l’UFC Paris l’an dernier sur blessure, "Smile Killer" reste sur trois victoires de rang et pourrait s’approcher très près du top 15 des -70kg en cas de victoire sur l’Américain. Dont le style agressif pourrait lui permettre d’aller enfin chercher une victoire avant la limite à l’UFC, ce qu’il n’a pas réussi à obtenir depuis ses débuts dans l’organisation en septembre 2019. Avec cinq victoires et deux défaites, Ziam possède le même bilan à l’UFC que son compatriote Benoît Saint Denis. Mais le spectacle proposé par "BSD", dont toutes les victoires dans l’organisation ont été obtenues avant la limite, lui a permis d’être propulsé vers les hauteurs beaucoup plus vite. Ziam construit plus sa carrière à l’image de son caractère, sans faire de bruit mais efficace. Mais s’il continue d’empiler les victoires, les choses très sérieuses vont vite se présenter au Lyonnais.

Oumar Sy: confirmer un potentiel dingue

Un spécialiste du grappling-sol dans une catégorie (-93kg) qui en manque et qui est en plein renouvellement. Avant même son arrivée à l’UFC, Oumar Sy faisait fantasmer tout le MMA français avec son immense potentiel. Sa première dans l’organisation en mai dernier n’a fait que confirmer ces attentes. Opposé au Britannique George Tuco Tokkos après deux changements d’adversaire, le combattant français passé par l’organisation polonaise KSW (où il aurait pu disputer la ceinture mais a préféré privilégier un départ vers l’UFC) a mis moins d’un round pour l’étrangler et le soumettre.

Une arrivée en fanfare forcément remarquée dans sa catégorie, où le trône est occupé par l’ancien kickboxeur spécialiste du striking Alex Pereira. Et qui donne envie de voir la suite. Elle aura lieu à Paris, où il fera face à l’expérimenté Coréen Da Woon Jung, présent dans l’organisation reine du MMA depuis 2019 mais qui reste sur trois défaites de suite. Une opposition qui pourrait permettre à Sy de se rapprocher fort du top 15 en cas de belle performance. La suite? Elle devrait vite l’envoyer sur la route des meilleurs noms de sa catégorie. Pas grand consommateur de son sport, le Français avoue ne connaître "que les gars du top". Vu son talent, ces derniers et les autres vont vite apprendre son nom.

Taylor Lapilus: assurer son avenir à l’UFC

Son entrée dans l’Accor Arena pour son retour dans l’organisation restera l’un des moments forts de l’UFC Paris 2023. Sept ans après son départ de l’UFC à l’issue de son premier contrat malgré un bilan de 3-1, une décision toujours difficile à comprendre pour l’intéressé, Taylor Lapilus touchait enfin au but après des années à vagabonder entre différentes organisations à travers la planète et une frustrante annulation l’année précédente en raison d’une blessure. Et "Double Impact" en a profité à fond avec une marche vers l’octogone – sous le son I’m Coming Home de P Diddy et Skylar Grey, célèbre dans le milieu après avoir été utilisé par la superstar Jon Jones lors d’un retour de suspension – qui a fait mouche auprès du public suivie d’une victoire par décision unanime sur l’Irlandais Caolan Loughran.

Les mois suivants seront branchés sur courant alternatif: une défaite face au prospect afghan Farid Basharat dans la cage de l’UFC Apex de Las Vegas, après un combat où il ne s’est pas montré assez agressif, puis une nouvelle victoire sur décision unanime contre l’Américain Cody Stamann. De quoi mettre une certaine forme de pression avant le quatrième combat depuis son retour, le dernier de son contrat. L’UFC décidera-t-elle une nouvelle fois de ne pas le prolonger en cas de défaite? La situation n’est plus la même et le combattant-consultant télé pour RMC Sport représente aujourd’hui plus pour l’organisation que lors de son premier passage. Mais il vaudra mieux éviter la défaite. Le Français devra faire le boulot face à l’Américain Vince Morales, de retour à l’UFC après avoir été coupé il y a près de deux ans (cinq victoires sans défaite depuis), adversaire mis sur sa route sur le tard après le forfait du Brésilien Felipe Lima sur blessure.

Nora Cornolle: briller pour intégrer le top 15

Elle aurait déjà dû intégrer le top 15 des -61kg après son gros KO infligé à Melissa Mullins en avril. Mais le combat de Nora Cornolle avait eu lieu au-dessus de la limite de poids de sa catégorie après une demande de la Britannique et l’organisation n’avait pas récompensé sa victoire comme elle l’espérait. Cette fois, on pourrait y être. Avec tout de même une grosse frustration. L’ancienne spécialiste du muay thaï aurait dû affronter Germaine de Randamie, légende du pieds-poings, première championne des -66kg (catégorie aujourd’hui disparue chez les femmes) à l’UFC et actuelle treizième du classement. Une opportunité en or face à une combattante reconnue mais sur la fin de parcours.

Mais la Néerlandaise a déclaré forfait et "Wonder", qui lutte contre une thyroïdite et une endométriose qui n’aident pas sa pratique sportive et ses pertes de poids avant les combats, doit se rabattre sur Jacqueline Cavalcanti. Moins prestigieux mais l’histoire reste belle: la Française et la Portugaise ont débuté ensemble à l’UFC, l’an dernier à Paris, et le seconde a fait subir à la première sa seule défaite en carrière, pour son premier combat pro, en juillet 2021 dans une petite salle des Yvelines. Cornolle espérait une revanche quand les deux se rapprocheraient des sommets à l’UFC. Elle aura lieu avant, devant le bouillant public de l’Accor Arena. Parfait pour lancer la carte côté français.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport